Le virus SARS-CoV-2 a infecté plus de 165 millions de personnes dans le monde, causant près de 3,5 millions de décès. Les récents efforts de vaccination sont freinés par de multiples variants du coronavirus qui remettent en cause les vaccins actuels. Alors que l’infection produit en général une maladie bénigne, chez certains patients, elle peut se transformer en un Covid-19 inflammatoire sévère nécessitant une intervention médicale.
Récemment, l’équipe du Pr Yaakov Nahmias de l’Université Hébraïque de Jérusalem (UHJ) a signalé que le nouveau coronavirus provoque une accumulation anormale de lipides, connus pour déclencher une inflammation sévère dans un processus appelé lipotoxicité (toxicité des lipides intracellulaires). L’an dernier, l’équipe avait identifié le médicament hypolipémiant TriCor (fénofibrate) comme un antiviral efficace, montrant qu’il réduisait à la fois les dommages aux cellules pulmonaires et bloquait la réplication du coronavirus en laboratoire. Ces résultats ont depuis été confirmés par plusieurs équipes de recherche internationales.
Une observation menée dans plusieurs centres cliniques en Israël a été présentée en octobre dernier, étayant les résultats originaux. L’équipe a ensuite lancé une étude clinique interventionnelle pour traiter les patients atteints de Covid-19 sévères au centre médical israélien Barzilai, avec le soutien des laboratoires Abbott.
Or, l’équipe de l’UHJ vient de présenter les résultats prometteurs d’une étude clinique interventionnelle ouverte lancée par un chercheur, dirigée par Yaakov Nahmias et coordonnée par le Pr Shlomo Maayan, chef de l’unité des maladies infectieuses à l’hôpital Barzilai. Dans cette étude ouverte à un seul bras, 15 patients Covid-19 hospitalisés sévèrement atteints de pneumonie nécessitant une assistance en oxygène ont été traités. En plus des soins standard, les patients ont reçu 145 mg/jour de TriCor (fénofibrate) pendant 10 jours et ont été surveillés en continu pour étudier la progression de la maladie. « Les résultats ont été époustouflants », a déclaré Yaakov Nahmias.
« Les marqueurs d’inflammation progressive, qui sont la marque de fabrique de la détérioration du COVID-19, ont chuté dans les 48 heures suivant le traitement. De plus, 14 des 15 patients sévères n’ont pas eu besoin d’une assistance en oxygène dans la semaine suivant le traitement, tandis que les archives historiques montrent que la grande majorité des patients sévères traités avec les soins standard nécessitent une longue assistance respiratoire », a-t-il ajouté. Ces résultats sont prometteurs car le TriCor a été approuvé par la FDA en 1975 pour une utilisation à long terme et il a un solide dossier de sécurité.
« Il n’y a pas de solution miracle », reconnait Yaakov Nahmias. « Mais le fénofibrate est bien plus sûr que les autres médicaments proposés à ce jour, et son mécanisme d’action est moins susceptible d’être spécifique à un variant. Tous les patients sont sortis moins d’une semaine après le début du traitement et sont sortis pour terminer le traitement de 10 jours à domicile, sans aucun événement indésirable lié au médicament signalé. De plus, moins de patients ont signalé des effets secondaires du COVID-19 lors de leur rendez-vous de suivi de 4 semaines », a ajouté Shlomo Maayan. Ces résultats préliminaires offrent la promesse d’alléger les fardeaux de santé substantiels subis par les patients qui survivent à la phase aiguë de COVID-19.
Les chercheurs ont souligné que même si les résultats étaient extrêmement prometteurs, seules des études randomisées contrôlées par placebo peuvent servir de base aux décisions cliniques. « Nous sommes entrés dans la deuxième phase de l’étude et recrutons activement des patients», a expliqué le Pr Nahmias, soulignant que deux études de phase 3 sont déjà en cours en Amérique du Sud, aux États-Unis (NCT04517396) et en Israël (NCT04661930).
Publication dans Research Square en cours d’examen par les pairs
Traduction/adaptation Esther Amar pour Israël Science Info