Le bonheur peut conduire à une meilleure santé, mais peut-il aider à vivre plus longtemps ? Pour y répondre, les chercheurs de l’Université Hébraïque de Jérusalem (UHJ) ont mené dans une étude au long cours démarrée dans les années 1990. Ils ont examiné l’impact de l’optimisme sur la longévité et ont constaté que le maintien d’une attitude positive peut prolonger directement la vie. Le Pr Jochanan Stessman, directeur de l’Institut du vieillissement de l’UHJ, a dirigé l’étude, avec le pr Jeremy Jacobs de l’UHJ et le Dr Yoram Maaravi. Les données sont basées sur «l’étude au long cours de Jérusalem» de l’UHJ.
L’étude a suivi 1200 habitants de Jérusalem âgés nés en 1920 ou 1921 et a analysé leur santé, leur mobilité, leur bien-être économique, leurs compétences sociales, leur niveau d’anxiété et leur optimisme. L’optimisme a été mesuré par des questions sur les expériences positives des participants et leurs attentes pour l’avenir. «Nos résultats indiquent que l’optimisme a un impact sur la longévité, alors que d’autres études ont montré qu’il améliore les fonctions liées à la santé, telles que notre système immunitaire, réduit les facteurs de risque d’hypertension artérielle et de problèmes cardiaques, et peut-être même le cancer», a déclaré Yoram Maaravi.
Une étude américaine en 2016
A noter : une précédente étude menée par des chercheurs de l’université du Michigan aux Etats-Unis, considérée à l’époque comme la première à s’être intéressée au lien entre optimisme et santé mentale chez les seniors, avait montré que « l’optimisme pourrait être une cible originale et prometteuse des stratégies de prévention et d’intervention visant à améliorer la santé cognitive. Une attitude positive lorsqu’on envisage l’avenir permettrait de diminuer la dégradation de la mémoire et du jugement ». Les scientifiques s’étaient basés sur les données d’un sondage national prenant en compte 4627 participants suivis pendant 4 ans. Les chercheurs israéliens ont mené leur étude sur une période bien plus longue.
Etude des dossiers médicaux
En plus des entretiens individuels, les chercheurs de l’UHJ ont examiné les dossiers médicaux et, plus tard, de décès des participants et ils ont pris en compte des paramètres tels que le sexe, la situation économique, la situation matrimoniale et parentale, les niveaux d’instruction, l’activité physique et sociale… Une fois en possession de toutes ces données, l’équipe a déterminé qu’il y avait une corrélation entre une attitude positive et une vie plus longue, et a trouvé des preuves évidentes que les participants âgés (85 – 90 ans) avec un score d’optimisme élevé avaient un taux de longévité de 20% plus élevé comparé à ceux qui étaient moins optimistes.
Ce nombre est passé à 25% pour la tranche d’âge des 90 ans et plus. L’étude a également révélé que les hommes, en général, étaient plus optimistes que les femmes. Dans les pays dont la population est nombreuse et vieillissante, il est essentiel de mieux comprendre les facteurs qui contribuent à une vie longue et saine. « L’optimisme ne doit pas être considéré comme un trait de caractère inné, mais que nous pouvons développer. Il est important de réfléchir aux moyens d’accroître l’optimisme, car plus que jamais, cela peut aider les gens à toutes les étapes de leur vie », recommande le Dr Maaravi.
Publication dans The Journals of Gerontology, 20 février 2021