Selon plusieurs études (The Lancet), près de 50% des décès dus au COVID-19 découlent d’infections bactériennes secondaires. La mupirocine, un antibiotique topique très efficace, a été reformulée par des chercheurs de l’Université Hébraïque de Jérusalem pour permettre une injection intraveineuse. Ils ont ainsi créé de nouvelles propriétés pour lutter contre les bactéries résistantes aux médicaments. « Ces chercheurs ont développé un antibiotique injectable avec un nouveau mode d’action qui pourrait avoir un impact significatif sur le taux de morbidité lors de pandémies telles que le COVID-19 ou face à l’antibiorésistance qui menace des millions de vies d’ici à 2050″, a annoncé Yissum, la société de transfert de technologie de l’UHJ.
Selon l’Organisation européenne AMR, 700000 personnes meurent chaque année d’infections résistantes aux antibiotiques, et si aucune amélioration significative n’est apportée, ce nombre passera à 10 millions d’ici 2050. Pour les patients des hôpitaux dont le système immunitaire est affaibli, comme ceux atteints du COVID-19, le danger est extrême. De plus, l’utilisation massive d’antibiotiques pendant cette pandémie devrait encore aggraver ce problème.
La résistance aux antibiotiques est l’une des principales menaces pour la santé mondiale, selon l’OMS et les CDC aux États-Unis. Le Pr Yechezkel (Chezy) Barenholz, chercheur en chef derrière l’étude, a déclaré : «La capacité de prendre un médicament existant et de modifier son fonctionnement peut avoir un impact significatif sur le problème de la résistance aux antibiotiques et des infections bactériennes secondaires liées au COVID-19 et peut ouvrir la voie à un nouveau schéma thérapeutique. Nous avons obtenu de très bons résultats à partir de modèles animaux et nous avons hâte de passer à des essais cliniques avec la nano-mupirocine (nano-liposomale de la mupirocine), car le potentiel de cette découverte est immense». Une étude de toxicité menée avec la nano-mupirocine a démontré un très bon profil de sécurité permettant des essais sur l’homme.
Intelligence artificielle et nanotechnologies
Ce traitement innovant, mis au point grâce à l’intelligence artificielle (IA), a été notamment développé par le Pr Barenholz, qui dirige le laboratoire de recherche sur les membranes et les liposomes de la Hadassah Medical School et le Dr Ahuva Cern en collaboration avec le Pr Amiram Goldblum, tous issus de la Faculté de médecine de l’UHJ. La recherche a reçu le soutien de l’Institut national de la santé.
«Notre étude montre comment les nano-liposomes ont permis la création d’un nouvel antibiotique injectable et comment nous avons surmonté les limites des antibiotiques existants en utilisant des approches de nano-technologie», a déclaré le Dr Cern. « Ce médicament, s’il est approuvé, améliore fondamentalement l’arsenal d’antibiotiques disponibles pour traiter les infections résistantes, y compris celles associées au COVID-19″.
Les chercheurs de l’Université Hébraïque de Jérusalem ont développé ce traitement dans le cadre d’une étude révolutionnaire menée avec leurs collègues allemands au Helmholtz Center for Infection Research (HZI).
Le Pr Barenholz, un expert de renommée mondiale dans le développement de médicaments à base de liposomes a également joué un rôle de premier plan dans le développement de Doxil, un médicament de chimiothérapie basé sur la nano-administration utilisé pour lutter contre le cancer grâce auquel Yissum, la société de transfert de technologie de l’UHJ, a commercialisé.
Publication dans Science direct 28 déc. 2019
Traduction/adaptation Esther Amar pour Israël Science Info
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