Technion (ParrotNet) : une espèce invasive de perroquets met en danger l'agriculture en Israël et en Europe
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L’écologiste Assaf Shwartz, au Technion (Israël), qui dirige une équipe internationale qui étudie l’impact des espèces invasives en Israël et en Europe, déclare : « Il est important d’empêcher la dissémination d’espèces non indigènes dans la nature. Les perroquets non indigènes peuvent causer des dommages agricoles importants et menacer la biodiversité, même si ces impacts varient fortement selon l’endroit où ces perroquets ont été introduits ». Amenés en Europe comme animaux de compagnie, les perroquets et perruches (tous deux de la famille psittacidés*) évadés ou libérés ont établi de nombreuses populations sauvages à travers l’Europe. Des dizaines de milliers de perruches à collier et de perruches moines constituent la majeure partie des psittacidés d’Europe, mais plusieurs autres espèces se développent également.
Cette équipe paneuropéenne de chercheurs, de défenseurs de l’environnement, de responsables de la protection de la faune sauvage et de responsables politiques a collaboré au projet ParrotNet dans le cadre d’un programme COST de l’UE, et ont examiné les preuves disponibles concernant les dommages causés par les perroquets pour limiter les dommages à venir. ParrotNet (hébergé par l’Université de Kent, RU) est un réseau européen de scientifiques, de praticiens et de décideurs politiques dédié à la recherche sur les perroquets envahissants, leurs impacts et les défis qu’ils présentent. « Notre réseau s’efforce de mieux comprendre pourquoi les perruches sont des envahisseurs très performants, comment prédire leurs impacts agricoles, économiques, sociétaux et écologiques en Europe et les moyens de les atténuer, et d’aider les décideurs politiques à gérer les défis posés par cette espèce invasive ».
Il existerait plus de 200 espèces de perroquets et perruches originaires d’Amérique du Sud et d’Inde. « Ils ont été amenés en Israël comme animaux de compagnie, certains ont été libérés ou se sont échappés de leurs cages et ont créé d’énormes populations en liberté. Elles augmentent chaque année et il y a aujourd’hui plus de 10 000 perruches à collier et perruches moine en Israël », explique le Dr Assaf Shwartz, de la Faculté d’architecture et d’urbanisme du Technion en Israël.
Des dommages importants aux récoltes
Les perroquets et perruches introduits peuvent endommager l’environnement, mais les impacts graves sont rares et localisés. La plupart des dégâts signalés étaient liés aux perruches à collier et aux perruches moine répandues et abondantes localement. Des études montrent que, dans leurs régions d’origine, les deux espèces peuvent (et le font régulièrement) infliger d’importantes pertes de récoltes. Mais en Europe tempérée, les pronostics concernant des dommages comparables, étendus et graves, causés à l’agriculture ne se sont pas encore établis. Des impacts sévères sur les cultures ont été enregistrés en Europe méditerranéenne.
La compétition avec les espèces indigènes pose un problème plus sérieux, en particulier pour les perruches à collier, car elles peuvent rivaliser avec les espèces indigènes pour la nourriture et les sites de reproduction. En Amérique du sud, les perruches moine sont reconnues pour les dégâts causés par les incendies de leurs nids de branches installés sur les infrastructures électriques, mais il existe très peu de preuves de tels problèmes en Europe. Les impacts signalés pour d’autres espèces de perruches en Europe sont pratiquement inexistants. Introduites plus récemment, leurs populations sont relativement petites et localisées.
Différences dans les rapports
L’étude souligne également que les différences de dommages, dans la façon dont ils sont rapportés et résumés, influencent les résultats des évaluations d’impact sur les espèces envahissantes. Le niveau de menace généralisé que représentent les espèces envahissantes est souvent basé sur leurs pires impacts connus, tandis que la capacité d’une espèce à causer des dommages nécessite souvent des circonstances spécifiques. Bien que ces informations soient pertinentes pour identifier les envahisseurs pouvant avoir des impacts majeurs, elles ne sont pas représentatives des impacts que l’espèce est susceptible d’avoir une fois introduite dans une nouvelle zone. Des témoignages de dommages dans la zone d’origine ou dans d’autres zones envahies donne généralement lieu à des estimations du niveau de menace plus élevées que celles observées en Europe.
«Les perruches à collier et les perroquets moines ont déjà établi d’importantes populations en Israël et en Europe. En fin de compte, la décision sur les moyens de réduire les dommages est entre les mains des décideurs, mais en tant que scientifiques, il est important de noter que le meilleur moyen de lutter contre les invasions d’espèces est d’empêcher la dissémination d’espèces non indigènes dans la nature. Des études ont montré que dans les îles, il est possible d’éradiquer ou d’atténuer les populations d’envahisseurs (par exemple aux Seychelles), mais sur les grands continents, dans des régions telles que Israël et l’Europe, il n’existe pas de solution miracle au problème. il est donc important de mener de vastes études coûts-avantages avant de prendre diverses mesures », a déclaré le Dr Shwartz.
Publication dans Neobiota,15 juillet 2019
* Psittacidés, oiseaux à becs crochus et zygodactyles, ayant deux doigts à l’avant et deux doigts à l’arrière. Ils regroupent 340 espèces environ. Pour en savoir plus, allez sur le site oiseaux-mania qui précise : « tous les psittacidés ont des capacités d’intelligence, qu’ils soient perruches, perroquets ou autre, ils méritent tous d’être élevé au rang de perroquet, petits ou grands, colorés ou non, qu’ils parlent ou non…«
Traduction/adaptation Esther Amar pour Israël Science Info
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Ecologist Dr. Assaf Shwartz of the Technion leads a multi-national team that investigates the effect of invasive species in Israel and Europe: “It is important to prevent the release of non-native species in nature”
Non-native parrots can cause substantial agricultural damage and threaten native biodiversity, although impacts vary strongly depending on where these parrots have been introduced. Brought to Europe as pets, escaped or released parrots have established numerous wild populations across Europe. Tens of thousands of ring-necked and monk parakeets make up the bulk of Europe’s parrots, but several more species are also gaining a foothold. A pan-European team of researchers, conservationists, wildlife managers and policy-makers worked together under the umbrella of ParrotNet, an EU COST Action, and have reviewed available evidence on parrot damage, concluding that measures to prevent parrots from invading new areas are paramount for limiting future harm.
Today there are more than 200 populations of parrot species originating in South America and India. « These are parrots that were brought to Israel as pets and some of them were released or escaped from their cages and created huge free populations, » said lead researcher Dr. Assaf Shwartz, of the Faculty of Architecture and Town Planning at the Technion–Israel Institute of Technology. « These populations are growing every year, and today there are more than 10,000 ring-necked parakeets and monk parakeets in Israel.”
Introduced parrots can damage the environment, but severe impacts are rare and localized. Most reports of damage were linked to the widespread and locally abundant ring-necked and monk parakeets. Studies show that in their native ranges, both species can, and regularly do, inflict large crop losses, but in Temperate Europe, expectations of comparable widespread and severe damage to agriculture have so far failed to materialize. Severe impacts on crops were recorded in Mediterranean Europe. Competition with native species presents a more serious problem, especially for ring-necked parakeets as they can compete with native species for food and breeding sites. In the Americas, monk parakeets are notorious for the damage their stick nests cause to power infrastructures by catching fire, yet very little evidence for such problems exist in Europe. Reported impacts for other parakeet species in Europe are virtually nonexistent, probably because these species have been introduced more recently and currently exist as relatively small and localized populations.
The study, published in Neobiota, also highlights that differences in the type of damage, and the way they are reported and summarized influences the outcomes of invasive species impact assessments. The generalized threat level that invasive species pose is often based on their worst known impacts, whilst the capabilities of a species to do damage often requires specific circumstances. While this is relevant information for identifying those invaders that can potentially have major impacts, it is not necessarily representative of the impacts the species is likely to have when introduced to a new area. Similarly, including damage reports from the native range or from other invaded ranges typically results in higher threat level estimates compared to what actually has been observed in Europe.
“The ring-neck parakeets and monk parakeets have already established large populations in Israel and in Europe, » said Dr. Shwartz. « Ultimately, the decision on ways to reduce the damage is in the hands of the decision makers, but as scientists, it is important to note that the best way to combat species invasions is to prevent the release of non-native species in nature. Studies have shown that in the islands it is possible to eradicte /mitigate populations of invaders (for example in the Seychelles), but on large continents, in areas such as Israel and Europe, there is there is no ‘silver bullet’ solution to the problems , so it is important to conduct wide cost-benefit studies before taking various measures. »
Publication in Neobiota, Jully 15th 2019
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