Les bactéries dans le corps jouent un rôle essentiel dans la santé. Appelé le microbiote, cette communauté écologique nous affecte dès la naissance. Le microbiote des bébés nés naturellement par le canal de naissance (dernier endroit où un enfant passe lors de l’accouchement) diffère du microbiote des bébés nés par césarienne.
Le microbiote a de nombreuses fonctions différentes et surprenantes dans le monde animal. Les éléphants, par exemple, mangent leurs excréments car ils leur fournissent une richesse de bactéries introuvables ailleurs. Les calmars se camouflent en utilisant des bactéries qui produisent de la lumière, dissimulant ainsi leur ombre aux prédateurs. Le microbiome affecte également les humains, il est responsable du maintien de notre bonne santé mais aussi de certaines maladies, tel que le diabète, le cancer et l’obésité. Ils affectent même notre humeur.
« L’effet du microbiote sur le système immunitaire est au centre des recherches du Dr Naama Geva-Zatorsky », précise Muriel Touaty, Directrice générale du Technion France.
Dr Geva-Zatorsky, 39 ans, est un nouveau membre du corps professoral de la Faculté de médecine Ruth et Bruce Rappaport du Technion et du Centre intégré de cancérologie Technion (TICC). Elle est née au Moshav Ometz dans la vallée de Hefer et a vécu dans plusieurs pays. Enfant, avant même de connaître le sens du mot biologie, elle aimait collectionner des feuilles et observer des escargots et d’autres animaux dans la nature. Quand elle a commencé à étudier la biologie, elle a découvert que les bactéries communiquent entre elles et avec l’environnement. C’est alors devenu le centre de sa recherche scientifique.
« Nous savons tous qu’il y a beaucoup de cellules dans notre corps, d’origine humaine ou non humaine. Mais il est important de comprendre que les bactéries qui coexistent en nous sont très importantes pour notre santé, et donc nous devons apprendre à vivre avec eux. Les bactéries intestinales, qui sont la population la plus abondante et la plus diversifiée des bactéries dans notre corps, ont une relation complexe qui a évolué au cours des siècles de coévolution », explique le Dr Geva-Zatorsky.
Sa carrière universitaire a commencé avec un B.Sc. à l’Université de Tel Aviv, une maîtrise et un doctorat à l’Institut Weizmann des Sciences. Elle y a étudié les réponses des cellules cancéreuses aux médicaments chimiothérapeutiques et le développement de combinaisons de médicaments anticancéreux efficaces. Elle enchaine ensuite des études sur les effets du microbiome du tube digestif sur le système immunitaire de l’hôte.
Elle a reçu plusieurs prix au cours de sa carrière, dont le prix international L’Oréal-UNESCO 2012 pour les femmes et la science. Avant de rejoindre le Technion, elle a travaillé au Département de microbiologie et d’immunobiologie de la Harvard Medical School. Dr Geva-Zatorsky a récemment reçu la bourse d’études Alon, une bourse prestigieuse conçue pour faciliter l’incorporation de jeunes chercheurs dans les universités israéliennes.
Dans sa recherche, publiée dans Cell Science et d’autres revues de premier plan, le Dr Geva-Zatorsky a montré que la relation entre le microbiome et le système immunitaire affecte considérablement les fonctions de celui-ci. Aux États-Unis, elle a développé, selon ses propres mots, «une nouvelle méthode qui permet de suivre le microbiote en temps réel. Cette méthode nous permet de voir en temps réel les bactéries communiquant entre elles et avec notre corps ».
Avec cette méthode, le Dr Geva-Zatorsky étudie les communications entre les bactéries intestinales et les cellules de notre système immunitaire. Dans des expériences sur des modèles de souris, elle a démontré l’importance de plus de 60 bactéries intestinales humaines différentes dans le développement du système immunitaire de l’hôte. « Lorsque nous ajoutons les bactéries appropriées à un organisme, son système immunitaire se développe et devient plus fort. Ceci, bien sûr, rappelle le développement du système immunitaire du nourrisson en réponse à la présence de bactéries. Notre technologie nous permet d’identifier le rôle de chaque type de bactéries dans ce processus, et l’idée est que dans le futur nous utiliserons des bactéries pour créer des médicaments uniques pour différents types de perturbations dans le système immunitaire et pour diverses maladies ».
Source Technion France