La gazelle des montagnes en voie de disparition, Gazella gazella, était autrefois répandue dans tout le Croissant fertile, dans certaines parties de l’actuel Israël, du Liban, de la Jordanie, de la Syrie, de la Turquie et de l’Irak. La plus grande partie de son ancienne aire de répartition chevauche des zones qui sont désormais densément peuplées. Des vestiges archéologiques indiquent également que les gazelles étaient la principale proie chassée par les humains tout au long du Pléistocène.
Jusqu’au 19ème siècle, la gazelle de montagne a prospéré malgré cette pression. Cependant, l’augmentation de la population humaine dans la région est passée de 5.7 à 66,5 millions d’habitants entre 1900 et 2016, l’utilisation accrue d’armes à feu et de véhicules hors route pour la chasse, ont conduit à l’extinction de la plupart des gazelles dans cette zone. Israël et l’Autorité palestinienne sont actuellement les derniers bastions de refuge pour la gazelle des montagnes et abritent environ 5000 individus.
Une nouvelle étude dirigée par le Pr Yoram Yom-Tov de l’Université de Tel-Aviv et le Dr Uri Roll de l’Université Ben Gourion du Néguev, en collaboration avec Amir Balaban, Ezra Hadad et Gilad Weil, examine la dynamique des gazelles de montagne en Israël à partir de début du 20e siècle et offre une perspective pour la conservation de l’espèce.
Au cours des années 1900, la population humaine d’Israël a augmenté régulièrement de 2% par an. La densité de population humaine est actuellement d’environ de 430 personnes par km2 et devrait continuer à augmenter. Cela présente un éventail de menaces pour la gazelle de montagne. Il s’agit notamment : du changement d’habitat, de la fragmentation et de l’isolement par les routes, les voies ferrées et les clôtures, la prédation par une population croissante de prédateurs naturels et de chiens sauvages, le braconnage et les collisions avec la circulation routière. Ces menaces s’additionnent souvent, amplifiant leurs effets.
Les chercheurs ont présenté un panorama des facteurs qui menaçaient et continuent de menacer la survie de cette espèce. Ils passent en revue les actions politiques et de gestion, à la fois mises en œuvre et nécessaires, pour assurer la persistance de la gazelle de montagne. De plus, ils analysent l’interaction des populations de gazelles dans le paysage, mettant en évidence des populations très fragmentées et suggérant des interventions potentielles. Pour améliorer l’interaction, ils suggèrent la construction de passages supérieurs ou inférieurs de route à des endroits stratégiques, le transfert d’individus si besoin et un meilleur suivi des goulets d’étranglement génétiques potentiels de la population à risque.
Réduire la prédation
Pour réduire les effets de la prédation, ils suggèrent de rétablir le contrôle des chiens sauvages et d’améliorer la gestion des déchets anthropiques. En outre, des efforts plus importants devraient être faits pour éliminer le braconnage des gazelles, sur les fronts législatif, répressif et éducatif.
La population humaine en Israël devrait doubler au cours des trente prochaines années, ce qui aura d’importantes répercussions sur de nombreuses espèces et écosystèmes locaux, dont certains sont d’importance mondiale. Des efforts devraient être faits au niveau national pour limiter cette croissance et arrêter de nouvelles conversions de terres des habitats naturels à d’autres usages.
La gazelle des montagnes se caractérise à la fois par une grande vulnérabilité aux pressions anthropiques et par un grand potentiel de reproduction. Alors que de plus en plus de régions sont converties en paysages dominés par l’homme, les pressions sur la faune continueront d’augmenter et les enseignements acquis grâce à l’observation de la gazelle des montagnes pourraient s’avérer utiles ailleurs.
Publication sur Oryx cambridge.org
Traduction/adaptation Esther Amar pour Israël Science Info