Des chercheurs de l’Institut Weizmann ont mis en évidence que les bactéries Salmonella, à l’origine d’infections potentiellement mortelles, seraient capables d’utiliser les systèmes de défense du corps humain pour devenir plus virulentes. A l’origine de symptômes d’intoxication alimentaire lorsqu’elles pénètrent dans l’intestin, les bactéries Salmonella peuvent également provoquer une maladie potentiellement mortelle si elles se retrouvent dans la circulation sanguine, puis dans d’autres organes. Dans ce cas, les macrophages (cellules du système immunitaire) sont sollicités pour ingérer et détruire ces bactéries. Cependant, ces bactéries réussissent parfois à résister voire à se développer au sein des macrophages.
Des chercheurs de l’Institut Weizmann ont analysé les changements opérant au sein des macrophages exposés à Salmonella. Ils ont alors observé une modification du métabolisme des macrophages qui, une fois bloquée, entrainait une diminution de la virulence bactérienne. Les bactéries seraient donc capables d’utiliser à leur avantage ces changements métaboliques. La suite de l’étude a permis d’identifier le métabolite impliqué dans ce phénomène : le succinate, molécule de signalisation qui favorise l’activation du système immunitaire humain et la production de molécules toxiques pouvant tuer les bactéries. Cette étude met en évidence que Salmonella, au cours de son évolution, a appris à devenir davantage virulente en présence de succinate. Ce dernier serait capable d’activer certains gènes de Salmonella, permettant à cette dernière de détruire le compartiment dans lequel elle est détenue au sein des macrophages. Il serait également susceptible d’activer un mécanisme permettant de protéger Salmonella des peptides anti-microbiens produits par les macrophages.
Les résultats de cette recherche sont intéressants à double titre : en premier lieu, ils ouvrent la voie vers de nouvelles études qui permettront d’identifier si d’autres bactéries intracellulaires mettent en place des mécanismes de détournement du système immunitaire similaires ; mais surtout, ils pourront conduire au développement de thérapies antibactériennes visant à bloquer l’assimilation du succinate par les bactéries. De telles thérapies permettraient alors de cibler uniquement les bactéries à l’origine des maladies, plutôt que de tuer l’ensemble des bactéries du corps humain, à l’instar des antibiotiques.
Auteur : Auriane Djian, chargée de mission scientifique au sein du Service de coopération scientifique et universitaire de l’Institut français d’Israël pour France diplomatie
Sources Institut Weizmann des Sciences et Science 22 janvier 2021