Nicole Riahi, fondatrice du site israelandyoo a interviewé le Pr Meir Zadok, Directeur de l’Israel Academy of Sciences and Humanities. Meir Zadok explique ce que c’est d’être israélien et de vivre dans l’Etat hébreu et il décrit des coopérations internationales remarquables.
Script de l’interview :
Je m’appelle Meir Zadok, je suis directeur de l’Académie des Sciences à Jérusalem. Parmi les membres de l’Académie nous comptons cinq Prix Nobel. Plus généralement au sein de notre académie nous accueillons des sommités internationales dans le domaine scientifique.
Je suis né à Bagdad. Notre communauté a été expulsée en 1951 bien que notre présence sur ce sol soit bimillénaire. Nous sommes arrivés en Israël et avons vécu sous des tentes dans un camp de réfugiés pendant dix ans. J’ai étudié à Haïfa, j’ai accompli mon service militaire puis je me suis dirigé vers Jérusalem. J’ai également étudié en Angleterre où j’ai eu mon doctorat dans le domaine du financement et l’économie des universités.
Nos relations scientifiques avec les autres pays se développent, ceci en dépit des révolutions et des contre-révolutions en Égypte par exemple. Ainsi l’Académie a maintenu son Centre intitulé « Académie des Sciences d’Israël » au Caire. Depuis le retour au calme en Égypte, nous avons repris des relations scientifiques normales avec nos voisins malgré les aléas de la situation géopolitique dans la région.
Nous avons aussi des écrivains, des poètes, des metteurs en scène qui viennent dans notre Centre et nous nous efforçons de garder des activités en Égypte. Nous avons également de bonnes relations avec des scientifiques de l’Autorité palestinienne et nous avons gardé les mêmes relations avec la Jordanie. Israël est l’inspirateur du projet phare nommé Sésame à Amman qui vise à évaluer les infrastructures de radiations du synchrotron en partenariat avec des scientifiques du monde arabe et iraniens, et du monde arabe, comme mes marocains, les égyptiens et les jordaniens.
Nous l’appelons Sésame car nous espérons que ce sera une porte ouverte vers la paix et vers la coopération entre nos peuples. Quant à nos relations avec la Chine, des scientifiques chinois viennent souvent nous voir et nous avons aujourd’hui une représentation en Chine. Nous échangeons également avec les grands pays en Occident tels que les USA, la France, l’Allemagne, l’Angleterre…
Nous sommes l’un des premiers bénéficiaires en termes de subventions reçues de l’Europe quand il s’agit de compétition basée sur l’excellence. Israël investit 4,7% de son PIB en R&D et ceci bien sûr constitue un pôle d’attraction pour les starts-ups.
Compte tenu de l’instabilité financière et politique dans le monde c’est un petit miracle. Un miracle de voir notre population composée de réfugiés d’Europe après la deuxième guerre mondiale qui arrivèrent dans un pays aride, nu, sans eau, sans ressources minérales. Pour moi qui vit ici depuis l’âge de cinq ans je l’affirme : nous sommes passés de l’âge de pierre à l’industrie high tech en l’espace d’une vie. J’essaie de tendre la main aux minorités qui vivent avec nous, avec des personnes de cultures religieuses différentes, dans des zones difficiles et je pense qu’on s’en sort assez bien. Pour moi être israélien, c’est fascinant. Vous grandissez avec des gens d’Ethiopie, des gens qui viennent de grands pays du monde, comme les États-Unis, l’Angleterre, la France. Nous avons une population issue d’une centaine de pays, de différentes cultures, différentes cuisines et tout ce monde cultive le vivre ensemble harmonieusement grâce à l’éducation, la santé. C’est agréable, pas facile mais sûrement différent des pays où de génération en génération rien ne change et où les populations vivent outes au même endroit et mangent toutes la même nourriture. Être israélien ce n’est pas seulement une question de choix c’est une volonté d’être et de vivre ensemble.