Le 30 janv. 2017 par Israël Science Info desk
Combien coûte réellement votre steak ? C’est la question que se sont posés les Profs Ron Milo et Alon Shepon de l’Institut Weizmann, en collaboration avec le Pr Gideon Eshel du Bard College de New-York. Dans la pyramide de la biomasse, les végétaux se trouvent au rez-de-chaussée et sont les êtres vivants présents en plus grande quantité. Ils nourrissent les animaux présents à l’étage du dessus, comme le bétail. Cet étage nourrit lui-même les prédateurs, encore un étage au-dessus. L’idée selon laquelle consommer des éléments du haut de la pyramide de la biomasse (comme le bétail) n’est pas rentable en terme environnemental n’est pas nouvelle, mais elle est bien plus parlante appuyée de chiffres.
Alon Shepon and Prof. Ron Milo
Pour comparer les aliments, les chercheurs ont comparé leurs valeurs nutritionnelles (en termes de calories et de masse de protéines) à leurs coûts environnementaux (utilisation de terre pour le fourrage et le pâturage et gaz à effet de serre émis par l’élevage des animaux et par la production de nourriture destinée aux animaux). Les résultats, basés sur des données de la consommation et de l’élevage de bétails et de volailles aux Etats-Unis, montrent que pour 100 calories et 100 grammes de protéines utilisés pour nourrir du bétail, le consommateur récupère 3 calories et 3 grammes de protéines. L’efficacité de conversion énergétique est donc de seulement 3%. Pour la volaille, et en considérant les mêmes chiffres d’entrée, le consommateur retrouve 13 calories et 21 grammes de protéines en sortie, soit une efficacité de conversion énergétique atteignant 13%.
D’après les prédictions des chercheurs, si les Américains du Nord renonçaient à leur bifteck en faveur du poulet, il serait possible de nourrir 40% de personnes en plus, soit entre 120 et 140 millions de personnes. Si on ose pousser un peu plus loin ce petit jeu et imaginer nos amis d’outre-Atlantique attablés devant du soja, des lentilles et des levures, alors il deviendrait possible de nourrir 190 millions d’individus supplémentaires.
Changer drastiquement les habitudes alimentaires de la population du jour au lendemain est certes utopique, mais une prise de conscience et des modifications progressives pourraient à terme réduire l’épuisement des sols, l’émission de gaz à effet de serre et les excès de nitrates dus à l’utilisation d’engrais.
Rédacteur : Tirtsa Ackermann, VI chercheuse à l’Université Hébraïque de Jérusalem pour BVST
Sources :