26 février 2015 : Une journée à la découverte du patrimoine naturel israélien. Cette journée est placée sous le signe de la découverte du Fonds National Juif, le Keren Kayemeth LeIsrael (KKL). Ce Fonds axe ses activités autours de trois piliers: l’eau, la forêt et le développement communautaire.
Nous nous sommes d’abord rendus à Kfar Saba à la rencontre de Chaïm Messing qui nous a présenté le premier projet pilote de biofiltres. Ce dispositif récolte les eaux de ruissèlement du quartier et les épure naturellement. L’eau circule dans un système racinaire fin permettant, grâce à cinq différents substrats, le développement de populations microbiennes spécifiques. Celles-ci absorbent les contaminants de l’eau. L’eau est majoritairement réutilisée pour l’irrigation du quartier.
Ce projet possède aussi une dimension sociale intéressante. L’amphithéâtre, entouré d’un espace vert, qu’il crée est agréable à la population, et le cadre pédagogique sensibilise cette dernière. Ainsi, pour un pays qui possède des « villes sensibles à l’eau », cette alternative est indispensable. Et dans l’optique des villes durables, attentive à leurs ressources et à leur équilibre social, cette solution semble prometteuse. Pour concilier encore plus l’utile à l’agréable, l’espace vert pourrait être planté avec des espèces comestibles, et non pas d’ornement.
Nous avons ensuite traversé une grande partie du pays, pour aller au Nord, en Galilée. Avec ses formes arrondies, cette région est beaucoup plus verte que ce que nous avions pu voir auparavant. Le lac de Tibériade, une des principales sources d’eau naturelle du pays, rend la région moins désertique que dans le Sud.
Notre délégation a été reçue à l’Adir, pour le déjeuner, à côté de la ville de Sfat. Deux familles travaillent sur ce site, l’une produisant différents fromages de chèvre, l’autre étant productrice de vin. Nous avons pu déguster une large palette de produits issus de lait de chèvre, ainsi que trois vins (Sauvignon blanc 2013, Cabernet Sauvignon 2012, un vin liquoreux), qui n’ont rien à envier à certains vins français !
Notre dernière visite avec le KKL nous amène à la Réserve Naturelle d’Agmon Hula, se situant sous le plateau du Golan. Ancien marais, il avait été asséché en 1952, dans le cadre du premier grand projet d’ingénieur de l’Etat Israélien. Il devait permettre à la vallée du Hulan de devenir « le grenier de l’Israël », d’après le premier Ministre de l’époque, David Ben Gurion. Cependant, ces terrains tourbeux, ne sont pas propices à l’agriculture : départ de feux souterrains, érosion des sols. Ce lieu a été la scène du premier désastre écologique : eutrophisation (invasion des algues vertes), extinction d’espèces végétales, disparition des oiseaux migrateurs.
En 1994, un plan de restauration du marais a commencé, passant par la replantation des groupements végétaux et l’aménagement de canaux. Celui-ci a permis le retour des espèces migratrices, faisant d’une partie de cette vallée, un magnifique parc naturel, que nous avons eu la chance de visiter. Nous avons pu observer beaucoup d’espèces différentes, dont le ballet impressionnant de centaines de milliers de grues cendrées. Israël étant le carrefour de l’Asie, l’Europe et l’Afrique, cela fait de lui le 2ème plus grand pays de migration des oiseaux, derrière le Panama.
Nous tenons à remercier le KKL, la Fondation France-Israël et en particulier Aély de l’organisation de cette journée !
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27 février 2015 : Départ 8h55 pour nous rendre dans les bureaux de Gvahim pour une conférence sur « l’utilisation optimale des ressources en eaux d’Israël pour les besoins de son agriculture » faite par l’ingénieur des Mines Ezra Banoun, expert en traitement d’eau. Il nous a d’abord présenté l’agriculture en Israël et son développement permis par une gestion de l’eau optimale, puis il a comparé l’approche française et israélienne de la gestion de l’eau.
Aujourd’hui Israël poursuit le développement de son agriculture dans une volonté d’indépendance alimentaire. Produire en quantité suffisante, suivant des modèles industriels, pour nourrir sa population reste sa priorité. Ce développement de l’agriculture est permis par l’amélioration de la gestion de l’eau et l’innovation technologique en réponse aux particularités hydriques du pays (déficit hydrique, différence de précipitation nord/sud, salinité des eaux). Ainsi la majorité de l’eau utilisée en agriculture provient du recyclage des eaux urbaines, du traitement des eaux saumâtres, ou du dessalement de l’eau de mer grâce au processus d’osmose inverse. Pour faciliter cet accès à l’eau en en diminuant son prix, des mesures politiques favorisant la concurrence internationale et cherchant à briser les monopoles ont été mis en place depuis 1978.
En France, nous avons une approche « pollueur payeur » tandis qu’en Israël, en considérant l’eau comme si « chaque goutte était un trésor », de nombreuses start-up ont vu le jour proposant des technologies visant à une meilleure gestion des ressources (systèmes de détection de zone de perte au niveau des canalisations, micro-irrigation avec goutteurs…)
Enfin, nous avons évoqué ensemble le projet de transfert d’une partie des eaux de la mer rouge vers la mer morte, qui permettrait de produire de l’électricité, de l’eau potable et pour l’agriculture et en maintenant le niveau de la mer morte, présenterait un intérêt touristique.
Cette conférence interactive et exhaustive, nous a permis d’avoir une vision d’ensemble sur toutes les initiatives en la matière, permettant ainsi de conclure ce thème abordé par divers acteurs dans la gestion de l’eau nous ayant présenté leur activité.
Nous nous sommes ensuite rendus à Yafo, avons pu visiter son marché aux puces, sa vieille ville, admirer le port de Yafo, et flâner en bon touriste dans ses ruelles animées !
En soirée, nous avons eu l’occasion de diner avec Malek Abu Alfailat, responsable de la branche palestinienne d’EcoPeace, projet tripartite impliquant des israéliens, des jordaniens et des palestiniens sur la gestion régionale des ressources en eau. L’organisme créé en 1994 possède 3 centres, un à Tel Aviv, un à Ramallah et un à Amman. Son objectif est de faciliter une gestion commune des ressources notamment de l’environnement et de l’eau entre les trois états. Ceci passe par la mise en place de nombreux projets de développement locaux, bénéficiant aux trois communautés et servant de base à un climat de paix. Il a par exemple évoqué un projet d’écotourisme dans la vallée du Jourdain bénéfique à l’économie de la région tout en préservant l’environnement. Malek Abu Alfailat a également soulevé les défis à mettre en place ce genre de projets en Palestine du fait des tensions entre communautés et la partition de sa gestion entre les autorités Palestinienne et Israélienne.
Cette dernière rencontre nous a apporté un point de vue très enrichissant, révélant la complexité des relations à la fois environnementales, économiques et diplomatiques autour de cette ressource clé tout en montrant les initiatives positives de collaboration régionale sur des problématiques communes.
Et c’est ainsi que se sont terminées nos visites officielles en Israël. Elles auront été les composantes d’une formidable aventure, riche en enseignements et en rencontres. Nous avons eu la chance de voyager dans un pays accueillant et dynamique, dans un cadre professionnalisant, tout en découvrant les paysages et les cultures variés de ce pays, et en visitant des sites magnifiques autour de la Mer Morte et du lac de Tibériade.
Cette semaine n’aurait jamais eu lieu sans M. Nefussi, enseignant à AgroParisTech, Aély Haccoun, directrice du bureau israélien de la Fondation France-Israël, M. Trystram, directeur général d’AgroParisTech, ainsi que le soutien du Ministère des Affaires Etrangères israélien, l’Ambassade de France en Israël et tous les nombreux participants qui nous ont accueillis et aidés à réaliser notre voyage ; nous les remercions tous très chaleureusement pour leur soutien. Le voyage en Israël restera pour nous tous une expérience inoubliable !
Mathilde, Aurore et Johanna, étudiantes-ingénieures AgroParisTech
Pour la Fondation France Israël