Fléau des chats errants en Israël : l'UHJ montre comment contrôler les populations

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L’augmentation du nombre de chats de rue en liberté est un problème mondial. Les chats errants sont considérés comme l’une des espèces les plus envahissantes au monde. Bien qu’ils présentent un risque pour la santé humaine, détruisent un grand nombre d’animaux sauvages et souffrent d’une qualité de vie médiocre, la plupart des gens hésitent à les éliminer en grand nombre, comme pour les rats et les cafards.

« On dit que les ancêtres des chats ont été lâchés en Israël par les Anglais du temps du mandat britannique, afin de traquer les rats. Leurs descendants seraient aujourd’hui aux alentours de deux millions, soit un chat de gouttière pour quatre habitants, un record mondial. A Jérusalem, leur concentration est estimée à 2000 félins sauvages au kilomètre carré, c’est la plus haute concentration au monde. Pour la SPA locale, toute puissante, fondée avant même l’Etat hébreu, toute forme d’éradication animale est taboue. Bref, Israël a un problème de chats. » (Libération).

Dr Idit Gunther
Dr Idit Gunther

Actuellement, la méthode de contrôle de la population la plus populaire est la TNR : les chats sont piégés, stérilisés et renvoyés au même endroit. La recherche menée par le Pr Eyal Klement et le Dr Idit Gunther de la Koret School of Veterinary Medicine de l’Université hébraïque de Jérusalem (UHJ) est la première étude qui contrôle et étudie l’impact de différents protocoles sur une période de 12 ans. « Bien que cette méthode ait été mise en œuvre dans diverses parties du monde, il y avait des preuves controversées concernant son efficacité pour réduire les populations de chats et aucune preuve tangible concernant son efficacité à réduire les nuisances liées aux chats ou à améliorer leur bien-être », explique Eyal Klement. Leurs résultats montrent l’importance de mettre en œuvre une politique de stérilisation continue et intensive des chats dans toute la ville.

L’étude s’est concentrée sur la ville israélienne de Rishon LeZion et a testé différentes méthodes de contrôle de la population sur trois périodes de 4 ans. Dans la première, il n’y a pas eu d’intervention auprès de la population. Dans la seconde, les chercheurs ont organisé un programme intensif de stérilisation des chats dans la moitié des cinquante zones de la ville, tandis que les zones restantes servaient de groupe témoin dans lequel les chats étaient laissés sans aucune intervention. Lors de la troisième période, la stérilisation a été appliquée à l’ensemble de la population féline de la ville. L’étude a révélé que la stérilisation dans seulement la moitié des zones de la ville ne réduisait pas la population de chats.

Pr Eyal Klement
Pr Eyal Klement

Les chercheurs attribuent cette découverte inattendue à l’immigration de chats non castrés dans la région. Lors de la troisième vague, une réduction annuelle de 7% de la population de chats a été obtenue, mais une augmentation du nombre de chatons a été observée, probablement en raison d’une augmentation de leur survie due au manque de compétition avec les chats castrés, moins agressifs. «Les chats intacts sont plus territoriaux que leurs homologues castrés. Une fois qu’ils emménagent dans un quartier avec des chats stérilisés, ils ont tendance à s’épanouir et à prendre le relais », note Eyal Klement.

L’idéal, selon l’étude israélienne, serait de stériliser en continu en continu 70% des populations de chats des rues. Pour annuler l’effet rebond, le Pr Klement suggère de contrôler les ressources d’aliments pour chats parallèlement à la campagne de TNR. « Cela peut être réalisé en installant des stations d’alimentation dans des endroits convenus et en interdisant l’alimentation dans d’autres zones publiques », conclut Eyal Klement. Cela garantirait que les chats sont nourris correctement et une politique de stérilisation pourrait être facilement mise en œuvre en attrapant les chats lorsqu’ils viennent se nourrir.

Publication dans PNAS 4 avril 2022

Traduit et adapté par Esther Amar pour Israël Science Info

voir aussi l’article Jerusalem’s dilemma over hordes of stray cats

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Hebrew U. Veterinary School Concludes 12-Year Study of Street Cats, Reveals How to Successfully Control Population Numbers. Increasing numbers of free-roaming street cats is a global problem.  In fact, stray cats are considered one of the world’s most invasive species.  However, while they pose a health risk to humans, destroy large numbers of wildlife and suffer from poor welfare, most people are reluctant to cull their numbers with the fierceness we bring to rat and cockroach populations.

Dr Idit Gunther
Dr Idit Gunther

Currently, the most popular population-control method is called TNR in which cats are Trapped, Neutered and Returned to the same location.  Research led by Professor Eyal Klement and Dr. Idit Gunther of the Koret School of Veterinary Medicine at the Hebrew University of Jerusalem (HU) is the first time that a controlled study has investigated the impact of different protocols over a period of 12 years.  “Although this method has been implemented in various parts of the world, there was controversial evidence regarding its effectiveness for reducing cat populations and no hard evidence regarding its effectiveness in reducing cat- related nuisances or improving their welfare,” Klement explained.  Their findings show the importance of implementing a policy of continuously and intensively neutering cats throughout a city, and were published in the PNASjournal.

The study focused on one Israeli city (Rishon LeZion) and tried out different population –control methods over three 4-year periods.  In the first, there was no population intervention.  In the second, the researchers organized an intensive program of neutering of cats in half of the fifty zones of the city, while the remaining zones served as a control group in which the cats were left without any intervention.  In the third period, neutering was applied to the entire cat population of the city.

Pr Eyal Klement
Pr Eyal Klement

The study found that neutering in only half of the city zones did not reduce the cat population.  The researchers attribute this unexpected finding to the immigration of unneutered cats into the area.  In the third wave, a 7% annual reduction of cat population was achieved, but a rebound increase in the number of kittens was noted, probably due to an increase in their survival due to lack of competition with the neutered, less aggressive cats. “Intact cats are more territorial than their neutered counterparts.  Once they move into a neighborhood with neutered cats, they tend to thrive and take over,” explained Klement.

The ideal, according to the Israeli study, is to ensure that 70% of street cat populations are neutered continuously.  To negate the rebound effect, Klement suggests controlling cat food resources in parallel to the TNR campaign.  “This can be achieved by setting up feeding stations in agreed-upon locations and by prohibiting feeding in other public areas,” Klement said.  This would ensure cats are properly fed and a policy of neutering could be implemented easily by catching the cats when they come to feed.

Publication in PNAS April 4th 2022

See also Jerusalem’s dilemma over hordes of stray cats

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