La chimiothérapie reste l’un des moyens de traitement les plus utilisés dans la lutte contre le cancer. Mais les cellules cancéreuses développent fréquemment des résistances qui rendent le traitement inefficace, obligeant à l’utilisation de traitements plus violents souvent nocifs pour le patient.
Un doctorant de l’Université Hébraïque de Jérusalem a réussi à isoler et maintenir la première cellule souche humaine haploïde. Cela ouvre de nouvelles possibilités et qui permet le développement d’un kit de détection de la résistance cellulaire à la chimiothérapie.
Mis à part nos gamètes (spermatozoïdes et ovules), l’ensemble de nos cellules sont diploïdes, c’est-à-dire qu’elles possèdent deux sets de chromosomes provenant de nos parents. Quel est l’intérêt scientifique de produire une cellule humaine haploïde ? Le fait de disposer d’un seul set de chromosomes humains facilite le travail des chercheurs d’un point de vue génétique, surtout si ces cellules sont des cellules souches.
Les cellules souches sont des cellules sans identité propre et sont capables de se différencier en tous les types cellulaires de l’organisme dont elles proviennent. Jusqu’à maintenant, les seules cellules souches haploïdes qui ont pu être isolées sont issues des mammifères non humains tels que la souris. Mais ces cellules ne sont pas capables de se différencier, ce qui réduit considérablement leur utilisation. Au cours de son doctorat, Ido Sagi, sous la direction du Prof. Nissim Benvenisty, a réussi à isoler et maintenir la première cellule souches humaine haploïde. Ces cellules ont pour particularité de se différencier en différent types de tissus tout en conservant leur statut de cellules haploïdes.
Mais à quoi ces cellules servent-elles concrètement ? Sur la base de ces recherches, Yissum, la société de transfert de technologies de l’Université Hébraïque de Jérusalem, a lancé la société NewStem, qui développe un kit de diagnostic pour prédire la résistance aux traitements de chimiothérapie. En amassant une large bibliothèque de cellules souches pluripotentes humaines avec différentes mutations et marques génétiques, les chercheurs sont capables d’évaluer l’effet d’un traitement au niveau physiologique. Mais si l’on possède deux set de chromosomes, comment réussir à obtenir la même mutation sur les deux paires de chromosomes ? C’est là qu’interviennent les cellules souches haploïdes pluripotentes (HPSC). Avec leur unique set de chromosome, il est plus simple d’évaluer l’effet des traitements sur les cellules.
Une bibliothèque unique et large de HPSC avec différentes mutations et maquillages génétiques permet à NewStem non seulement de développer des kits de diagnostic pour des médicaments personnalisés, mais aussi, à l’avenir, de développer des produits thérapeutiques.
Cette technologie a été présentée au stand Yissum à MIXiii Biomed 2017 (23 – 25 mai 2017) à Tel Aviv, en Israël.
Publication dans Nature, avril 2016
Auteur : Henri-Baptiste MARJAULT, doctorant à l’Université Hébraïque de Jérusalem, pour BVST
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