« Covid-19 : rester responsable durant le déconfinement », par Noah Dana-Picard du Jerusalem College of Technology
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Israël a géré la crise sanitaire avec une méthode et des règlements stricts qui lui ont permis de maintenir le nombre de décès à un niveau très bas : 270 pour 9 millions d’habitants. Le Pr Noah Dana-Picard, du Jerusalem College of Technology, explique ici comment la prière aide les malades à recouvrer la santé plus rapidement et quelles sont nos responsabilités quand nous savons être porteurs du virus.
Après une période d’incertitude, les graphiques et les chiffres présentés par les experts de la santé publique montrent une nette amélioration de la morbidité de la Covid-19 en Israël. Avec le déconfinement, nous entamons une période difficile et je souhaite souligner l’importance des comportements au cours de cette période.
Nous allons nous efforcer de vivre comme d’habitude, les grands-parents pourront rencontrer les enfants et les petits-enfants et, plus tard, les embrasser. Tout le monde pourra travailler et se déplacer en ville où bon lui semble. Mais nous voudrons quand même rester en bonne santé. La Covid-19 est une terrible maladie, un tueur clandestin. Par conséquent, il faut rester responsable et garder à l’esprit les enseignements acquis au cours de cette période. Tout comme quiconque ne connaissant pas les lois du Chabbat ne peut être vraiment chomer-chabat, ceux qui ne respectent pas les gestes barrière ne peuvent pas protéger leur santé. Puis nous évoquerons des notions connues (introduction à Mesilat Yesharim, Rav Moshe Haim Luzzato).
Le déconfinement dans lequel nous sommes engagés risque de nous faire perdre de vue des points essentiels, tel que le devoir, avant tout, de préserver sa vie (Deutéronome 4:5). Ce verset martèle qu’il faut même « se préserver beaucoup ». A la base, ce verset souligne l’importance de se préserver de toute tentation idolâtre, mais les Sages l’ont étendu à la protection de la santé. En effet, le mot « nefesh » a plusieurs acceptions : il peut désigner la vie biologique, comme la vie spirituelle (commentaire de Na’hmanide sur ce verset). Le caractère sacré de la vie devrait nous guider, même dans notre monde moderne.
On nous enseigne que chacun doit protéger sa propre vie, notamment par le respect des instructions du médecin, ce qui est fondamental (Orot Hatechouva, du Rav Kook, Chap. 1).
Chacun doit protéger la vie de l’autre : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19:18). Ce verset ne donne pas simplement un bon conseil, c’est un commandement contraignant. La coutume est de démarrer les prières du matin avec la décision de prendre sur soi l’accomplissement de la mitzva : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». On sait que les commandements concernant les relations de l’homme et de son prochain sont importants devant D.ieu, avant même les commandements entre l’homme et D.ieu. Sans qualités humaines minimales, la prière n’est pas une prière mais la récitation d’un texte, et il est douteux qu’elle attire sur elle la clémence ou la bénédiction du Trône Divin…
Les précautions que nous devons prendre (porter un masque, distanciation sociale) font partie des commandements de la Torah. Un porteur de virus qui circule librement peut répandre l’épidémie sans le savoir. Mais être porteur du virus et, le sachant, circuler quand même et être en interaction sociale, est tout simplement criminel. Des juges peuvent statuer sur ce point. Vous devez en informer vos proches (Lévitique 19:17). Si Reuven porte un masque, il diminue de façon importante le risque de contaminer Shimon. Aimer son prochain, c’est le protéger, en même temps, que se protéger soi-même (Deutéronome, voir plus haut). Et si Reuven voit quelqu’un qui n’a pas le comportement approprié (qui ne porte pas de masque ou ne respecte pas la distanciation sociale), il doit lui en faire la remarque et essayer de le remettre sur la bonne voie.
Protéger son prochain comme soi-même
À la lumière de ce qui précède, le respect des règles de protection du ministère de la Santé «porter en public un masque serré couvrant le nez et la bouche» correspond au principe du devoir de chacun envers soi-même et envers les autres. Il n’est pas question de porter son masque sous le menton, de porter un masque non homologué, ou comme un accessoire de mode (Guemara Shabbat, Chapitre 5). Si une personne désire se joindre à une prière collective et ne porte pas son masque correctement, sa prière n’en est pas une car elle nuit aux autres. Accomplir une mitzva en en enfreignant une autre, ce n’est pas accomplir une mitzva. C’est une infraction (Rav Medini, Sde ‘Hemed, Chap. 24).
Nous n’évoquerons pas ici la possibilité que des jeunes ou des enfants contaminent des adultes ou des personnes âgées. Des enfants porteurs du virus peuvent contaminer d’autres personnes sans être eux-mêmes malades.
Tout en adoptant un comportement correct, nous devons aussi prier D.ieu pour qu’il accorde un rétablissement complet aux malades et qu’il protège les personnes en bonne santé. Des études internationales (dont six menées aux Etats-Unis ces dernières années comme à la Mayo Clinic systématiquement positionnée en tête du classement international de Newsweek pour ses bonne pratiques, et une en Israël) ont montré que les patients pour qui on prie se rétablissent mieux et plus rapidement, même s’ils ne savent pas qu’on prie pour eux. Concernant l’effet de la prière sur la guérison des malades, nous suggérons la lecture de l’article, en Hébreu, du Dr Morali, dans le livre Lada’at Baarets Darekkha (Vol.1), publié il y a 3 ans en Israel. Le rabbin Azaria Pigo, qui fut Grand-Rabbin de Pise et de Sienne au 17e siècle, explique que la prière pour un malade « le pousse hors de la maladie », afin que le décret ne le concerne plus. La sentence tombe, mais dans le vide, pas sur lui.
Nous espérons que nos efforts et nos prières (même s’ils demandent du temps) seront bien vus par le Créateur, et que le peuple d’Israël demeurera en sécurité.
Nous prions aussi pour pouvoir vivre d’autres fêtes et cérémonies (pas comme ce Pessa’h confiné) mais Trois Fêtes de pèlerinage dans la Maison de D.ieu, au Temple de Jérusalem, afin que les Cohanim accomplissent leur fonction, que les Lévites puissent entonner leurs chants et que les Israélites prennent leur part de ce service divin…
Nous avons parlé d’une partie des interactions humaines. Nous communiquerons dans un prochain article des observations sur les changements fondamentaux, pas forcément négatifs, que la crise du Covid-19 a provoqués dans les structures du monde. Signalons encore que le Covid-19 est létal dans 1% des cas, bien moins que la cigarette, et le fumeur a aussi une influence négative, du point de vue humain et du point de vue santé, sur son environnement.
Auteur : Noah Dana-Picard, Président d’honneur du Jerusalem College of Technology (Machon Lev), directeur de la chaire Roland et Astrid Dana-Picard Chair pour l’Education, les Mathématiques et le Judaïsme
Avec la participation d’Esther Amar fondatrice d’Israël Science Info
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