Le doctorant Roman Nudelman, du laboratoire d’électronique moléculaire de l’Université de Tel-Aviv, sous la direction du Prof. Shachar Richter de la Faculté d’ingénierie et du Centre de Nanotechnologie de l’Université, a réussi à transformer deux protéines présentes dans le corps des méduses en un bandage spécial destiné à accélérer le processus de guérison des plaies chez les patients diabétiques. L’étude novatrice, dont les résultats ont déjà été testés avec succès en laboratoire, constitue une véritable avancée pour le traitement de ces lésions dangereuses dont certaines peuvent aller jusqu’à l’amputation d’un membre.
Les méduses qui atteignent chaque été les côtes méditerranéennes ne sont pas seulement une nuisance et une cause de brûlures parfois dangereuses, il s’avère qu’elles peuvent aussi nous guérir. Dans le cadre de recherches révolutionnaires, les chercheurs de l’UTA sont parvenus à fabriquer un pansement perfectionné à partir de fibres de méduses, destiné aux patients qui souffrent des plaies les plus difficiles à soigner. “Le processus de guérison des plaies chroniques est bloqué au stade de l’inflammation et ne parvient pas à progresser. La chaire de méduse que nous utilisons pour nos pansements est destinée à régler ce problème”, explique Roman Nudelman.
Attirer les molécules nuisibles dans le bandage
Notre corps dispose d’un mécanisme en quatre étapes pour guérir les plaies : arrêt du saignement, inflammation, guérison et reconstitution de la peau. Chez les diabétiques, le processus est stoppé au niveau de l’inflammation, en raison du dérèglement de nombreuses cellules qui empêchent le collagène de reconstruire la base du tissu sain. “Il y a dans ces cellules trop de molécules qui décomposent le collagène, et donc dès que le corps commence à recréer sa structure de base, elles le décomposent de nouveau, et la plaie ne sort pas de l’état inflammatoire. C’est pourquoi les plaies chroniques ou les plaies infectées mettent tellement de temps à se guérir. Le rôle principal de notre nouveau pansement est de prendre les protéines qui décomposent le collagène dans la plaie et de les attirer dans le bandage, afin que le corps puisse poursuivre son processus de guérison”, explique Roman Nudelman.
Dans le cadre de cette étude révolutionnaire, les chercheurs ont recueilli cet été près de 300 kilos de méduses, pêchées dans les environs de la Marina d’Herzliya. “Nous n’utilisons que le corps, ou cloche de la méduse, en la débarrassant de la partie vénéneuse”, explique le Prof. Richter. Cette cloche contient deux protéines très importantes pour la guérison des plaies, la mucine et le collagène. Grâce à un processus d’électro-filtrage perfectionné, les chercheurs fabriquent une solution à partir de cette chaire pour produire des fibres avec lesquelles ils créent un bandage composé de quatre couches très fines, d’une épaisseur totale d’un dixième de millimètre.
De plus, ce pansement révolutionnaire peut être personnalisé : “Le processus de production particulier de ce pansement permet d’y intégrer des couches supplémentaires, et donc de l’adapter au patient lui-même. Le pansement adhère totalement à la plaie, sans laisser aucun espace non recouvert, mais ne colle pas dessus et on peut le retirer facilement”, explique Roman Nudelman.
Un pansement personnalisé
Le diabète se caractérise par un niveau élevé de sucre dans le sang suite à un manque partiel ou total d’insuline, qui agit comme un verrou sans lequel le sucre continue de circuler dans le système sanguin au lieu de pénétrer dans les cellules qui en ont besoin comme source d’énergie. Les bactéries profitent alors de ce sucre pour se multiplier beaucoup plus vite, et c’est l’une des raisons pour lesquelles les diabétiques ont plus de difficultés à combattre les infections. La multiplication des bactéries, de même que l’altération des petits vaisseaux qui caractérise également le diabète explique le temps prolongé que mettent ces plaies pour se guérir. Si elles ne sont pas traitées à temps, elles peuvent aller jusqu’à l’amputation d’un membre. Pour ces patients, la possibilité de disposer de bandages qui fonctionneront de manière rapide, efficace et personnalisée constitue une véritable avancée.
Le bandage a déjà été testé avec succès sur des petits et grands animaux et les essais cliniques sur des patients humains vont débuter dans les prochains mois. “Je pense que nous pourrons mener les premiers essais sur des personnes d’ici trois et six mois”, a déclaré le Prof. Richter, actuellement en Australie, où sera effectuée une partie des essais cliniques parallèlement à ceux menées en Israël. “Nous espérons que ces essais seront aussi réussis que les précédents”.
Auteur : Sivan Cohen-Wiesenfeld, PhD, Rédac’chef de la newsletter des Amis français de l’Université de Tel Aviv