Weizmann et l'Université de Tel Aviv mesurent la durée d'une journée… sur Saturne
[:fr]Mesurer la durée d’une journée s’avère bien complexe dès que l’on quitte la Terre pour des planètes gazeuses, et plus particulièrement, sur Saturne. Des chercheurs de l’institut Weizmann et de l’Université de Tel Aviv se sont attaqués à ce curieux problème. De nombreux projets de recherche ont essayé d’estimer précisément la période de rotation de Saturne. Cette dernière étant une planète gazeuse, les scientifiques doivent avoir recours à des méthodes indirectes pour mesure la rotation du noyau dur de la planète. Différentes méthodes ont été appliquées, avec plus au moins de succès, pour parvenir au résultat. Ainsi, dans le cas d’une autre planète gazeuse, Jupiter, les scientifiques aboutissent à une estimation précise en mesurant la rotation du pôle magnétique de la planète. En effet, dans le cas de Jupiter comme de la Terre, le pôle magnétique ne coïncide pas complètement avec l’axe de rotation, produisant donc une faible variation du champ magnétique dans une journée qui est directement corrélée à la période de rotation.
Mais dans le cas de Saturne, le pôle magnétique n’est pas suffisamment éloigné de l’axe de rotation pour espérer une estimation précise. Une autre piste a été explorée il y a 10 ans par la NASA : en utilisant la sonde Cassini lancée pour observer Saturne, les scientifiques ont mesuré les variations des ondes radios émises par l’atmosphère de Saturne. Mais, de la même manière, cette période radio mesurée ne coïncide pas complètement avec le jour saturnien [3], notamment à cause de la proximité entre le pôle magnétique et l’axe de rotation. Les modèles basés sur la simple observation de l’évolution de la surface gazeuse n’ont pas été couronnés de plus de succès, ne donnant que des estimations grossières. Au final, ces différentes méthodes ont permis d’établir que la période de rotation de Saturne était d’environ 10 heures 35 minutes, mais avec une marge d’erreur importante de 15 minutes.
Une nouvelle méthodologie
Pour s’attaquer à ce problème, les Drs Yohai Kaspi et Eli Galanti de l’institut Weizmann ont travaillé en collaboration avec le Dr Ravit Helled de l’Université de Tel Aviv pour définir une nouvelle méthode d’estimation de la période de rotation. Ils sont partis d’une simple observation : les planètes ne sont pas des sphères parfaites. En effet, à cause de leur rotation sur elle-même, les astres sont généralement légèrement aplatis au niveau des pôles et plus « rondelés »près de l’équateur. Cette légère transformation physique est directement corrélée à la vitesse de rotation de la planète, cette première étant d’autant plus prononcée que la vitesse est importante. Ainsi, en utilisant les différentes mesures accumulées sur le champ gravitationnel de Mars, les chercheurs ont pu modéliser la géométrie précise de la planète, et donc déduire sa période de rotation.
Leur méthodologie a pu être confirmée en comparant leurs estimations avec la période de Jupiter, qui est précisément connue depuis longtemps. Les trois scientifiques ont ainsi pu déduire la période de rotation de Saturne avec une marge d’erreur de 45 secondes, améliorant de façon importante les précédentes études. Ce nouveau résultat aidera la communauté scientifique à améliorer sa connaissance de Saturne en permettant de construire des modèles bien plus précis de son atmosphère ou de sa formation.
Auteurs :
Paul Balança, VI chercheur en Israël (Technion)
Angélique Toulon, chargée de mission scientifique à l’ambassade de France d’Israël
Source : BVST Israël
Publication dans Nature, 9 avril 2015[:en]If you could jump a spaceship out past Mars and Jupiter to Saturn, pass by its rings and somehow park on the planet’s gaseous surface, how long would your day be there? This question, surprisingly, has not been precisely answered until now. The measurements – including those from the NASA Cassini spacecraft that is currently orbiting Saturn – have disagreed with one another, so they could be off by as much as a whopping 15 minutes. That range, says Dr. Yohai Kaspi of the Weizmann Institute’s Earth and Planetary Sciences Department, is a relatively large discrepancy for a giant planet with a day length – the planet’s rotation period – of just around ten and a half hours. Kaspi and his colleagues have now introduced a new method, that they used to accurately fix this fundamental value. Among other things, it can help scientists better understand the physical processes that shape Saturn and other planets like it.
Determining the exact rotation period of Saturn has been problematic because two of the more common methods are useless there. The planet is mostly gas, so its surface features – windy streams that move at varying speeds – conceal the turning of the planet’s solid core. Another method, used for planets like Earth and Jupiter, is to measure how the magnetic pole rotates around the true pole; but on Saturn these two poles are aligned, so that rotation can’t be measured. Until now the measurements of Saturn’s rotation period have relied on radio emissions tracked by nearby spacecraft.
Kaspi and research scientist Dr. Eli Galanti, working together with Dr. Ravit Helled of Tel Aviv University, devised a way to calculate the planet’s rotation period based on measurements of its gravitational fields. “This method,” says Kaspi, “basically works backwards from the gravitational field and shape of the planet.” As a large body, eg., a planet, spins, its shape flattens out a bit, gaining a sort of “belly” at its middle, he explains. The faster it spins, the more pronounced this belly will be. The resulting redistribution of the planet’s mass, in turn, creates fluctuations in the gravitational field of the planet. The gravitational field has been well measured and calculated, both by planetary missions and by telescope data; thus the gravitational field measurements could be used to uncover the missing figures for the rotation that produced them.
The difficulty, says Galanti, was in the math. The equations originally contained too many variables to yield useful answers. So the team worked out a statistical method that reduced the uncertainties in the numbers. They then tested their method using figures for the gravitational field of Jupiter – a planet for which the rotational period has already been precisely calculated by the magnetic pole rotation method. When the gravitational field method yielded a number that precisely matched the known length of a day on Jupiter, the team applied it to Saturn’s rotation.
The figure they came up with matched the faster measurement, fixing the length of a day on Saturn at ten hours, 32 minutes. The uncertainty is now around 45 seconds – compared to the previous 15 minutes. Having a precise figure for Saturn, says Kaspi, will help researchers create models of how the planet formed and what goes on deep beneath its cloudy outer surface; but it will also provide another tool to help fix the rotation periods of other, farther out planets in the solar system and even beyond.
Publication in Nature, April 9th 2015[:]