Une conférence intitulée « Les mystères de la créativité artistique » s’est tenue le 20 avril dernier à l’université de Genève. Les orateurs étaient Metin Arditi et Idan Segev. Que peuvent dire les neurosciences sur les mécanismes de la création artistique ? Comment expliquer le processus créatif ? Qu’est-ce qui fait que soudain, l’écrivain imagine telle histoire, que le poète choisit tel mot, que le physicien pense à tel modèle ? Dans l’imaginaire commun, l’art est assimilé à un don. On peut se demander quels sont les mécanismes mis en œuvre par le cerveau lorsque l’artiste crée. Mais peut-on véritablement expliquer les processus de création par les neurosciences ?
Idan Segev (Université Hébraïque de Jérusalem, Israël) est responsable de l’équipe de recherche israélienne affiliée au Human Brain Project. Il étudie plus particulièrement la manière dont les neurones s’adaptent aux changements environnementaux permanents. Metin Arditi est écrivain. Originaire de Turquie et résidant à Genève, il est envoyé spécial de l’Unesco et soutient de nombreuses activités culturelles. Avec Elias Sanbar il a créé la Fondation des instruments de la paix, qui œuvre pour l’éducation musicale entre la Cisjordanie/Gaza et Israël, et la troisième Fondation Arditi pour le dialogue interculturel a été fondée ensuite dans le domaine de la littérature avec le lancement d’un concours de nouvelles en 2014, entre étudiants israéliens juifs et israéliens arabes, concours auquel les universités israéliennes sont associées (Le Point).
Le débat était modéré par Stephan Eliez, professeur au Département de psychiatrie de l’Université de Genève.
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Mise à disposition de 6 plates-formes informatiques du HBP pour la communauté scientifique
24heures.ch Deux ans et demi après son lancement, le Human Brain Project (HBP) a ouvert un nouveau chapitre de son histoire. Réunis en mars dernier au Campus Biotech de Genève, les responsables de ce projet pharaonique – soutenu par la Commission européenne à hauteur d’un milliard de francs sur dix ans – ont annoncé la mise à disposition de six plates-formes informatiques à l’intention des utilisateurs extérieurs. «La publication de ces outils marque la fin de la phase de lancement de l’HBP, s’est félicité Francesco Pavone, de l’European Laboratory for Non-linear Spectroscopy de l’Université de Florence. Nous entrons désormais dans la phase opérationnelle.» Les infrastructures dévoilées sont constituées de prototypes matériels (des superordinateurs), d’outils logiciels, de bases de données et d’interfaces de programmation. «Nous invitons les scientifiques du monde entier à venir utiliser ces outils collaboratifs, précise Katrin Amunts, du Jülich Research Centre, en Allemagne. De mon point de vue, les chercheurs vont tirer beaucoup de bénéfices de ces infrastructures et, je l’espère, apporter de nouvelles connaissances afin de parvenir à une meilleure compréhension du cerveau.»
Concrètement, les plates-formes en question tournent autour des neurosciences, de la médecine et de l’informatique. Via le portail Web HBP Collaboratory, les scientifiques du monde entier sont invités à venir déposer leurs résultats afin d’enrichir les bases de données du cerveau virtuel, mais aussi à utiliser les informations déjà présentes pour créer de nouvelles connaissances. «Les retours des utilisateurs vont nous permettre d’améliorer les plates-formes et de les développer», poursuit Francesco Pavone.
Objectif ultime de cette agrégation de données: créer un cerveau virtuel, qu’il sera possible de stimuler pour, par exemple, tester des hypothèses sur le fonctionnement de nos neurones ou expérimenter l’effet de candidats médicaments. «Nous disposons d’un catalogue de pathologies du cerveau, explique Richard Frackowiak, codirecteur du Human Brain Project. Mais en fonction des patients, les symptômes diffèrent, les manifestations ne sont pas linéaires. En rapprochant des données disparates, venant de malades du monde entier, nous espérons découvrir de meilleures cibles thérapeutiques.» Une phase du projet qui semble encore bien lointaine: «Le CERN existe depuis 1954. Il a permis des découvertes formidables. Mais tous les mystères de la matière n’ont pas encore été percés, rappelle Karlheinz Meier, professeur à l’Université d’Heidelberg. Or, le cerveau possède une complexité comparable à celle de la matière. A l’image des accélérateurs du CERN, le HBP est donc une plate-forme construite pour durer.»