Mousson : l'Université de Tel Aviv procure de l'eau potable à des milliers d'Indiens
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Un projet lancé le 21 janvier 2019 à l’initiative des Prof. Rafi Nachmias et David Mioduser du Centre pour l’Education scientifique et technologique de l’Université de Tel-Aviv, utilisant une technologie de purification de l’eau mise au point à l’École de médecine de l’Université, a permis de fournir de l’eau potable à des milliers d’Indiens du sud-ouest de l’Inde. Les chercheurs espèrent étendre leur initiative à d’autres villages de la région, où la purification de l’eau est une question de vie ou de mort pour les habitants. La mousson qui a frappé le sous-continent indien en août 2018, provoquant des inondations et des torrents de boue, principalement dans l’État du Kérala au sud-ouest du pays, a été particulièrement meurtrière. Des centaines de personnes y ont trouvé la mort, et environ un million d’autres se sont retrouvées sans abri. Mais il ne s’agit là que des dommages directs. Suite aux inondations, les infrastructures d’approvisionnement en eau se sont complètement effondrées dans tout le pays et des millions de personnes n’ont plus accès à l’eau potable.
Des filtres pour appareils de dialyse
« Lorsque j’ai lu les articles sur la mousson dans le journal, j’ai immédiatement appelé mes collègues de l’Université d’Amrita dans l’Etat du Kérala », explique le Prof. Nachmias. « J’y avais été en visite un an auparavant, et j’étais inquiet pour leur sécurité. Les récits que j’avais entendus n’étaient pas encourageants, le principal grief concernant une grave pénurie en eau potable. J’ai commencé à chercher des solutions dans notre université, et j’ai fini par découvrir une invention du Prof. Yoram Lass de l’Ecole de médecine, qui a trouvé une manière efficace simple et peu coûteuse d’utiliser des filtres pour appareil de dialyse pour épurer l’eau. Nous avons vérifié auprès de nos amis indiens de l’hôpital universitaire d’Amrita, qui ont déclaré que cette technologie israélienne pouvait fonctionner même dans les conditions difficiles des villages de leur pays ».
Dans une deuxième étape, le Prof. Nachmias et ses collègues de l’Université de Tel-Aviv ont mis en place un projet visant à évaluer la mise en œuvre de systèmes de purification de l’eau dans des villages isolés, pour un coût de 1 000 à 2 000 dollars par village, et ont mené une étude pour déterminer la faisabilité de cette initiative à grande échelle. Le projet a été lancé le 21 janvier 2019 et a été financé par le Consulat israélien du sud de l’Inde et par le Fonds pour les victimes de catastrophes naturelles du ministère israélien des Affaires étrangères.
« Le système est capable de fournir près de 8 litres d’eau par minute, quantité suffisante pour un village d’environ 500 habitants, et ce à un coût relativement bas », explique le Prof. Nachmias. « Avec les fonds que le Consulat nous a accordés, nous pourrons installer cinq de ces systèmes sur des sites nécessitant de l’eau pure dans le Kerala. Il faut comprendre qu’il s’agit d’une solution extrêmement simple, utilisant une pompe manuelle qui ne nécessite pas d’électricité ; mais elle doit être accompagnée d’une éducation scientifique et technologique en matière d’eau potable et d’assainissement. Seule la combinaison de la technologie et d’une éducation adaptée parviendra à produire le changement souhaité ».
Les villageoises responsables de la gestion de l’eau
À cette fin, une coopération a été établie entre les chercheurs de l’Université de Tel- Aviv et leurs collègues de l’Université d’Amrita. Les chercheurs indiens ont désigné les villageoises comme responsables de la gestion de l’eau et leur ont enseigné l’importance d’une eau salubre pour la consommation et le fonctionnement du système à long terme. Dans les mois à venir, des étudiants d’Amrita mèneront des enquêtes auprès des villageois, surveilleront la qualité de l’eau et prendront note des problèmes rencontrés lors de la mise en œuvre du système sur le terrain.
« En désignant les femmes des villages pour administrer l’eau, nous souhaitions réaliser deux choses », explique le Prof. Nachmias. « Tout d’abord nous voulions promouvoir leur statut, en leur donnant la responsabilité de cette ressource importante. Deuxièmement, les femmes veilleront à la conformité du matériel et à son utilisation adéquate. En Inde, l’Université est responsable de l’éducation des femmes et des jeunes, et s’il s’avère qu’il est possible, grâce à la technologie israélienne innovante, de sauver des vies, nous élargirons le projet ».
Environ 60 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année en Inde de maladies intestinales causées par de l’eau contaminée et environ 80 millions d’Indiens n’ont pas accès à l’eau potable. « C’est inconcevable », déclare le Prof. Nachmias. « Le Kerala est un paradis en matière d’eau et les Israéliens ne peuvent qu’envier la quantité des pluies dans cette région. Le problème est la pollution en général, et en particulier les dégâts causés par la mousson. Les cadavres d’animaux et les déchets biologiques polluent les sources d’eau, causant des infections mortelles. J’espère que nous assisteront dans quelques mois à la réussite du projet, et nous ferons alors tout notre possible pour fournir les dispositifs de l’Université de Tel-Aviv à d’autres villages, sachant que c’est une question de vie ou de mort pour les habitants de cette région ».
Auteur : Sivan Cohen-Wiesenfeld, PhD, Rédac’chef de la newsletter des Amis français de l’Université de Tel Aviv
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