Le stockage et l’analyse des données permettent désormais de prévenir notamment des épidémies, des maladies … Muriel Touaty, directrice générale du Technion France évoque les enjeux du Big Data (traitement des données) qui seront au cœur de la journée de l’institut de recherche israélien, symbole de la « nation start-up », le 15 décembre prochain à Paris à la Maison de la Chimie.
DIALOGUES DES CONTINENTS : Comment s’articulera la rencontre du 15 décembre à la maison de la chimie ?
Muriel Touaty : Chaque année comme c’est le cas depuis 10 ans, nous organisons un événement qui s’inscrit dans l’actualité brûlante tant en France qu’en Israël, après le numérique et la médecine personnalisée les années précédentes, cette année l’événement portera sur le Big Data. Nous mettons en avant l’innovation, du laboratoire jusqu’à l’application industrielle et commerciale. Placée sous le haut patronage de la présidence de la République, la journée accueillera les meilleurs experts industriels, du business et de la recherche, pour débattre durant une journée de ces nouveaux défis majeurs. En tant que directrice générale du Technion France, je mise beaucoup sur la coopération stratégique bilatérale entre Israël et la France.
DdC : Quels sont les axes de développement du Big Data ?
Différents enjeux : les données prédictives, le stockage, comment obtenir une réduction des coûts et mieux les gérer, la protection de la vie personnelle et intime de chacun des citoyens, la relation entre les consommateurs et l’industrie. Le Big Data est devenu un enjeu technologique mais aussi un enjeu sociétal. J’ai souhaité faire porter la quatrième session de cette journée sur la confidentialité des données : comment mieux utiliser les moyens technologiques pour préserver la vie de tout un chacun.
DdC : Existe-t-il des garanties à la préservation de la vie privée ?
Il n’y a pas de garantie, vous n’en trouverez jamais, il y a des moyens technologiques qui peuvent « limiter les dégâts ». C’est simplement question de légalité et de déontologie.
DdC : Quelle place peut prendre le Big Data dans l’économie ?
Majeure. Le gouvernement français a d’ailleurs placé la question du Big Data au rang de ses priorités, des fonds vont être alloués au développement des programmes industriels pour renforcer les liens entre l’université et l’entreprise afin de pouvoir générer de l’innovation plus rapidement.
DdC : Pourriez-vous nous dire quelques mots à propos du Technion ?
Je dirige la représentation du Technion France, fer de lance de l’innovation à l’échelle mondiale, c’est une université, un centre de recherche, une école d’ingénieurs qui forme des étudiants en premier, deuxième et troisième cycle. Cette université pluri et interdisciplinaire couvre tous les champs les plus pointus de la recherche scientifique et technologique. Elle se compose de 40 instituts interdisciplinaires dans le domaine de l’énergie, de l’eau, mais c’est aussi une faculté de médecine.
DdC : Quelles sont les actions et les axes de coopération du Technion en France ?
Elles touchent à la coopération académique, notamment avec les écoles chapeautées par ParisTech ou Polytechnique. Nous avons un accord avec les universités d’Aix-Marseille, de Strasbourg et de Grenoble, avec l’Inserm, et avons mis au point un triptyque entre Paris XI, l’Inserm et le Technion, dans le domaine des maladies respiratoires avec un nano capteur appelé « NanoNose » qui est comme un alcotest qui permet en soufflant de détecter si l’on est atteint de tumeurs cancéreuses. Nous avons d’autres accords, avec des entreprises comme Havas Media, dans le domaine du « connecting media », avec Total dans l’énergie, avec Veolia, dans l’eau, avec les laboratoires Sanofi, Servier, ce sont des accords de recherche et de développement.
DdC : Quelles sont vos principales innovations ?
Le Technion est une université d’excellence, qui se positionne dans la valorisation et le transfert de technologie. Un certain nombre de success stories sont à l’actif du Technion dans le domaine de la pharmacie et de la médecine tant avec un médicament anti-parkinsonien qu’avec le Rewalk qui aide à faire remarcher les paraplégiques, ou encore avec le robot Spinasis qui aide les chirurgiens pour des opérations très sensibles de la moelle épinière. 35% de nos étudiants sur 13 000 sont internationaux, avec beaucoup d’étudiants israéliens arabes avec lesquels nous travaillons dans un environnement serein.