Ces quarante dernières années, l’obésité a plus que doublé dans le monde. Aux Etats-Unis, l’américain moyen pèse aujourd’hui 10kg de plus qu’il y a 40 ans. Des chercheurs de la faculté de médecine Baylor, Valery Belakhov et Timor Baasov du Technion (Israël), et de l’université de Washington étudient l’obésité « de l’intérieur ». Les chercheurs ont développé une nouvelle méthode qui a permis d’identifier le GABA (acide γ-aminobutyrique) comme un acteur clé du processus neuronal qui contrôle l’appétit et le métabolisme.
Le Dr Qi Wu, Professeur adjoint de pédiatrie au USDA/ARS Children’s Nutrition Research Center à la faculté Baylor et au Texas Children’s Hospital, a dirigé l’équipe durant plusieurs années afin de trouver de nouvelles méthodes pour une meilleure étude du fonctionnement du GABA dans le cerveau.
Le GABA est un messager chimique produit par les cellules cérébrales. Il se lie aux autres cellules par des récepteurs spécifiques et réduit l’activité des cellules. Les recherches ont montré l’implication du GABA dans les processus du complexe neuronal qui contrôle la peur et l’anxiété, mais également dans celui contrôlant l’appétit et le métabolisme. Cependant, il manque des preuves concrètes du rôle du GABA dans le contrôle du poids en partie faute d’une meilleure méthodologie pour contrôler précisément la production de GABA par les cellules cérébrales.
“Nous avons développé un nouveau système qui permet de stopper la synthèse du GABA chez l’animal adulte », détaille le Dr Wu. “Nous sommes capables de rendre les gènes impliqués silencieux dans la synthèse du GABA et plus particulièrement un ensemble de cellules localisées dans l’hypothalamus, la partie du cerveau qui contrôle l’appétit. En réponse à cette modification, les cellules nommées neurone AgRP (Agouti-related peptide) arrêtent de produire du GABA en moins de 4 jours. »
Le Pr Wu et ses collègues ont alors observé le changement de poids et le comportement de souris dépourvues de GABA dans la partie de leur cerveau contrôlant l’appétit. Les chercheurs ont étudié 2 groupes de souris : de jeunes souris de 2 mois et des souris plus âgées de 8 mois. Les plus jeunes souris dépourvues de GABA ont arrêté de se nourrir et ont perdu un poids considérable, ont augmenté leurs activités physiques et sont devenues intolérantes au glucose. Les souris les plus âgées ont seulement perdu temporairement l’appétit.
Les résultats de l’étude indiquent clairement que le GABA est un candidat potentiel à la conception de médicaments ciblés qui pourrait mener à un traitement participant au contrôle de l’appétit et du métabolisme. « Nous espérons que notre nouvelle méthodologie sera utilisée par d’autres laboratoires comme un outil précis pour rendre certains gènes silencieux » conclue le Pr Wu.
Publication dans PNAS
Source : news-medical.net et TechTalk