Dans cet article le Dr David Harari, Président du Haut Conseil franco-israélien de la Science et de la Technologie, le père des Drones, décrit les caractéristiques de l’écosystème de l’innovation israélien.
L’Etat d’Israël est l’exemple de la nation où l’innovation technologique est devenue prioritaire et prépondérante à toute échelle et qui influence l’ensemble des secteurs d’activités du pays. C’est le pays qui compte le plus grand nombre de créations d’entreprises, d’ingénieurs et de scientifiques par rapport au nombre d’habitants. Plus de 50% de son exportation sont liées aux hautes technologies et plus de 10% de la population active travaille dans le secteur de la Haute Technologie.
Le pays compte plus de sociétés cotées sur le NASDAQ aux Etats-Unis, que toute l’Europe, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud et le Japon confondus. Les Israéliens se caractérisent par leur audace («chuzpah») dans le développement d’un projet et la création d’une entreprise. Le service militaire pour les filles et les garçons de 18 ans, forge une personnalité de responsabilité et d’initiative qui conduit grand nombre d’israéliens à être performants et à réussir.
L’absence de formalisme pour la hiérarchie en Israël développe un caractère qui est beaucoup plus innovant. Cet esprit tourné vers l’innovation se retrouve également dans le système éducatif. En Israël, tout est fait dès le lycée pour construire et transmettre une culture compatible avec la création d’entreprises. L’effort se poursuit au sein des universités avec des programmes d’entrepreneuriat accessibles aux étudiants durant leur cursus universitaire.
Ce dispositif pédagogique est très largement suivi par les entreprises israéliennes et étrangères. Google et EBay ont investi plus de 120 millions de dollars dans l’achat de start-ups créées par les étudiants au cours de ces programmes d’entrepreneuriat. Pour valoriser la recherche universitaire, Israël a mis en place des centres de transfert de technologies dont l’objectif est de transférer vers l’industrie, les technologies développées par les universités.
Des activités comme la vente de brevets ont rapporté plus de 400 millions de dollars au seul Weizmann Institute en 2013. En 1991, en raison de la réticence des investisseurs à financer des projets innovants à un stade de démarrage, Israël a mis en place un programme visant à développer et soutenir des « pépinières » ou « incubateurs » d’entreprises.
Ce programme s’est efforcé de créer un cadre financier pour soutenir la création d’une entreprise créée sur la base d’une innovation technologique. Le programme s’adresse aux technologies en phase de démarrage qui avaient présenté le plus grand risque pour les investisseurs.
En plus d’une assistance financière, l’incubateur offre divers services et des conseils en gestion. Le nouvel entrepreneur reçoit un soutien en conseil financier et juridique pour la commercialisation de son produit et surtout pour la recherche d’investisseurs potentiels.
Les incubateurs, au nombre de 26, se sont spécialisés dans des secteurs d’activités variés, comme les sciences de la vie, l’agriculture, l’électronique, les équipements médicaux ou les technologies de l’information.
Il existe aussi une quarantaine ‘d’accélérateurs’. Un accélérateur est identique à un incubateur, mais dure 6 mois au lieu de 24 mois. Son but est d’aider des étudiants et de jeunes entrepreneurs nouvellement installés dans le pays. Cela compense leur manque de connaissances et de relations nécessaires dans la société israélienne. Ils reçoivent un appui nécessaire dans les secteurs juridique, financier et commercial. Au début, comme l’investissement était basé sur des fonds publics, ces incubateurs étaient à but non lucratif. Ils appartenaient, en général, aux universités, aux centres de recherche ou aux collectivités locales. Comme le succès de plusieurs start-ups est devenu évident, les investisseurs privés ont commencé à investir dans ces incubateurs. Aujourd’hui, dans la plupart des cas, les investisseurs privés possèdent des incubateurs. Les investisseurs professionnels et expérimentés offrent un réseau de contacts et de l’expérience pour lever des fonds et trouver des marchés internationaux.
Le financement de l’État dans des incubateurs a augmenté de 6% par an entre 1991 et 2008. Au contraire, le financement privé a augmenté à un rythme beaucoup plus rapide. En 2008, le financement privé a atteint 2,509 milliards $ US, soit cinq fois plus que les 509 millions US $, investis par l’Etat.
L’Etat d’Israël présente plusieurs avantages aux investisseurs et aux industries multinationales au sein desquels nous pouvons souligner sa participation aux différents programmes de recherche européens (PCRD et EUREKA) et au CERN. Les Israéliens se caractérisent aussi par une volonté d’engager un véritable partenariat avec des industriels étrangers. Ils acceptent et développent le dialogue technologique et sont aptes à absorber tout savoir faire étranger sans être complexés par le syndrome du « Not Invented Here ».
Un programme d’échanges franco-israélien mettant en œuvre des incubateurs et des accélérateurs des deux pays est mis en place dans le but de promouvoir des échanges technologiques. France Clusters fédérant les pôles de compétitivité français pourraient créer des synergies entre les partenariats potentiels français et israéliens.
En conclusion, nous pourrions résumer les éléments soulignant en quoi l’Etat d’Israël peut être un exemple de pays d’innovation:
- la capacité des universités et des centres de recherche à former une main d’œuvre de qualité et à développer des technologies nouvelles.
- la culture israélienne pleine d’audace et n’ayant pas peur du risque de l’échec.
- la présence d’entreprises et de multinationales fournissant expertise et soutien économique.
- La disponibilité de capital-risque aidant les nouvelles idées.
Le Dr David Harari est membre de la CCIIF, Chambre de Commerce et d’Industrie Israël France présidée par le Dr Daniel Rouach.
Voir aussi Israël Science Info N°14 version papier.