Une nouvelle étude menée sous la direction des Profs Daniela Jakubowicz et Julio Wainstein de la Faculté de médecine de l’Université de Tel-Aviv, avec la participation du Pr Oren Froy de l’Université hébraïque et le Prof. Ben Aaron de l’Université de Lund en Suède révèle que les diabétiques de type 2 qui sautent le petit déjeuner souffrent de pics de glycémie dangereux pendant toute la journée. L’étude a été menée en collaboration avec le Centre pour le diabète de l’Hôpital Wolfson. « De nombreuses études en Israël et dans le monde ont déjà montré l’importance du petit déjeuner pour la santé, mais jusqu’à ce jour personne n’en avait examiné l’effet sur la population des diabétiques en particulier » explique le Pr Jakubowicz. « Dans cette nouvelle étude, nous avons décidé d’examiner l’importance du petit-déjeuner pour les patients souffrant de diabète de type 2, c’est-à-dire d’hyperglycémie chronique, par opposition au diabète de type 1, ou diabète juvénile, maladie auto-immune » explique le Dr Jakubowicz.
Un taux de glycémie élevé pendant toute la journée
L’étude a été menée sur deux jours sur 22 diabétiques de type 2 d’un âge moyen de 56 ans, avec un IMC moyen (indice de masse corporelle, qui mesure le rapport entre le poids et la taille) de 28,2 (léger surpoids). Le premier jour, les participants ont bénéficié d’un petit déjeuner nutritif ; le deuxième jour, ils ont jeûné jusqu’au déjeuner. Les autres repas, déjeuner et dîner sont restés les mêmes pendant les deux jours, et comprenaient un menu équilibré composé de laitages, de thon, de pain et d’une barre de granola. Après chaque repas les niveaux de glucose ainsi que différents autres marqueurs ont été vérifiés chez les participants au moyen de prises de sang.
Pr Daniela Jakubowicz
« Les résultats nous ont surpris par leur gravité » commente le Pr Jakubowicz. « Tout au long de la journée au cours de laquelle les patient avaient sauté le petit déjeuner, on a mesuré chez eux des niveaux beaucoup plus élevés de glucose et d’hémoglobine A1C (hémoglobine glyquée) que pendant la journée où ils avaient consommé un petit déjeuner ». Par exemple, on a mesuré un taux moyen de glucose de 268 milligrammes par décilitre (mg / dL) après le déjeuner le jour sans petit déjeuner, et de 192 seulement après le même déjeuner, servi quelques heures après le petit déjeuner.
Les chercheurs expliquent ce phénomène par le fait qu’en absence de petit-déjeuner, les cellules bêta du pancréas, qui produisent l’insuline, auraient le temps d’«oublier» leur rôle essentiel en attendant le déjeuner. Bien qu’elles récupèrent après le déjeuner, il s’agit d’un processus long et progressif. Pendant ce temps, la réponse à l’insuline est minime et retardée, et donc les niveaux de glucose dans le sang restent élevés tout au long de la journée. En outre, le niveau des acides gras dans le sang augmente en raison du jeûne du matin, et à leur tour, réduisent l’efficacité de l’insuline en abaissant le taux de glucose dans le sang.
« Les conclusions de notre études signifient qu’il n’est pas suffisant pour les personnes atteintes de diabète de type 2 d’observer des repas du midi et du soir équilibrés, ils doivent également commencer la journée par un petit déjeuner nutritif« , conclut le Pr Jakubowicz. « Sans petit déjeuner leur taux de glycémie reste élevé pendant toute la journée, même si les quantités de sucres et d’amidons sont réduits de manière significative pendant les autres repas. »
Les chercheurs prévoient à présent de réaliser une étude similaire sur des patients diabétiques de type 1 traités à l’insuline.
Publication dans la revue Diabetes Care, 17 juin 2015
Dr Sivan Cohen-Wisenfeld pour l’association des Amis de l’université de Tel Aviv, rédactrice de recherche, membre du comité scientifique de Israël Science Info