Plans de prévention des inondations, gestion des eaux pluviales et climat : nouveau rapport du Contrôleur de l’État

Zavit. Les pluies extrêmes, les tempêtes et les inondations sont des phénomènes naturels spectaculaires et puissants, potentiellement mortels. Avec la crise climatique, la fréquence de ces événements extrêmes devrait augmenter. Routes bloquées, quartiers inondés, écoles maternelles inondées et catastrophes ayant coûté des vies humaines soulèvent la question : l’État d’Israël est-il prêt à faire face aux dégâts des inondations ? Un récent rapport du Contrôleur de l’État Matanyahou Englman souligne les importantes lacunes à combler et les avancées positives en la matière.
Trop d’acteurs
L’une des principales questions qui ressort du rapport est la responsabilité réglementaire en matière de gestion des eaux de ruissellement urbaines. Le ruissellement est l’eau de pluie qui s’écoule à la surface du sol. Il est actuellement au cœur d’un conflit de longue date entre le ministère de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, le ministère de la Protection de l’environnement, le ministère de l’Intérieur, l’Autorité des eaux et le cabinet du Premier ministre concernant la responsabilité de la réglementation et de la supervision du drainage dans les villes.
« Nous avons besoin d’un organisme de réglementation unique et clair pour le secteur urbain, or il n’en existe actuellement aucun au sein des collectivités locales », déclare le Dr David Assaf, directeur général adjoint de la gestion du ruissellement et des ressources environnementales au ministère de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire. « Il doit y avoir un organisme responsable de ce secteur. » Concrètement, cela signifie qu’il n’existe actuellement aucune entité réglementant le secteur au sein des collectivités locales. Le rapport recommande une décision claire : définir sans ambiguïté l’organisme chargé de la réglementation et établir un mécanisme de coordination efficace entre les collectivités locales et les autorités de drainage.
Budget insuffisant
Selon le rapport, il existe un écart d’environ 5,5 milliards de shekels entre les besoins de développement censés prévenir et réduire les dégâts des inondations et les budgets effectivement approuvés. Ce déficit est visible sur le terrain : les nouveaux projets ne démarrent pas et le renforcement des infrastructures existantes accuse des retards. Actuellement, environ 7 milliards de shekels sont nécessaires pour améliorer le drainage, alors que le budget approuvé jusqu’en 2026 n’est que de 300 millions de shekels, un budget partagé avec l’Autorité foncière israélienne (ILA). Cela ne représente qu’un faible pourcentage du montant requis. De plus, un modèle de financement actualisé n’a pas encore été mis au point. Le modèle actuel repose sur une cartographie de 2007 qui ne reflète pas la réalité immobilière actuelle. Il en résulte une incertitude budgétaire qui pèse sur les autorités de drainage et peut compromettre leur capacité à apporter une réponse optimale aux événements extrêmes.
Parmi les autres domaines nécessitant une attention particulière figurent l’accès à l’information du public, la réglementation des activités du Centre de prévision des inondations, la mise en place de mécanismes de diffusion d’alertes en temps réel et le renforcement des mécanismes d’application pour prévenir les dommages aux artères fluviales. « Une bonne gestion des eaux de ruissellement est d’autant plus importante compte tenu du changement climatique et de la fréquence accrue des événements météorologiques extrêmes », déclare Assaf.
La lumière au bout de la pluie
Cependant, des progrès ont été réalisés dans certains domaines. Le ministère de l’Agriculture a publié un guide professionnel pour l’élaboration de plans de gestion des risques d’inondation à l’échelle du bassin et a commencé à mettre en œuvre une méthodologie nationale de priorisation des projets et de planification des niveaux de risque par région. « Ce plan souligne l’urgence de renforcer l’interface entre les autorités de drainage et de gestion des rivières, qui connaissent bien la zone qu’elles gèrent, et les institutions de planification et de développement aux niveaux régional et national », explique Assaf. Parallèlement, une approche intégrée de gestion du ruissellement à l’échelle du bassin prend de l’ampleur. Il s’agit d’une approche systémique qui aborde la gestion du ruissellement dans une perspective holistique, combinant des objectifs techniques, environnementaux et écologiques. Autrement dit, il ne s’agit pas seulement de drainer l’eau, mais de réfléchir à la restauration des cours d’eau, à la régulation naturelle du débit et au retour des zones ouvertes à une fonction hydrologique adéquate.
Selon lui, l’amendement 7 à la NAMA 1, un plan national d’orientation visant à atténuer les dommages causés par les inondations et à proposer des solutions pour la gestion du ruissellement à l’échelle du bassin, illustre bien cette approche. Cet amendement vise à apporter une réponse à la gestion des risques d’inondation en se référant aux bassins versants et en tenant compte des prévisions de croissance démographique, des objectifs du plan stratégique pour le logement et du changement climatique. « Dans le cadre de ce plan, nous identifions des zones de régulation – des réservoirs où l’écoulement des eaux est retardé pour permettre un débit contrôlé –, nous mettons en place des mécanismes de protection du système hydrologique des cours d’eau, etc. Tout cela vise à atténuer le phénomène des inondations et à assurer la résilience urbaine en réduisant les inondations en zones bâties », explique-t-il.
« Nous promouvons les solutions fondées sur la nature, les budgétisons et appliquons une perspective écologique correcte, et pas seulement une ingénierie concrète », ajoute-t-il. Le rapport du Contrôleur de l’État renforce cette approche et recommande d’examiner la possibilité d’étendre les pouvoirs des autorités de drainage afin qu’elles puissent également intervenir dans les domaines de la conservation de la nature et de la gestion intégrée des ressources.
Le message commence à faire son effet
La réalité est complexe : d’une part, on constate un manque de décision quant à l’identité de l’organisme de régulation, des retards dans la planification et la budgétisation, et un manque de coordination efficace entre les autorités de l’État. D’autre part, des plans commencent à prendre forme, de nouvelles approches émergent sur le terrain et l’on comprend que le problème ne peut plus être marginalisé.
Le rapport du Contrôleur de l’État n’est pas seulement un réquisitoire, mais aussi une feuille de route. Il souligne les mesures déjà prises, les domaines dans lesquels l’État a commencé à progresser, mais aussi ceux où il reste encore beaucoup à faire : une réglementation claire, un modèle économique actualisé, des investissements continus dans les programmes de gestion des risques et une vision environnementale intégrée. Tous ces éléments sont nécessaires pour que l’État d’Israël soit mieux préparé aux inondations de demain. « Il reste encore du chemin à parcourir, mais la direction est la bonne. Nous continuerons à travailler ensemble à tous les niveaux pour être aussi bien préparés que possible aux prochaines inondations », conclut Assaf.
Par Guy Britzman pour l’agence Zavit le 9 juin 2025, traduit et adapté par Esther Amar pour Israël Science Info