Université Ben Gourion du Néguev : les sols désertiques émettent des gaz à effet de serre en quelques minutes, même sans vie microbienne

Une étude révolutionnaire menée par des chercheurs de l’Université Ben Gourion du Néguev révèle que les sols désertiques peuvent émettre de puissants gaz à effet de serre quelques minutes après avoir été humidifiés, même en l’absence de vie microbienne. Publiée par le Dr Isaac Yagle et le Pr Ilya Gelfand des Instituts Blaustein pour la recherche sur le désert de l’Université Ben Gourion, cette étude remet en question les hypothèses de longue date selon lesquelles les microbes du sol seraient les seuls responsables des émissions pulsées de gaz post-pluie comme le dioxyde de carbone (CO₂), le protoxyde d’azote (N₂O) et le monoxyde d’azote (NO). Ces explosions de gaz, fréquentes dans les zones arides après les pluies, sont connues pour contribuer significativement au réchauffement atmosphérique et à la pollution.
À l’aide d’expériences en laboratoire, l’équipe a comparé les émissions de sols désertiques naturels et stérilisés prélevés près de la mer Morte. La stérilisation, obtenue par irradiation gamma à haute dose, a éliminé la plupart des organismes vivants du sol. Pourtant, même sans vie microbienne, les sols stérilisés ont libéré de grandes quantités de N₂O et de NO immédiatement après avoir été humidifiés, jusqu’à 13 fois plus de NO et 5 fois plus de N₂O que les sols vivants. « Nos résultats montrent que des réactions chimiques, et pas seulement biologiques, sont à l’origine de ces émissions immédiates, en particulier pour les gaz azotés », a déclaré le Dr Yagle.
« Cela modifie notre compréhension et notre modélisation des émissions de gaz à effet de serre des sols des zones arides. » Si les émissions de CO₂ sont restées plus élevées dans les sols vivants en raison de la respiration microbienne, une part substantielle était néanmoins générée par des processus non biologiques, tels que des réactions impliquant les carbonates du sol et la libération physique de gaz. Ces résultats sont particulièrement importants dans un contexte d’expansion mondiale des zones arides due au changement climatique.
Avec des régimes pluviométriques de plus en plus irréguliers, la fréquence des cycles d’humidification et d’assèchement des sols augmente, ce qui pourrait accroître la contribution de ces émissions abiotiques au bilan mondial des gaz à effet de serre. « Nos travaux soulignent la nécessité de prendre en compte les processus abiotiques lors de l’évaluation de l’impact environnemental des sols des zones arides », a ajouté le Pr Gelfand. « Les ignorer pourrait conduire à une sous-estimation des émissions régionales et mondiales.»
Cette recherche a été financée par la Fondation israélienne pour la science (subvention n° 305/20) et le ministère israélien des Sciences, de la Technologie et de l’Espace (subvention n° 16797-3).
Publication dans dans la revue Scientific Reports 30 juillet 2025