Urgence climatique : près de 60 scientifiques israéliens parmi les 11000 signataires de l'appel mondial
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Plus de 11 000 scientifiques de 153 pays ont signé l’appel à l’urgence climatique suite à l’étude publiée par l’Oregon State University (USA) dans la revue BioScience. Interrogé par Israël Science Info, le Pr William Ripple, chercheur principal de l’étude, a indiqué que « près de 60 chercheurs israéliens ont signé cet appel ».
Liste complète des signataires sur ce lien
Ces chercheurs font partie des institutions et laboratoires israéliens suivants : Université Hébraïque de Jérusalem, Centre Volcani, Technion, Université de Haïfa, Dead Sea and Arava Science Center, Université de Tel Aviv, Université Ben Gourion du Néguev, Israeli Marine Mammals Research &Assistance Center (IMMRAC), Université Bar-Ilan, Open University, Israel Oceanography and Limnology Research (IOLR), Université d’Ariel (Judée Samarie), Achva academic college, Weizmann Institute of Science, Geological Survey Of Israel (GSI), Holon Institute of Technology (HIT), Genaphora, The Max Stern Yezreel Valley College (yvc), Smart Diamond Technologies Lda, Mekorot, Sani Shamoon College of Engineering (SCE)…
William Ripple, professeur en écologie à l’Université de l’Oregon, était déjà chercheur principal d’une étude publiée en 2017 qui avait recueilli des milliers de signatures « World Scientists Warning to Humanity ».
L’étude affirme que « des souffrances humaines indescriptibles » sont inévitables sans changements profonds et durables des activités humaines qui contribuent aux émissions de gaz à effet de serre et à d’autres facteurs liés au changement climatique.
Les indicateurs sont : croissance de la population et de la consommation énergétique, de la déforestation, de la consommation de viande, du nombre de voyages en avion, des concentrations et émissions de gaz à effet de serre, des températures, de l’acidification des océans, de la fonte des calottes glaciaires, du niveau des océans et du recul des traits de côte… Cette alliance mondiale est emmenée par le Pr William Ripple et le Pr Christopher Wolf de l’Oregon State University.
«Malgré 40 ans de négociations mondiales d’envergure, nous avons continué à faire comme si de rien n’était et nous n’avons pas réussi à faire face à cette crise», a déclaré le Pr Ripple, « Le changement climatique est là et il s’accélère plus rapidement que prévu ».
Les scientifiques soulignent six domaines dans lesquels l’humanité devrait prendre des mesures immédiates pour ralentir les effets du réchauffement de la planète :
1. Energie. Mettre en œuvre une meilleure efficacité énergétique ; remplacer les combustibles fossiles par des énergies renouvelables à faible émission de carbone ; laisser les stocks restants de combustibles fossiles dans le sol ; annuler les subventions aux entreprises de combustibles fossiles ; et imposer des redevances sur le carbone suffisamment élevées pour limiter l’utilisation de combustibles fossiles.
2. Polluants de courte durée. Réduire rapidement les émissions de méthane, de suie, d’hydrofluorocarbones (HFC) et d’autres polluants ce qui permettrait de réduire de plus de 50% la tendance au réchauffement à court terme au cours des prochaines décennies.
3. Nature. Restaurer et protéger des écosystèmes tels que les forêts, les prairies, les tourbières, les zones humides et les mangroves, et permettre à une plus grande partie de ces écosystèmes d’atteindre leur potentiel écologique en matière de séquestration du dioxyde de carbone atmosphérique, un gaz clé à effet de serre.
4. Alimentation. Manger plus de végétaux et moins de produits d’origine animale. Le changement de régime alimentaire réduirait considérablement les émissions de méthane et d’autres gaz à effet de serre et libérerait des terres agricoles pour la production de nourriture humaine plutôt que d’aliments pour le bétail. La réduction du gaspillage alimentaire est également cruciale, les scientifiques affirment qu’au moins un tiers de tous les aliments produits finissent dans les ordures.
5. Economie. Passer à une économie sans émissions de CO2 afin de remédier à la dépendance de l’homme à l’égard de la biosphère et déplacer les objectifs de la croissance du produit intérieur brut vers la prospérité. Freiner l’exploitation des écosystèmes pour maintenir la durabilité de la biosphère à long terme.
6. Population. Stabiliser une population humaine mondiale augmentant de plus de 200 000 personnes par jour, grâce à la justice sociale et économique.
«Atténuer et s’adapter au changement climatique tout en respectant la diversité humaine implique des transformations majeures dans les modes de fonctionnement et d’interaction de notre société mondiale avec les écosystèmes naturels», indique l’étude. «Les organismes gouvernementaux font des déclarations d’urgence climatique. Les élèves et étudiants se mobilisent. Des procès pour écocide sont en cours devant les tribunaux. Les mouvements de citoyens à la base exigent des changements et de nombreux pays, états et provinces, villes et entreprises réagissent. En tant qu’Alliance des scientifiques du monde, nous sommes prêts à aider les décideurs dans une transition juste vers un avenir durable et équitable ».
Au cours des dernières décennies, de nombreuses autres assemblées mondiales ont convenu qu’une action urgente était essentielle, mais les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter rapidement. On peut aussi citer l’augmentation soutenue de la production de viande par habitant, la perte de la couverture forestière mondiale et le nombre de voyages aériens.
Il y a des signes encourageants, notamment une baisse du taux de natalité mondial et une diminution de la perte de forêts en Amazonie brésilienne, ainsi qu’une augmentation de l’énergie éolienne et solaire, mais si le taux de natalité a ralenti au cours des 20 dernières années, le rythme de la perte de forêts amazoniennes recommence à augmenter.
«La température de surface, la teneur en chaleur des océans, les conditions météorologiques extrêmes et leurs coûts, le niveau de la mer, l’acidité des océans et la superficie brûlée aux États-Unis sont en augmentation», a déclaré le Pr Ripple. «Globalement, la glace est en train de disparaître rapidement, comme en témoigne la diminution minimale de la banquise arctique estivale, des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, ainsi que l’épaisseur des glaciers. Tous ces changements rapides soulignent le besoin urgent d’agir ».
Les auteurs suggèrent que les populations peuvent faire pression sur les dirigeants politiques pour prendre des mesures correctives. Depuis 1992, année où plus de 1700 scientifiques – dont la majorité des lauréats du prix Nobel de sciences vivant – ont signé un «World Scientists’s Warning to Humanity», publié par l’Union of Concerned Scientists, les tendances mondiales se sont aggravées.
Depuis un siècle, l’Oregon State University est un centre d’enseignement, d’apprentissage et de recherche de niveau mondial. Elle offre des programmes en sciences des écosystèmes durables, de la gestion des forêts et de la fabrication de produits de bois ; mène de la recherche fondamentale et appliquée à la nature et à l’utilisation des forêts ; exploite 14 000 hectares de forêts universitaires.
Traduction et adaptation Esther Amar pour Israël Science Info
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A global coalition of scientists led by William J. Ripple and Christopher Wolf of Oregon State University says “untold human suffering” is unavoidable without deep and lasting shifts in human activities that contribute to greenhouse gas emissions and other factors related to climate change. “Despite 40 years of major global negotiations, we have continued to conduct business as usual and have failed to address this crisis,” said Ripple, distinguished professor of ecology in the OSU College of Forestry. “Climate change has arrived and is accelerating faster than many scientists expected.”
In a paper published in BioScience, the authors, along with more than 11,000 scientist signatories from 153 countries, declare a climate emergency, present graphics showing trends as vital signs against which to measure progress, and provide a set of effective mitigating actions. « Almost 60 scientist signatories are from Israel », said Prof. William Ripple, lead author of the paper, to Israel Science Info.
Israeli signatories are from: Hebrew University of Jerusalem, Volcani Center, Technion, Haifa University, Dead Sea and Arava Science Center, Tel Aviv University, Ben Gourion of the Neguev University, Israeli Marine Mammals Research & Assistance Center (IMMRAC), Bar-Ilan University, Open University, Israel Oceanography and Limnology Research (IOLR), Ariel University (Judée Samarie), Achva academic college, Weizmann Institute of Science, Geological Survey Of Israel (GSI), Holon Institute of Technology (HIT), Genaphora, The Max Stern Yezreel Valley College (yvc), Smart Diamond Technologies Lda, Mekorot, Sani Shamoon College of Engineering (SCE)…
The scientists point to six areas in which humanity should take immediate steps to slow down the effects of a warming planet:
1. Energy. Implement massive conservation practices; replace fossil fuels with low-carbon renewables; leave remaining stocks of fossil fuels in the ground; eliminate subsidies to fossil fuel companies; and impose carbon fees that are high enough to restrain the use of fossil fuels.
2. Short-lived pollutants. Swiftly cut emissions of methane, soot, hydrofluorocarbons and other short-lived climate pollutants; doing so has the potential to reduce the short-term warming trend by more than 50% over the next few decades.
3. Nature. Restore and protect ecosystems such as forests, grasslands, peatlands, wetlands and mangroves, and allow a larger share of these ecosystems to reach their ecological potential for sequestering atmospheric carbon dioxide, a key greenhouse gas.
4. Food. Eat more plants and consume fewer animal products. The dietary shift would significantly reduce emissions of methane and other greenhouse gases and free up agricultural lands for growing human food rather than livestock feed. Reducing food waste is also critical – the scientists say at least one-third of all food produced ends up as garbage.
5. Economy. Convert the economy to one that is carbon free to address human dependence on the biosphere and shift goals away from the growth of gross domestic product and the pursuit of affluence. Curb exploitation of ecosystems to maintain long-term biosphere sustainability.
6. Population. Stabilize a global human population that is increasing by more than 200,000 people a day, using approaches that ensure social and economic justice.
“Mitigating and adapting to climate change while honoring the diversity of humans entails major transformations in the ways our global society functions and interacts with natural ecosystems,” the paper states. “We are encouraged by a recent surge of concern. Governmental bodies are making climate emergency declarations. Schoolchildren are striking. Ecocide lawsuits are proceeding in the courts. Grassroots citizen movements are demanding change, and many countries, states and provinces, cities, and businesses are responding. As an Alliance of World Scientists, we stand ready to assist decision makers in a just transition to a sustainable and equitable future.”
The graphs of vital signs in the paper illustrate several key climate-change indicators and factors over the last 40 years, since scientists from 50 nations met at the First World Climate Conference in Geneva in 1979.
In recent decades, multiple other global assemblies have agreed that urgent action is essential, but greenhouse gas emissions are still rapidly rising. Other ominous signs from human activities include sustained increases in per-capita meat production, global tree cover loss and number of airline passengers.
There are also some encouraging signs – including decreases in global birth rates and decelerated forest loss in the Brazilian Amazon, and increases in wind and solar power – but even those measures are tinged with worry. The decline in birth rates has slowed over the last 20 years, for example, and the pace of Amazon forest loss appears to be starting to increase again.
“Global surface temperature, ocean heat content, extreme weather and its costs, sea level, ocean acidity, and area burned in the United States are all rising,” Ripple said. “Globally, ice is rapidly disappearing as demonstrated by decreases in minimum summer Arctic sea ice, Greenland and Antarctic ice sheets, and glacier thickness. All of these rapid changes highlight the urgent need for action.”
Joining Ripple and Wolf, a postdoctoral scholar in the OSU College of Forestry, as authors are Thomas M. Newsome of the University of Sydney, Phoebe Barnard of the Biological Conservation Institute and the University of Cape Town, and William R. Moomaw of Tufts University.
More information on the project, the list of signatories and the Alliance of World Scientists is available here.
Two years ago, Ripple lead an international team of researchers in producing an article published in BioScience titled “World Scientists’ Warning to Humanity: A Second Notice” that was signed by more than 15,000 scientists in 184 countries.
The warning came with steps that can be taken to reverse negative trends, but the authors suggested it may take a groundswell of public pressure to convince political leaders to take corrective actions. Since 1992, when more than 1,700 scientists — including a majority of the living Nobel laureates in the sciences — signed a “World Scientists’ Warning to Humanity” published by the Union of Concerned Scientists, global trends have worsened.
About the OSU College of Forestry: For a century, the College of Forestry has been a world class center of teaching, learning and research. It offers graduate and undergraduate degree programs in sustaining ecosystems, managing forests and manufacturing wood products; conducts basic and applied research on the nature and use of forests; and operates 14,000 acres of college forests.
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