L’âge immunitaire est le facteur déterminant de la santé future et de la réponse à la maladie et au traitement, décrit une équipe de scientifiques de Technion (Institut de technologie d’Israël), de Stanford et de CytoReason, start-up spécialisée dans les immunothérapies.
Il serait possible de quantifier de manière fiable l’âge immunitaire d’un individu. Un changement considérable de paradigme pour le développement de médicaments et de vaccins et plus généralement pour la pratique médicale.
Ces nouvelles données décrivent pour la première fois un moyen de quantifier de manière fiable l’âge immunitaire, et cette mesure fournit un prédicteur beaucoup plus fiable que toute autre méthode de la santé future d’un patient donné. Car le système immunitaire, un système complexe comportant des centaines de types de cellules différents est la fonction essentielle dans le corps qui régule la santé. Jusqu’à présent, il n’existait aucune métrique permettant de quantifier le statut immunitaire d’un individu. Ces nouvelles données révolutionnaires, bien que nécessitant des développements ultérieurs, décrivent une métrique (appelée IMM-AGE) grâce à laquelle il est possible de comprendre et d’estimer avec précision le statut immunitaire d’un individu, et donc de prévoir et de gérer ses risques de maladies et de décès.
Un modèle d’évolution immunitaire avec l’âge développé par le machine learning
Les chercheurs ont développé cette métrique en suivant durant 9 ans un groupe de 135 volontaires sains et en prélevant chaque année des échantillons de sang profilés selon diverses technologies dites « omiques ». Les changements « capturés », associés au système immunitaire au fil du temps ont été analysés à l’aide de toute une gamme de nouvelles technologies d’apprentissage automatique alignées sur le système immunitaire. A partir de là, l’équipe a pu identifier des modèles de changements de sous-ensembles de cellules. Ces données ont enfin été validées sur une cohorte de plus de 2000 participants à la Framingham Heart Study.
Nouvelle métrique majeure pour le développement de médicaments
Etant donné l’importance du statut immunitaire dans la réponse vaccinale, relèvent les chercheurs, ces nouvelles données pourraient jouer un rôle clé dans la conception des futurs essais cliniques de vaccins ainsi que dans la réévaluation des essais de vaccins antérieurs. L’âge chronologique, pris aujourd’hui en compte dans les essais cliniques, devrait être complété par « l’âge immunitaire » afin de partir sur de meilleurs critères d’inclusion ou d’exclusion des participants aux essais et pour obtenir des conclusions plus homogènes.
Une étape clé vers la mise au point de mesures utiles de la santé immunologique, qui va permettre de mieux identifier les risques liés à chaque maladie, souligne l’auteur principal, le Pr Mark M. Davis, directeur de l’Institut de Stanford pour l’immunité, la transplantation et les infections.
L’âge immunitaire est une horloge biologique qui aidera à identifier, chez chacun d’entre nous, le déclin et les progrès de l’immunité qui surviennent et vont survenir avec l’âge, dans le but de mettre en œuvre des mesures préventives, de mieux traiter en cas de maladie et, globalement, de réduire le risque de maladies chroniques et de décès.
CytoReason, start-up co-créée par le Technion et Stanford en 2016, suite à une décennie de recherche communes entre Stanford et le Technion. Aujourd’hui, nous sommes le plus grand groupe d’immunologie systémique au monde et en croissance rapide. Nous sommes actuellement 26 personnes, dont la plupart sont titulaires d’un doctorat et possèdent une vaste expérience des domaines de l’industrie pharmaceutique et de la biotechnologie, et nous espérons doubler ce nombre au cours de la prochaine année. Depuis notre création, nous générons des revenus et entretenons des relations commerciales continues avec 3 des 10 plus grandes sociétés pharmaceutiques du monde, ainsi qu’avec des instituts de recherche de premier plan.
CytoReason est dirigée par David Harel, Orit Shaked, le Pr Shai Shen-Orr, et Yair Benita.
Publication dans Nature 6 mars 2019