Selon une étude du Dr. Laura Rosen de l’École de Santé publique et de la Faculté de Médecine de l’Université de Tel-Aviv en Israël, les parents fumeurs s’appuient à tort sur leurs propres sens pour évaluer la présence de fumée de cigarette dans l’air, et donc protègent mal leurs enfants des effets de la fumée secondaire. « Cette confiance dans leurs propres perceptions sensorielles conduit à des idées fausses sur les moments et les endroits où les enfants sont exposés à la fumée du tabac. Personne n’a jamais mis le doigt sur ce problème de perception de l’exposition, mais il est important pour les débats en cours sur les restrictions du tabagisme dans les lieux publics, car les gens peuvent être exposés sans le savoir », explique le Dr. Rosen.
L’équipe de recherche a mené des entrevues en profondeur auprès de 65 parents de jeunes enfants de ménages fumeurs en Israël. Ils ont découvert beaucoup de fausses conjectures et un manque de conscience des lieux et des moments où les enfants sont exposés à la fumée de cigarette. Comparant ces malentendus et conceptions erronées aux résultats d’études scientifiques récentes, ils ont conclus que les enfants étaient mal protégés.
Malentendus et conceptions erronées
« Beaucoup de parents pensent prendre des mesures adéquates pour protéger leurs enfants contre les dommages causés par la fumée de cigarette, mais nous avons constaté qu’ils sont en partie inconscients de leur exposition et ne prennent donc pas de mesures suffisantes pour les protéger ».
Selon les chercheurs, les parents présumaient notamment que s’ils ne voyaient pas ou ne sentaient pas la fumée, leurs enfants ne seraient pas exposés. « Mais des études antérieures ont montré que 85% de la fumée est invisible, et que nombreux des composants de la fumée de cigarette sont inodores. De plus, vous ne pouvez pas compter sur l’odorat d’un fumeur, qui peut avoir été endommagé par le tabagisme », explique le Dr. Rosen.
Dr. Laura Rosen, École de Santé publique
et Faculté de Médecine de l’Université de Tel-Aviv
D’autres parents interrogés pensaient que s’ils fumaient près d’une fenêtre ouverte, sur le balcon ou dans une zone désignée à cet effet, ou bien ventilaient la pièce après avoir fumé, leurs enfants ne seraient pas exposés à la fumée. « Mais les tests d’urine des enfants dont les parents fument près de fenêtres ouvertes indiquent le double du niveau normal de cotinine, un produit de la nicotine », précise le Dr. Rosen.
Certains parents croyaient également que fumer dans la voiture avec les fenêtres ouvertes ne nuirait pas à leurs enfants. « Cependant le niveau de particules nocives dans la voiture d’un fumeur peut être encore plus élevé que dans les bars où les clients fument librement », explique le Dr. Rosen. Les recherches ont montré que les enfants exposés à une seule cigarette en voiture ont vu leurs biomarqueurs augmenter 24 heures après l’exposition, et par ailleurs qu’une exposition prolongée à de faibles niveaux de fumée de tabac peut s’accumuler avec le temps et causer des dommages permanents aux poumons et aux systèmes cardiovasculaires en développement des enfants.
« Pour protéger les enfants contre la fumée secondaire, les parents doivent être convaincus que l’exposition se produit même lorsqu’ils ne voient ni ne sentent la fumée eux-mêmes. La conscience des parents de l’exposition à la fumée est essentielle pour protéger les enfants contre la fumée secondaire », conclut le Dr. Rosen
Sivan Cohen-Wiesenfeld, PhD, Rédac’chef de la newsletter Université de Tel-Aviv/AFAUTA
Publication dans Nicotine and Tobacco Research