Université Bar-Ilan (Israël) : appel à l'UNESCO pour déclarer le récif corallien de la mer Rouge "patrimoine mondial marin"
[:fr]
Les chercheurs de l’université Bar-Ilan en Israël lancent un appel d’urgence à l’UNESCO pour déclarer la totalité du récif corallien de la mer Rouge « site du patrimoine mondial marin » tout en recommandant des mesures supplémentaires essentielles à la survie du récif, dans le cadre d’une initiative impliquant l’Égypte, Israël, la Jordanie et l’Arabie saoudite.
Compte tenu des réalités politiques, les auteurs affirment que la collaboration régionale peut être grandement facilitée grâce au Centre transnational de la mer Rouge, une organisation neutre créée en mars 2019 et basée à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Malgré les facteurs de stress environnementaux existants et les menaces émergentes, il n’y a actuellement aucun effort coordonné de recherche scientifique ou de gestion qui englobe l’ensemble du complexe récifal de la mer Rouge. Le réchauffement rapide des océans sur la planète en raison du changement climatique pose un risque sérieux pour la survie des récifs coralliens. On estime que 70 à 90% de tous les récifs seront gravement dégradés d’ici le milieu du siècle, même si l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris sur le climat est atteint. Il existe cependant un écosystème de récifs coralliens qui semble plus résistant à la hausse des températures de la mer que la plupart des autres.
Une tolérance inhabituelle à l’eau chaude
Les coraux du golfe d’Aqaba, dans la partie la plus septentrionale de la mer Rouge, ont une tolérance inhabituellement élevée à l’eau de mer qui se réchauffe rapidement dans la région. Ils résistent aux irrégularités de la température de l’eau qui provoquent un blanchissement sévère ou une mortalité dans la plupart des coraux durs ailleurs. Ce récif à la résilience unique utilise des mécanismes biologiques susceptibles d’être importants pour la survie des coraux à mesure que les océans de la planète se réchauffent.
Alors que le golfe d’Aqaba pourrait potentiellement être l’un des plus grands refuges marins de la planète contre le changement climatique, cette partie unique du récif de la mer Rouge ne survivra et ne prospérera que si de sérieux défis environnementaux régionaux sont relevés. Un groupe international de chercheurs décrit ces défis et propose un certain nombre de mesures nécessaires qui « doivent être immédiatement mises en œuvre afin de protéger le récif des menaces locales croissantes ».
L’étude a été dirigée par le Dr Karine Kleinhaus, de la Stony Brook University School of Marine and Atmospheric Sciences, et co-rédigée par le professeur Maoz Fine, de la Faculté des sciences de la vie Mina et Everard Goodman de l’Université Bar-Ilan, avec un groupe de scientifiques qui ont étudié les coraux de la mer Rouge lorsqu’ils étaient basés en Égypte, en Israël, en Jordanie, en Arabie saoudite, en Australie, aux États-Unis et en Suisse. L’ambassadeur de Suisse en Israël a également contribué à l’article. La collaboration de ces co-auteurs, malgré les tensions politiques régionales, souligne l’importance de cet appel à l’action.
– une totale coopération régionale au plus haut niveau gouvernemental
– une surveillance régionale à long terme de la menace pour les récifs du nouveau développement côtier et de l’expansion démographique qui l’accompagne
– le développement durable du littoral de la mer Rouge : « Les menaces qui pèsent sur le récif de la mer Rouge dans son intégralité et sur le segment le plus au nord, le plus résilient, s’intensifient, et nous devrons travailler ensemble pour les préserver malgré les nombreux défis politiques et pratiques. Sinon, nous devrons expliquer aux générations futures que nous sommes restés les bras croisés alors que notre génération a détruit l’un des derniers récifs en bonne santé », concluent les auteurs.
[:en]
Despite political tensions between countries along the Red Sea, researchers band together to call upon UNESCO to declare the Red Sea’s entire coral reef as a Marine World Heritage Site while recommending additional measures critical for the reef’s survival.
Rapid ocean warming due to climate change poses a serious risk to the survival of coral reefs. It is estimated that 70-90% of all reefs will be severely degraded by mid-century even if the 1.5◦C goal of the Paris Climate Agreement is achieved. There is one coral reef ecosystem, however, that seems more resilient to rising sea temperatures than most others. Corals in the Gulf of Aqaba, at the northernmost portion of the Red Sea, have an unusually high tolerance for the rapidly warming seawater in the region. They withstand water temperature irregularities that cause severe bleaching or mortality in most hard corals elsewhere. This uniquely resilient reef employs biological mechanisms which are likely to be important for coral survival as the planet’s oceans warm.
While the Gulf of Aqaba could potentially be one of the planet’s largest marine refuges from climate change, this unique portion of the Red Sea’s reef will only survive and flourish if serious regional environmental challenges are addressed. In a study just published in Frontiers in Marine Sciences, an international group of researchers outlines these challenges and proposes a number of necessary measures they say must be immediately implemented in order to protect the reef from increasing local threats.
The study was led by Dr. Karine Kleinhaus, of the Stony Brook University School of Marine and Atmospheric Sciences, and co-authored by Prof. Maoz Fine, of Bar-Ilan University’s Mina and Everard Goodman Faculty of Life Sciences, along with a group of scientists who have studied the Red Sea’s corals while based in Egypt, Israel, Jordan, Saudi Arabia, Australia, the United States and Switzerland. The Swiss Ambassador to Israel also contributed to the article. The collaboration of these co-authors, despite regional political tensions, underscores the importance of this call for action.
The coral reefs of the Red Sea provide food and a source of livelihood to a rapidly growing population of over 28 million people living along its coastline, and are a uniquely rich potential source of new medicines. However, as towns and cities continue to grow along the Red Sea, these areas generate substantial local pressure on its reefs. Some portions of the reef have already been heavily damaged by uncontrolled tourism, human population expansion, overfishing, and coastal development that has led to pollution and a decline in coastal water quality.
Despite existing environmental stressors and newly emerging threats, there are currently no coordinated scientific research or management efforts that encompass the entire Red Sea reef complex. The researchers assert that the most urgent objective is to advance immediate protection of the Gulf of Aqaba as a World Heritage Site as part of an initiative involving Egypt, Israel, Jordan, and Saudi Arabia. Ideally, they say scientists, conservationists, and policy makers should advocate strongly that UNESCO recognize the Red Sea’s entire coral reef as a Marine World Heritage Site. Regional scientists and governments should work together to implement transnational research, monitoring and conservation efforts and seek UN support for a long-term scientific monitoring program. Considering political realities, the authors affirm that regional collaboration can be effectively facilitated by the Transnational Red Sea Center, a neutral organization which was established in March 2019 and is based at the Swiss Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL).
The researchers recommend several additional measures including:
ㆍfull regional cooperation under the directive of high levels of government
ㆍinforming governments of the monetary value and vast medicinal potential of the reef to each nation
ㆍlong-term regional monitoring of the threat to the reefs from new coastal development and the accompanying population expansion
ㆍsustainable development of the Red Sea coastline
« Threats to the Red Sea’s reef in its entirety, and to the uniquely resilient northernmost segment, are escalating, and we will need to work together to preserve them despite the many political and practical challenges. Otherwise, we will have to explain to future generations that we stood by as our generation destroyed one of the last reefs standing, » the authors conclude.
[:]