Jeremy Ben Shalom, coordinateur de l’énergie et des infrastructures à la SPNI Israël, Société de la protection de la nature en Israël, explique pourquoi il vaut mieux développer l’énergie solaire sur les toits (doud shemesh) plutôt que de construire des fermes solaires qui fragmentent l’habitat et perturbent la biodiversité. Israël Science Info avait publié un article sur le programme de déploiement de panneaux photovoltaïques sur les toits de 1,6 GW.
« Les programmes de conservation de la nature se transforment parfois en armes à double tranchant, les tentatives de gestion des systèmes naturels pouvant avoir des impacts négatifs imprévus. D’autre part, les écosystèmes qui ne sont pas gérés sont exposés à des interférences causées par l’homme et sont sujets aux catastrophes naturelles. Qu’il soit géré ou non, le dispositif déployé doit toujours minimiser l’impact négatif sur la nature.
Exerçant dans le développement durable depuis plus de 10 ans, je connais bien ce domaine, et j’ai appris que « peu importe ce que vous faites, vous perdrez« . J‘avais au début supposé que ce phénomène était directement lié à la complexité et à l’imprévisibilité des causes. A cause de la gestion des écosystèmes naturels, à ma grande surprise, je me suis retrouvé dans une impasse similaire lorsque j’ai travaillé à la promotion des énergies renouvelables en Israël.
Le gouvernement encourage les projets d’énergie renouvelable
En 2015, dans le cadre de l’Accord de Paris, Israël a annoncé son objectif de produire 10% de l’énergie du pays à partir de sources renouvelables telles que le solaire, l’éolien et le biogaz d’ici 2020, et d’atteindre 17% d’ici 2030. Ces chiffres sont bien en dessous des objectifs de l’OCDE : 20% d’énergie produite à partir de sources renouvelables d’ici 2020 et 27% d’ici 2030… et de nombreux pays vont bien au-delà. À l’heure actuelle, 3% seulement de l’énergie israélienne provient de sources renouvelables et le gouvernement encourage le déploiement de projets d’énergie renouvelable en croissance constante.
Dans ce but, le gouvernement a approuvé en janvier 2011 un plan directeur national appelé « TAMA 10″, qui permet à chaque entreprise à vocation agricole de convertir 250000 m² de terres agricoles en une ferme solaire. Bien que beaucoup considèrent cela comme une excellente initiative et comme un pas dans la bonne direction, je considère que cela représente une épée à double tranchant fort complexe.
Les fermes solaires, une épée à double tranchant
En tant que plus ancienne ONG de protection de la nature en Israël, la SPNI s’emploie à préserver les espaces ouverts, les habitats naturels, la biodiversité et la résilience des écosystèmes du pays. Nous pensons que la conversion de terres agricoles en une ferme solaire serait plus perturbante pour la nature que le simple maintien de pratiques agricoles.
Le principal problème lié à la mise en place de parcs solaires provient de la vaste clôture de la zone, qui empêche le passage de la faune, permet une fragmentation accrue de l’habitat et crée une interférence majeure avec l’écosystème.
En outre, notre expérience a montré qu’après la transformation des espaces libres ou des terres agricoles en une plate-forme d’activités économiques, il ne serait plus possible de revenir à l’agriculture. Enfin, nous pensons qu’il n’est pas écologiquement rationnel de renoncer aux espaces libres, une ressource rare dans l’un des pays les plus densément peuplés du monde, au profit de l’énergie solaire.
Promouvoir l’énergie solaire sur les toits
Dans une large mesure, ma mission à la SPNI consiste à promouvoir une solution gagnant-gagnant : la production d’énergie solaire sur les toits (doud shemesh). À cette fin, au cours de l’année écoulée, nous avons interpellé le gouvernement pour qu’il facilite la construction d’initiatives à plus petite échelle sur les toits solaires. Notre effort a récemment porté ses fruits, car l’Israel Electric Authority a publié de nouveaux quotas pour la production d’énergie solaire sur les toits, ce qui a pratiquement doublé les quotas existants et simplifié le processus d’installation en supprimant l’obligation de permis de construire et en accordant une exonération fiscale de 24 000 Shekels par an. C’est un grand pas en avant qui peut enfin augmenter la production d’énergie durable en Israël parallèlement à la conservation de la nature.
Afin de permettre à la population de bénéficier de ces nouvelles réglementations simplifiées et de l’augmentation des quotas, la SPNI a lancé une campagne visant à rendre ces informations accessibles. Nous recherchons actuellement des partenaires et des sympathisants susceptibles de contribuer à la réalisation d’un programme pilote à petite échelle pour démontrer l’efficacité d’un tel système sur les toits existants. »
Source SPNI Israel
Traduction et adaptation : Esther Amar pour Israël Science Info
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