D’après une étude du Dr. Anat Mirelman de la Faculté de Médecine de l’Université de Tel-Aviv, en collaboration avec des équipes de recherche de l’hôpital Sourasky de Tel-Aviv et de l’Université Newcastle au Royaume-Uni, une intervention thérapeutique combinant un entrainement sur tapis roulant et une technologie de réalité virtuelle pourrait aider à diminuer les risques de chute chez les personnes âgées ou les patients atteints de la maladie de Parkinson et autres troubles affectant les facultés motrices et cognitives. D’après les chercheurs, la méthode, qui intègre les aspects physiques et cognitifs impliqués dans la marche, pourrait être utilisé dans les gymnases, les centres de réadaptation ou les maisons de soins infirmiers.
Des chercheurs de l’Université Rabout aux Pays-Bas et de l’Université de Gênes en Italie ont également participé à cette étude.
Les chutes représentent une cause majeure de morbidité et de mortalité chez les personnes âgées de plus de 65 ans. 30% d’entre elles, et près de 60 à 80% de celles atteintes de déficience cognitive légère, de démence ou de la maladie de Parkinson, tombent au moins une fois par an. Les chutes peuvent causer des blessures, la perte de l’indépendance, des handicaps, une hospitalisation en institution spécialisée, et même la mort. Même sans blessures, elles ont souvent pour conséquence la peur de tomber voire même de sortir de la maison et conduisent souvent à la dépression, entrainant à son tour l’inactivité, la faiblesse musculaire, les troubles de l’équilibre et de la marche, et donc davantage de chutes et d’isolement social.
Dans le cadre de la présente étude, les chercheurs ont analysé les données de 282 participants provenant de cinq sites cliniques entre 2013 et 2015, en Belgique, Israël, Italie, aux Pays-Bas, et au Royaume-Uni. Tous étaient âgés de 60 à 90 ans, étaient capables de marcher au moins 5 minutes sans aide, médicamentés de manière stable et avaient signalé au moins 2 chutes dans les 6 mois avant le début de l’étude. Près de la moitié des participants étaient atteints de la maladie de Parkinson, et 43 souffraient d’une déficience cognitive légère.
Une amélioration de 42%
Les participants ont été divisés en deux groupes: la moitié ont suivi un entrainement sur tapis roulant intégrant une composante de réalité virtuelle, l’autre sur tapis roulant uniquement. Le dispositif de réalité virtuelle consistait en une caméra qui captait le mouvement des pieds des participants et le projetait sur un écran en face du tapis de course, de sorte qu’ils pouvaient «voir» leurs pieds sur l’écran en temps réel. Le jeu de simulation a été conçu pour représenter les défis de la vie réelle qui se présentent aux personnes âgées, comme éviter et enjamber des obstacles – flaques d’eau ou autres – et se déplacer sur les trottoirs.
En moyenne, les participants de chaque groupe ont suivi 16 séances de formation sur six semaines, chacune d’une durée d’environ 45 minutes. Avant la formation, les participants présentaient un taux moyen de chute de 11% sur six mois. Le même taux vérifié pendant les six mois qui ont suivi après la formation a diminué dans les deux groupes, mais la diminution n’a été significative que dans le groupe où l’entrainement était combiné à l’expérience de réalité virtuelle ( 42 % de réduction).
Dr Anat Mirelman, faculté de Médecine, Université de Tel-Aviv
« Les chutes chez les personnes âgées se produisent souvent à cause du trébuchage et de la mauvaise négociation des obstacles pendant la marche » explique le Dr. Mirelman. « Une chute marque souvent le début d’un cercle vicieux, qui a de nombreuses conséquences négatives importantes sur le plan de la santé. La capacité des personnes âgées à gérer les obstacles peut être compromise en raison du déclin lié à l’âge des capacités cognitives comme la planification motrice, la division de l’attention, le contrôle de l’exécution des mouvements et le jugement. Mais les interventions actuelles se concentrent généralement sur l’amélioration de la force musculaire, l’équilibre et la façon de marcher. Notre approche combine l’exercice sur tapis roulant et la réalité virtuelle pour aider à améliorer à la fois la mobilité physique et les aspects cognitifs importants pour la marche. Nous avons constaté qu’elle contribue à réduire la fréquence des chutes pendant au moins six mois après l’entraînement« .
Un programme de prévention ?
La plus grande amélioration a été observée chez les participants atteints de la maladie de Parkinson, probablement, pensent les auteurs parce que le taux de chute était plus élevé chez eux au départ, ou que la réalité virtuelle a été en mesure d’aider à améliorer les compétences cognitives et motrices affectées par cette maladie. Cependant, ils soulignent que l’étude n’a pas été prévue pour mesurer les différences entre les sous-groupes, et que d’autres recherches seront nécessaires pour vérifier ces explications.
Les auteurs mettent également en garde sur le fait que la période de suivi des patients après l’expérience était de six mois seulement, de sorte que d’autres études seront nécessaires pour vérifier l’effet à long terme. D’autre part, bien qu’il s’agisse de la plus grande étude du genre réalisée à ce jour, le nombre de participants était restreint.
« Les tapis roulants sont largement disponibles, et le coût supplémentaire d’ajout du dispositif virtuel est d’environ 4000 euros par set » souligne le Dr. Mirelman. « Le suivi personnalisé que nous avons mené lors de l’expérience ne sera pas forcément nécessaire dans la pratique quotidienne. D’autres études devront examiner si la méthode peut être utilisée dans le cadre d’un programme de prévention pour traiter le risque de chute avant qu’elles ne se produisent et provoquent des blessures ».
Publication dans The Lancet, 11 août 2016
Auteur : Sivan Cohen-Wiesenfeld, PhD Rédactrice en chef de la newsletter Université de Tel-Aviv/AFAUTA