Chaque année, Israël accueille sur son territoire 17 espèces d’oiseaux migrateurs au km2. Soit 8 fois plus que l’Angleterre et 40 fois plus que l’Egypte ! Un record lié à sa situation géographique exceptionnelle, aux confins de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie. Dans ce cinquième article*, Ezra Banoun, expert dans les domaines de la biodiversité et des énergies renouvelables, fait le point sur l’approche israélienne de ces phénomènes migratoires.
Mais également grâce à la volonté farouche de placer la biodiversité au cœur de l’aménagement du territoire israélien. Les explications d’un tel record.
En Israël les terres sont du domaine public : leurs usages sont déterminés par la politique nationale d’aménagement du territoire. La proportion des terres protégées est importante. Un plan national détaillé pour la construction, l’aménagement et la conservation des terres a été approuvé en 2005 : ce plan tient compte de la biodiversité.
La multiplication d’arbres et l’installation de nids adaptés aux espèces d’oiseaux que l’on souhaite développer, permet de créer des conditions favorables au renouveau de la biodiversité des oiseaux.
La multiplication de pièces d’eaux peu profondes construites avec des végétations aquatiques luxuriantes le long des fleuves en cours de rétablissement d’une longue période de pollution, est une initiative intéressante.
Cela a permis aussi de créer des conditions favorables au renouveau de la biodiversité de la vie aquatique, en créant des stations relais adaptées aux oiseaux migrateurs tout en protégeant les étangs a élevage de poissons des agriculteurs.
Le rétablissement d’une partie du lac de Houla
La vallée de la Houla est la partie Nord de la vallée du Jourdain ; Elle abrita le lac de la Houla jusqu’à l’assainissement de ce dernier (1936 /1958) : une partie du lac a été reconstituée et a été transformé en parc naturel protégé sur la route des oiseaux migrateurs pour éviter que certaines tourbières asséchées polluent les eaux du lac de Tibériade.
Le rétablissement de la zone de marécages lacustres a permis un développement exceptionnel de la faune (tortue, boa, campagnol terrestre, mériones, taupe, gazelle, lièvre, chacal, loup, mangouste, loutre, ragondin, pipistrelle de Kuhl, Murin de Cappacini), des espèces des marécages, discoglosse d’Israël (inscrit parmi les 100 espèces les plus menacées du monde), crapaud vert, grenouille, rainette verte, pélobates, triton, tortue, trionychidé, ibis, grèbe, jougris, foulque, sarcelle).
Les volatiles (alouette, corbeau, choucas, étourneau, pigeon, pinson des arbres, verdier, serin, chardonneret, bruant, grue cendrée, busard, buse féroce, aigle, émerillon, vanneau à éperons, coulis cendré, tarier, cigogne blanche, hirondelle rousseline, hirondelle rustique, guêpier, faucon, héron cendré, perdrix, caille, glaréole, pluvier à double collier, bécasseau minute, barge à queue noire, échasse, aigrette garzette, pélican, cormoran, mouette rieuse, goéland argenté, rousserolle effarvatte, bouscarle de Cetti, fauvette, blongios nain, rousserolle…
Les oiseaux migrateurs en Israël
Israël se trouve aux confins de trois continents : Europe, Afrique et Asie. Ce pays une des voies majeures pour la migration des oiseaux. On estime à un demi-milliard le nombre d’oiseaux qui transite par Israël pendant leur migration. Dans leur migration printanière vers l’Europe, certaines espèces restent pour nicher ici. Pourtant, sur chaque kilomètre carré du pays on trouve en moyenne 17 espèces différentes d’oiseaux : ce nombre est 8 fois plus important que le nombre d’espèces différentes au km carré existant en Angleterre ou 40 fois plus en ce qui concerne l’Egypte.
Le pays a dû s’adapter à la présence de ces oiseaux : la disparition des marais lié aux travaux d’aménagement a posé des difficultés de ravitaillement aux oiseaux migrateurs. Trop fatigués pour manquer leur halte et poursuivre leur route, ils s’attaquèrent aux récoltes. Que faire ?
Les agriculteurs décidèrent de créer une coopérative pour nourrir ces oiseaux de passage afin qu’ils puissent continuer leur migration. De nos jours ce sont 6 tonnes de maïs par jour et 10 tonnes de poissons qui sont apportées dans des réserves où les grues cendrées et les pélicans peuvent se reposer. Il n’y a que les cormorans qui continuent à embêter les pécheurs du lac de Tibériade (Kinnereth) : ils préfèrent leur chiper leurs poissons !
L’autre danger, ce sont les accidents d’avion dus aux collisions avec les oiseaux. Pour les éviter, l’armée de l’air scanne en continu le ciel du pays pour transmettre en direct des informations aux pilotes.
Israël et l’environnement : l’approche « Tikoun Olam »
L’approche israélienne qui a pris en compte le problème de la plantation massive d’arbres des 1911 soit un demi-siècle avant que la nécessité de protéger l’environnement apparaisse dans les sociétés euro-américaines, est fondée sur un commandement de la bible hébraïque ‘’car l’être humain est l’arbre des champs‘’ qui est compris à deux niveaux la vie de l’être humain suppose un enracinement dans son histoire et dans son environnement qu’il nous faut améliorer et faire vivre par la multiplication des arbres et des plantes.
De même, l’approche israélienne qui a pris en compte la nécessité de faire ‘’refleurir le désert’’, c’est-à-dire de le faire ‘’revivre’’ pour permettre aux êtres humains d’y vivre, qui est apparu dès la création de l’état, est unique et est fondée sur un commandement de la bible hébraïque ‘’et je t’ai donné la terre pour la traiter et la conserver’’.
Ces deux approches n’ont rien à voir avec l’approche classique euro-américaine fondée sur la nécessité de ‘’réparer’’ les préjudices portées à l’environnement ‘’naturel’’ par le développement de la société mais de traiter l’environnement naturel pour le rendre plus adapté a la vie des êtres humains. Ce commandement s’exprime en hébreu par la responsabilité des êtres humains à améliorer le monde et à réparer la création (tikoun olam).
Auteur : Ezra Banoun pour alyah.fr et Israël Science Info
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