Lors d’une cérémonie de Yom Haatsmaout, jour qui célèbre l’indépendance de l’Etat hébreu, le Professeur Dan Yakir de l’Institut Weizmann des sciences a reçu le prestigieux prix Israël pour ses travaux en géologie, en sciences de la Terre et en sciences de l’atmosphère, et pour ses avancées remarquables sur l’impact des forêts semi-arides sur le climat mondial.
« Au sein de la station d’observation qu’il a fondée dans la forêt de Yatir, le Pr Yakir explore les interactions entre la biosphère et l’atmosphère, en particulier l’influence de la végétation sur l’environnement et le climat », avait souligné l’ancien ministre israélien de l’éducation, Naftali Bennett.
Depuis près de deux décennies, le Pr Yakir, membre du Département des sciences de la Terre et des planètes de l’Institut Weizmann des sciences en Israël, exploite la station de Yatir, une pinède de pins d’Alep à la lisière du désert du Néguev. Cet écosystème semi-aride a constitué la base de nombreuses études climatiques de grande ampleur, permettant au Pr Yakir et à ses collègues d’utiliser la forêt comme modèle pour comprendre comment les plantes influencent leur environnement et le climat au sens large.
En mesurant les différences minimes de concentrations d’isotopes d’oxygène et de carbone lors de la photosynthèse des plantes, le Pr Yakir a découvert des processus chimiques uniques se déroulant à la fois dans les plantes et dans le sol et évaluer les mécanismes de stockage du carbone dans la biosphère. Ses données ont révélé comment ces échanges gazeux fluctuent en fonction des facteurs de stress environnementaux, pollution de l’air, vagues de chaleur et sécheresses… offrant ainsi aux décideurs un repère plus précis pour évaluer l’impact des activités humaines. Les travaux du Pr Yakir ont également joué un rôle essentiel dans la recherche sur le captage du carbone dans les forêts et dans la lutte contre la désertification dans les régions vulnérables.
Une récente étude du laboratoire du Pr Yakir, publiée dans Nature’s Scientific Reports, suggère que la plantation de forêts semi-arides dans deux zones auparavant négligées d’Afrique et d’Australie pourrait radicalement contrebalancer le réchauffement climatique induit par l’homme. De tels arbres pourraient absorber une quantité de carbone équivalent à 10% de l’absorption mondiale et aider à refroidir la Terre en six ans environ. L’étude, pilotée par le Dr. Gil Yosef, ancien élève du Pr Yakir, a montré que les arbres pouvaient collectivement favoriser la formation de nuages, en intensifiant l’humidité dans l’atmosphère au-dessus d’eux et en refroidissant la surface.
Estimant que le Pr Yakir avait mis au point des «méthodes innovantes» utilisant des isotopes stables et d’autres gaz à l’état de traces pour évaluer l’importance de la photosynthèse pour le climat mondial, le comité du Prix Israël l’a félicité pour la publication de processus critiques dans le «système plante-sol-atmosphère» et pour avoir fondé la station de recherche de Yatir.
« La station est intégrée à un réseau de stations mondiales dans différentes zones climatiques et fournit des données uniques sur l’impact d’un écosystème semi-aride sur le climat de la Terre dans le contexte du changement climatique », a déclaré le comité. « Le Prof. Yakir a grandement contribué à l’avancement de la science et aux relations entre la science et la société en Israël et dans le monde.”
Le Pr Yakir a reçu ce prix prestigieux lors d’une cérémonie annuelle à Jérusalem, le Jour de l’indépendance, aux côtés du Pr Adi Kimchi, son collègue de l’Institut Weizmann, qui se verra remettre le prix Israël pour les sciences de la vie. Le Pr Kimchi, membre du département de génétique moléculaire de l’Institut Weizmann.
Publication dans Nature Scientific Report, 17 janvier 2018
Traduction/adaptation Esther Amar pour Israël Science Info