Patricia Lahy-Engel, directrice de l’accélérateur TheHive : "Israël possède un vivier de compétences exceptionnel"
[:fr]Tel Aviv ne cesse de faire parler d’elle depuis quelques années. Classé second écosystème mondial le plus favorable pour entreprendre en 2012 par le classement Compass, la ville continue d’innover et de se réinventer. A Tel Aviv, le cœur de l’activité des start-ups se concentre sur le boulevard Rothschild, une des grandes artères de la ville ornées de sublimes bâtiments Bahaus. Actuellement, la “bulle” israélienne accueille environs 4 000 start-ups actives dans les nouvelles technologies pour 400 000 habitants, le plus important ratio au monde et la deuxième ville européenne à en avoir autant derrière Londres. D’ailleurs, avec un indice de croissance de 2.9 en 2015, elle est le troisième écosystème d’Europe le plus en expansion selon un autre rapport de Compass. Et ce n’est pas un hasard si Emmanuel Macron s’y est rendu à l’automne 2015 pour le salon de l’innovation. Il reconnaît avoir apprécié le goût du risque des entrepreneurs locaux qui s’explique probablement par la situation politique actuelle et la culture israélienne.
Ed Frank, CEO d’Axis Innovation, une entreprise mettant en lien les startups locales avec des investisseurs internationaux, explique : “Les israéliens ont tendance à avoir des avis sur tout, un peu comme les français, ils ont une idée de la façon dont les choses doivent être faites et cherchent toujours à faire quelque chose de nouveau ou à penser différemment. Cela contribue grandement au succès de l’écosystème.” Un écosystème qui cherche à retenir les talents locaux comme internationaux. Toutefois, la ville rencontre évidemment toujours un challenge de taille : réussir à attirer les entrepreneurs étrangers et à retenir les siens. Car si elle mise tout sur le cadre de vie agréable au bord de l’eau et l’effervescence locale dans le secteur de la technologie, les risques géopolitiques de la région en refroidissent encore beaucoup qui lui préfèrent la Silicon Valley.
Une histoire complexe qui se ressent dans les secteurs les plus prisés à Tel Aviv : la cybersécurité, le networking mais aussi le Big Data et le SaaS. L’Internet of Things et le Bitcoin devraient beaucoup se développer là-bas prochainement selon les spécialistes. Comme Ed Frank l’explique: “Israël est entouré de nombreux ennemis et nous avons en conséquence une cybersécurité très à jour, cela s’explique aussi grâce aux transferts de technologies depuis l’armée. Il y a aussi de nombreuses startups avancées dans le secteur du Big Data puisque l’armée a pour habitude d’analyser de très grandes quantités de données.”
Beaucoup de jeunes pousses se sont inspirées de technologies de pointe mise au point par l’armée du pays pour les exporter à d’autres applications. Patricia Lahy-Engel, directrice de l’accélérateur israélien TheHive, ajoute “Le rôle du service militaire est aussi important pour l’esprit entrepreneurial, à 18 ans les jeunes, hommes comme femmes, doivent le suivre et s’engager dans des missions responsabilitantes ou encore apprendre à gérer l’inattendu et improviser. Cela les met dans une perspective de prise d’initiative qui correspond très bien au lancement d’une startup.” Cependant, Tel Aviv reste encore très dépendante de la situation géopolitique de la région et on peut penser que sa pleine prospérité ne sera atteinte qu’en temps de paix.
La “start-up nation” attire les multinationationales des Tech
Pourtant, cela n’empêche pas les grands groupes de s’implanter sur le territoire et d’y voir toute sa richesse. Ainsi, de grands acteurs des Tech ont des centres de recherche à Tel Aviv, comme Apple, Facebook, Microsoft ou encore Google. Toutefois, ils n’hésitent pas à racheter des jeunes pousses locales, Ed Frank a d’ailleurs un avis sur la question: “Les israéliens ont le sens du marché, lorsqu’ils en ont l’occasion ils ont tendance à préférer vendre. Je pense que c’est une bonne chose en général même si c’est un peu triste que l’entreprise Waze ait été rachetée par Google pour un milliard de dollars (startup de navigation GPS sur application mobile). Waze aurait pu rester indépendant et ce n’était peut-être pas la meilleure chose à faire pour Israël. Mais on peut aussi se dire que maintenant les personnes qui ont lancé Waze vont initier d’autres startups et que c’est une effervescence positive qui va se mettre en place.”
Le marché local étant relativement limité, les start-ups israéliennes se développent très bien à l’international et ce aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. La majorité des produits et services sont directement commercialisés en anglais. Ed Frank explique: “Israël n’est pas le pays où il est le plus simple de s’installer. En tant que startup vous avez besoin d’une autorisation spéciale par exemple. Mais le gouvernement a mis en place un système d’aide de “landing pack” pour contrer cela et inciter des entrepreneurs internationaux à s’installer sur place.”
Quand on demande à Patricia Lahy-Engel son bilan des atouts et faiblesses d’Israël, elle répond : “Ici les choses bougent très vite, et cela a de bons et de mauvais côtés. A la fois la réactivité est élevée comparé à ce que je connais de France par exemple mais parfois cela va trop vite et nous savons moins planifier. Nous avons par contre un très bon vivier de compétences et un fort intérêt pour le secteur technologique. Mais nous devons améliorer notre vision à long terme et savoir passer de la phase de start-ups à celle de grands groupes.”
Auteur : Constance Guyon
Sources l’Atelier BNP Paribas Group et israelvalley.com[:en]About Israel, Patricia Engel replies: « Here things are moving very fast, and it has good and bad sides. Both the reactivity is high compared to what I know in France for example, but sometimes it goes too fast and we know less plan. We have very good against a pool of skills and a strong interest in the technology sector. But we need to improve our long-term vision and knowledge move from start-up phase to large groups.«
Full article in French
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