Université de Haïfa (webinaire) : Richard Horton (The Lancet), "le vaccin Pfizer n'est pas forcément bon pour tous les groupes d'âges"

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« Le nouveau vaccin de BioNtech/Pfizer ne sera pas forcément une solution miracle pour éradiquer la pandémie de coronavirus, mais sera un outil important dans la gestion de la propagation du virus », a déclaré Richard Horton, rédacteur en chef de la célèbre revue médicale The Lancet lors d’un webinaire du Conseil des gouverneurs de l’Université de Haïfa ce lundi. «Les résultats du vaccin annoncés récemment  sont une phase intermédiaire, ce n’est pas le résultat final de l’étude. Certes, il semble qu’il y ait un taux d’efficacité de 90%, mais nous n’avons pas encore vu les données complètes », prévient Richard Horton, qui a reçu un doctorat honoris causa de l’Université de Haïfa. « On ne sait toujours pas si le vaccin sera efficace pour tous les groupes d’âge ».

Students from University Haifa's School of Public Health
Students from University Haifa’s School of Public Health

Richard Horton reste donc «prudemment optimiste» mais a averti que «le vaccin ne sera pas une simple solution miracle pour éradiquer ce coronavirus». Il a poursuivi en disant que « Pfizer est l’un des onze vaccins en phase finale d’études cliniques et qu’il y en a environ 40 à 50 en développement d’essais cliniques précoces, ainsi que plus de 100 en développement préclinique ». «Nous avons toutes les raisons d’espérer qu’il y aura plus d’un vaccin», a-t-il déclaré, félicitant la société d’avoir développé un vaccin dans les dix mois, alors que la plupart mettent au moins sept ans à se développer.

Richard Horton
Richard Horton

Il a également salué la déclaration selon laquelle le vaccin aura un taux d’efficacité de 90%, car la plupart des nouveaux vaccins ont tendance à avoir un taux de succès beaucoup plus faible. Il a également souligné qu’il existe déjà des vaccins non réglementés distribués aux militaires en Russie, en Chine et aux Émirats arabes unis. Aucun de ces vaccins n’a fait l’objet d’essais cliniques et ils ne seraient pas approuvés dans des pays occidentaux comme le Royaume-Uni, les États-Unis et Israël. «Je crains que, si un effet indésirable non détecté dans les essais cliniques à ce stade précoce, et découvert par la suite, cela anéantisse toute confiance que les gens auront dans le vaccin Covid-19», a-t-il déploré. «Nous devons vraiment rester prudents. »

« Une fois qu’un vaccin sûr sera disponible » a-t-il déclaré, « les personnels soignants, les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques devraient le recevoir en premier ». Par ailleurs, Richard Horton a également salué la collaboration des scientifiques chinois qui ont volontairement partagé leurs données avec le reste de la communauté scientifique. Alors que le gouvernement chinois a été critiqué pour avoir caché la propagation de la Covid-19 dans leur pays et pour avoir retenu des informations, Richard Horton a félicité les chercheurs chinois qui ont travaillé avec la communauté internationale.

«Je ne suis pas intéressé par la géopolitique, mais plutôt par les relations avec les médecins en Chine. Ils ont publié leurs travaux dans une autre langue dans des revues à des milliers de kilomètres parce qu’ils voulaient que la connaissance de cette maladie soit diffusée au reste du monde », a-t-il déclaré. «La communauté médicale et scientifique chinoise fait pleinement partie de la communauté scientifique internationale. Lorsque les politiciens font monter la pression, rappelez-vous qu’en coulisses, les scientifiques travaillent incroyablement bien ensemble pour faire avancer l’humanité ».

Traduit/adapté par Esther Amar pour Israël Science Info
 
 

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The new vaccine from Pfizer won’t be “magic bullet” to eradicate the coronavirus pandemic, but will be an important tool in managing the spread of the virus, said Richard Horton, Editor-in-Chief of renowned medical journal The Lancet during a webinar he delivered to the University of Haifa Board of Governors on Monday.

“The vaccine announced today is an interim analysis, it’s not the final bottom line on the study. True, it seems there may be a 90% effectiveness rate, but we haven’t seen the full data yet,” Horton, who is also receiving a honorary doctorate from the University of Haifa, cautioned.

Students from University Haifa's School of Public Health
Students from University Haifa’s School of Public Health

For one, he explained, it is still unclear if the vaccine will be effective for all age groups. That said, Horton remains “cautiously optimistic” but warned that the “vaccine is not going to be a simple magic bullet to eradicate this Coronavirus.” He went on to say that Pfizer is one of eleven vaccines in the final stages of clinical studies and that there around 40-50 in early clinical trial developments, as well as over 100 in pre-clinical development.

“We have every reason to be hopeful that there will be more than one vaccine,” he said, commending the company for developing a vaccine within ten months when most take at least seven years to develop. He also praised their claim that the vaccine will have a 90% effectiveness rate, since most new vaccines tend to have a much lower rate of success.

He also pointed out that there are unregulated vaccines already given out to service members of the military in Russia, China and the United Arab Emirates. None of those vaccines have undergone clinical trials and they would not receive approval in Western countries like the United Kingdom, the United States and Israel.

Richard Horton
Richard Horton

“My worry is if something goes wrong with those vaccines, if there’s an adverse effect we didn’t detect in the early stage clinical trials and we then discover it, that will puncture any confidence people will have in the Covid-19 vaccine,” he lamented. “We really have to be careful. This is not a moment to cut corners.” Once a safe vaccine is available, he said, healthcare workers, older citizens and those with chronic illnesses should receive it first.

On a related note, Horton also welcomed the collaboration of Chinese scientists who voluntarily shared their data with the rest of the scientific community. While the Chinese government has been criticized for remaining secretive about the spread of Covid in their country and withholding information, Horton praised those Chinese researchers who worked with the international community.

“I know in [President Donald] Trump’s era, he called Covid the China Virus and the relationship between America and China became fractured. I’m not interested in the geopolitics of that, but rather in dealing with doctors in China who have been an inspiring part of this story. They published their work in another language in journals thousands of miles away because they wanted the knowledge of this disease out to the rest of the world,” he said. “The Chinese medical and scientific community are now fully part of the international [scientific] community. When politicians raise the heat, remember that underneath that, scientists are working incredibly well together and that has got to be an advance for humanity.”

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