En finir avec le broyage des poussins : l'Université de Tel Aviv développe une technologie pour choisir le sexe fœtal

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Chaque année en France, 50 millions de poussins sont broyés, étouffés, gazés ou jetés vivants à la poubelle dans les couvoirs industriels. « Des solutions émergent pour éviter le massacre des poussins mâles considérés comme dénués de valeur commerciale. En France, grâce à la technique allemande Seleggt de sexage dans l’œuf qui permet de connaître le sexe du poussin au neuvième jour d’incubation, on peut trouver des œufs produits en France garantis «sans sang», remarque Esther Amar, fondatrice d’Israël Science Info.

Mais la technologie mise au point en Israël va plus loin. Une équipe de chercheurs de l’Université de Tel-Aviv sous la direction du Prof. Udi Qimron, du Dr. Ido Yosef et du Dr Motti Gerlic de la Faculté de médecine a développé une méthode génétique révolutionnaire permettant de fixer le sexe fœtal avec une certitude pouvant atteindre 100%. Selon les chercheurs, cette technologie innovante pourrait révolutionner des industries telles que l’élevage laitier ou des poules pondeuses et économisera une grande souffrance animale.

« Les éleveurs de bétail laitier et de poules pondeuses préfèrent évidemment les veaux et les poussins femelles aux mâles ; mais jusqu’à présent, il n’existait pas de moyen génétique accessible et économiquement viable pour réguler la proportion des naissances entre les sexes, qui reste de manière naturelle autour de 50-50. Nous avons cherché à aborder ce problème de manière innovante, en utilisant l’ingénierie génétique », explique le Prof. Qimron.

La fin du broyage des poussins ?

Les coqs (poussins mâles), d’aucune utilité pour l’industrie des œufs, sont ‘écartés’ comme déchet, mourant de faim et/ou suffocant
Les coqs (poussins mâles), d’aucune utilité pour l’industrie des œufs, sont ‘écartés’ comme déchet, mourant de faim et/ou suffocant

Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont utilisé des souris génétiquement modifiées, dont toutes les cellules possédaient un enzyme spécifique appelée Cas9, ayant pour propriété de couper les brins d’ADN lorsqu’il reçoit une « instruction » d’un type particulier d’ARN. Ils ont également fabriqué des mâles portant cet ARN spécifique sur leur chromosome Y (le chromosome masculin), avec pour instruction d’activer l’enzyme Cas9 de manière à ce qu’il coupe trois segments d’ADN essentiels au développement du fœtus. Les mâles et les femelles ont ensuite été mélangés.

« Les embryons mâles créés dans l’utérus ont reçu le chromosome Y (qui détermine le sexe masculin) contenant des instructions destructrices. Ces instructions ont activé l’enzyme Cas9 obtenu de la mère, qui a détruit les segments d’ADN essentiels au développement du fœtus masculin. Par contre les femelles, dont les cellules pas reçu cette instruction, se sont développées correctement. Nous avons ainsi obtenu des naissances de 95% de femelles; mais on peut facilement changer le ratio et arriver à 100% ». Il est également important de noter que si l’ARN avec les instructions d’activation avait été inséré sur le chromosome X de la souris mâle, le processus aurait arrêté le développement des embryons femelles, provoquant la naissance de mâles uniquement », ajoute le Prof. Qimron.

« Notre étude présente la première approche de ce type pour déterminer le sexe fœtal sur des mammifères par des moyens génétique. Nous avons démontré cette méthode sur des souris, mais avec des aménagements ultérieurs elle sera également facile à appliquer d’ici quelques années à d’autres espèces de mammifères, telles que les vaches, les porcs ou les chèvres, et même plus tard chez les volailles, par exemple les poules. Nous pensons que cette technologie empêchera la naissance de mâles indésirables et permettra d’économiser une grande souffrance animale, comme par exemple le broyage des poussins mâles. De plus, les industries concernées, comme celles du bétail, du porc de la volaille en tireront probablement également un bénéfice économique », conclut le Prof. Qimron.

Publication EMBO Reports, le 1er juillet 2019

Auteur : Sivan Cohen-Wiesenfeld, PhD, Rédac’chef de la newsletter des Amis français de l’Université de Tel Aviv

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