Pas aussi connue que le GIEC pour le climat, mais toute aussi importante, l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) a réuni 132 pays en France dont Israël, à l’Unesco du 29 avril au 4 mai 2019. Israël Science Info met un coup de projecteur sur les scientifiques et experts israéliens qui ont participé à cette réunion mondiale, sur place ou grâce à leurs travaux. 130 gouvernements ont approuvé samedi 4 mai un rapport scientifique à paraitre lundi, qui montre que l’agriculture, la pêche et le changement climatique sont en train de provoquer l’extinction d’un million d’espèces, et appelle à un remaniement radical de la société. Après une session plénière d’une semaine au siège de l’UNESCO, à Paris, la 7ème session de l’IPBES a publié ce lundi le résumé à l’intention des décideurs de son rapport d’évaluation mondial de l’état de la biodiversité. Cette première synthèse mondiale de l’IPBES était très attendue par les gouvernements, les ONG et les décideurs.
L’IPBES a pour objectif de fournir aux gouvernements, au secteur privé et à la société civile des évaluations scientifiques actualisées et crédibles et indépendantes des connaissances disponibles pour leur permettre de prendre des décisions éclairées aux niveaux local, régional et international.
4 chercheurs israéliens cités sur le site de l’IPBES :
Le Pr Bella S. Galil, scientifique émérite, doctorat de l’Université de Tel-Aviv, 1983 : mène des études sur la biologie marine axées sur la taxonomie et la biologie des crustacés décapodes ; elle étudie la dynamique et conservation de la biodiversité marine, les changements anthropiques de l’écologie macrobenthique dans les eaux côtières et profondes et les espèces envahissantes, elle est chercheuse principale à l’IOLR, recherche océanographique et limnologique (science des eaux stagnantes) en Israël, depuis 1990. Le Pr Galil est auteur de plus de 270 articles scientifiques, a coédité trois livres et fait partie du comité de rédaction de trois revues internationales. Bella Galil souligne : “entre autres, j’ai étudié les invasions biologiques d’espèces marines via le canal de Suez. Le transfert de millions de mètres cubes d’eau, en mettant en contact deux mers séparées depuis des centaines de millions d’années, a suscité les migrations massives de parasites ou de microbes, dont certains ont un potentiel invasif, soit par le canal, soit par l’eau de ballast des navires ou par les propagules transportées sous leur coque” (Galil et al. 2018). Bella Galil est invitée du Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris.
Le Dr Gil Eshel, (doctorat à l’Université Ben Gourion du Néguev), étudie l’érosion des sols dans une Unité de recherche pour le Ministère de l’agriculture et du développement rural : agriculture, services écosystémiques, sciences de l’environnement et de la durabilité. Indexer et améliorer la santé des sols est son domaine d’étude actuel. Ces dernières années, il a dirigé plusieurs projets de recherche multidisciplinaires : avantages des pratiques de conservation durable des sols, en agriculture et dans les vergers. “Ces projets montrent l’importance du paillage des sols (recouvrir le sol avec des matériaux d’origine végétale ou minérale pour limiter l’évaporation et la pousse des mauvaises herbes) pour réduire l’érosion des sols et le ruissellement, à la suite de pratiques agricoles inappropriées”, précise-t-il.
Ses domaines de recherche : biologie de la conservation, écologie comportementale, génétique des populations, biologie de l’évolution et biologie des systèmes. Il étudie l’adaptation des espèces végétales du désert du Néguev à des conditions abiotiques extrêmes (action du non-vivant sur le vivant) en combinant des approches moléculaires et écologiques. Pour cela, des plantes du désert du Néguev Crucifereae sont comparées à la plante modèle sensible au stress, Arabidopsis thaliana, dans diverses conditions, tant au niveau génétique (transcription et séquence) que métabolique. Il utilise le séquençage de nouvelle génération (NGS), la chromatographie en phase gazeuse – spectrométrie de masse (GCMS), des tests de criblage physiologiques et des outils bio-informatiques. Cette étude peut servir pour des recherches ultérieures sur l’amélioration génétique de la résilience des plantes cultivées en stress abiotique, en trouvant des gènes candidats stress-réponse sélectionnés naturellement parmi les plantes du désert du Néguev.
Simon Nemtzov est responsable des relations internationales pour l’autorité israélienne de la Nature et des Parcs (INPA) ; il est PDG de WEP- Wildlife Experts and Professionals ; il est écologiste de la faune sauvage et coordinateur des traités internationaux. L’INPA, sous l’égide du ministère israélien de l’Environnement, regroupe deux organismes créés en 1963 : l’Autorité des réserves naturelles et l’Autorité des parcs nationaux. Son objectif est de protéger les sites naturels et patrimoniaux, d’en prendre soin et d’éduquer le public à les protéger. L’INPA est responsable de plus de 200 réserves naturelles et de plus de 70 parcs nationaux en Israël.
Le Pr Uriel Safriel, président d’une chaire à l’Université Hébraïque de Jérusalem – Centre pour l’environnement, les conventions. Il est Professeur émérite en écologie à l’UHJ. Il est actuellement président du National Ecosystem Assessment et du Comité national israélien pour ‘homme et la biosphère. Il est ex-directeur de l’Institut Blaustein pour la recherche sur le désert de l’Université Ben Gourion, ex chief scientist de l’INPA, ex président du Comité de la science et de la technologie et coprésident de l’interface science-politique de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Il participera également à la conférence Partager les savoirs en Suisse les 7 et 8 juin 2019.
Esther Amar pour Israël Science Info