Malgré un environnement géopolitique peu favorable et une sécheresse galopante sur l’ensemble du globe, Israël est le seul pays au monde où le problème de la pénurie d’eau douce a été résolu quels que soient les effets du réchauffement climatique sur la réduction future des précipitations naturelles. Cet article de Ezra Charles Banoun, expert dans le domaine de l’eau et des énergies renouvelables, est le deuxième d’une série de quatre articles qui ont pour objectif de faire le point sur la stratégie d’Israël en matière d’environnement.
« Entre 1990 et 2010, Israël a réalisé une véritable ‘’révolution’’ dans le domaine de l’eau. Dans une première étape, des mesures innovatrices exceptionnelles fondées sur des développements technologiques d’avant-garde dans le domaine du traitement des eaux usées et de l’utilisation élargie des eaux saumâtres pour l’irrigation ont permis de faire face à un déficit de 800 Millions de m3 /an entre les précipitions naturelles (1200 Mm3/an) et les besoins (2000 Mm3/an). Ces développements technologiques sont exceptionnels, spécifiques à Israël, et ne sont utilisées ailleurs que sous licence israélienne.
Usine de dessalement d’eaux de mer Hadera
Dans une seconde étape, des mesures économiques et technologiques ont permis de faire face à un nouveau déficit de 360 Millions de m3 /an à la suite du réchauffement climatique. Cette étape a été franchie grâce à la mise en œuvre à grande échelle du dessalement d’eaux de mer à un coût beaucoup plus réduit que celui du marché international (25% moins cher).
Dans ce domaine la France est restée au niveau de traitement des eaux usées entrainant la pollution progressive de son réseau hydrographique souterrain sans solution pour son avenir et celui de la plus grande partie de l’humanité. D’après les travaux d’une Université hollandaise, 70% des populations du monde a vécu l’an dernier une pénurie en eaux douces durant un mois au minimum : la sècheresse est un problème mondial.
La restauration des réseaux hydrographiques
La lutte contre la pollution du réseau hydrographique superficiel en France a commencé dans les années 1970. Aujourd’hui les eaux usées sont déversées dans ces réseaux après un traitement ‘’secondaire complété par une dénitrification’’.
En Israël, les efforts de lutte méthodique contre la pollution organique du réseau hydrographique superficiel a commencé plus tard, vers les années 1990, mais elle a été plus complète. Les études effectuées à cette période, par les services hydrologiques israéliens ont mis en évidence que ce niveau de traitement ne suffisait pas pour protéger le réseau hydrographique souterrain contre une forme de pollution dangereuse pour l’utilisation future de ces réserves d’eaux douces en tant « qu’eaux potables’’.
Pour protéger le réseau hydrologique souterrain, il est indispensable de compléter le traitement de niveau ‘’secondaire’’ par un traitement de niveau ‘’tertiaire’’ permettant d’obtenir des eaux quasi-potables. Ce traitement permet aussi de protéger les mers /océans où sont rejetés les eaux usées traitées. Depuis, toutes les eaux usées en Israël font l’objet d’un traitement tertiaire. Israël est le seul pays du monde où le traitement des eaux usées est de type tertiaire et permet de garantir un niveau de qualité des réseaux hydrographiques exceptionnel, tout en prévenant les effets de pollution accumulée des réceptacles (mers et océans).
Israël utilise ses capacités pour développer des projets régionaux
Un accord a été signé entre le Royaume de Jordanie, l’Autorité palestinienne et Israël en 2013.
Objectifs :
- une station de pompage sera réalisée près d’Akaba pour pomper 300 Mm3/an (millions de m3 par an) :
– 1.1-100 Mm3/an ces eaux seront dessalées dans une usine de dessalement construite à partir de la technologie israélienne : les eaux douces seront transmises à Israël et exploitées pour développer la conquête du désert dans la Arava Sud ; la même quantité sera transférée par Israël à la Jordanie à partir des eaux du Lac de Tibériade.
– 1.2-le solde (200 Mm3 /an) sera expédié en direction de la Mer Morte. - créer une canalisation de près de 200 Km en mesure de transporter ces 200 Mm3/an, exploiter la dénivellation (400 m.) pour produire de l’électricité dans une centrale hydro-électrique, exploiter l’électricité produite pour faire le dessalement de 100 Mm3/an qui seront répartis entre les 3 partenaires -Exploiter les eaux douces produites et les infrastructures en électricité pour promouvoir un développement agricole, urbain et touristique de tous les territoires des partenaires et en priorité la vallée de la » Arava du Nord « et la région de la Mer Morte et reconquérir le désert de cette zone .
- déverser les 100 Mm3/an d’eaux salées de la Mer Rouge dans la Mer Morte pour lutter contre la baisse systématique du niveau de l’eau
Une fois le lac de Tibériade restauré suite à la surexploitation dans la période qui a précédé la mise en route, Israël va envoyer dans la vallée du Jourdain et dans toutes les autres vallées à sec en été, 50 millions de m3/an pour les faire ‘’revivre’’ et contribuer à relever le niveau de la Mer Morte. Dans le domaine de la gouvernance des ressources en eaux et des réseaux hydrologiques, Israël est à l’avant-garde dans le monde. »
Auteur : Ezra Banoun pour alyah.fr et Israel Science Info
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