Le Monde. Le traitement des eaux usées en Israël, voyage de presse du Bnai Brith et de Norbert Lipszyc

[:fr]Suite au voyage de presse organisé par Norbert Lipszyc, président de la SPNI France et blogger pour crisedeleau, et par Véronique Hauptschein (Bnai Brith), voyage dont Israël Science Info était partenaire média, l’un des nombreux journalistes français qui a participé au voyage, Francis Pisani, a publié un passionnant article sur lemonde au titre accrocheur « Qui veut boire l’eau des égouts ? »

Article. « En boire ou pas ? C’est en me posant cette question que je viens de visiter Shafdan, la plus grande station d’épuration d’eaux sales d’Israël et la plus avancée de la région. De quelle eau s’agit-il ? De celle qui sort des douches, lavabos, éviers et autres toilettes des villes du coin, à laquelle s’ajoutent les eaux rejetées par les différentes industries locales.

Pour résoudre les problèmes dus au manque d’eau, les Israéliens ont recours à trois solutions : les économies, la désalinisation et la purification des eaux usées. A Shafdan, comme dans toutes les entreprises de ce genre, l’objectif est de réduire la contamination par les eaux sales et de les réutiliser le mieux possible. Selon Meir Ben Noon, chargé des visites du centre, 99,8 % de ce qui sort des égouts est effectivement de l’eau. Le plus gros problème provient des ordures qu’elle trimballe : 40 tonnes (dont 30 de lingettes) sont récupérées chaque jour dans les tuyaux. On y trouve parfois de l’or voir des téléphones cellulaires et, une fois au moins, une bicyclette.

Tous les solides sont retirés au bout de quelques heures. Les boues sont transformées en engrais organiques et données gratuitement aux agriculteurs de la région. L’usine de Shafdan occupe 200 hectares et fonctionne avec 50 salariés. Tout est géré par des ordinateurs qui contrôlent vannes, machines et filtres. Le nettoyage est confié à des processus biologiques avant réinsertion dans le sol. Le gros avantage du dispositif étant, pour Meir Ben Noon, que « cela ne requiert ni salaires ni retraites ». Il ajoute que son pays « est leader mondial en matière de récupération des eaux usées. 85 % de l’eau des égouts est recueillie et purifiée. En deuxième position Singapour est loin derrière, suivi de l’Espagne, troisième avec 27 % », qui pourrait bientôt être dépassée par la Jordanie.

Malgré les arguments pour prouver la pureté de l’eau traitée, celle-ci n’est employée que pour l’agriculture. « C’est Mekorot, l’autorité de l’eau qui a décidé de l’utiliser pour irriguer le désert du Néguev », explique Meir Ben Noor. « Nous ne buvons pas cette eau mais nous pourrions », ajoute-t-il en nous montrant des bouteilles dont une seule est remplie d’un liquide saumâtre : « 1 000 bouteilles d’eau provenant des égouts deviennent 1 000 bouteilles d’eau buvable. »

Des eaux de qualité « potable » ou « buvable »

Israël n’est pas seule sur ce chemin. Les touristes qui s’aventurent jusqu’en Australie doivent savoir qu’ils ont « peut-être bu de l’eau recyclée ». Qu’ils se rassurent, l’ONG locale Choice estime que « les problèmes pouvant provenir de [ce type d’eau] ne tiennent ni à la faisabilité technologique ni à la science qui ont fait leurs preuves. Le point d’achoppement est l’acceptation par la communauté et la confiance dans les autorités ». Pour le moment, l’eau retraitée (en provenance, essentiellement, des eaux de pluie récupérées) est d’abord redirigée vers l’irrigation et l’usage industriel. Ailleurs dans le monde, l’eau des égouts est utilisée comme eau potable dans différents comtés américains comme Orange en Californie, Scottsdale en Arizona, ou à Windhoek, capitale de la Namibie, Londres et surtout à Singapour.

Soucieuse de trouver une formule capable de rassurer la population, cette ville-Etat du sud-est asiatique, a choisi le nom de NEWater pour désigner les eaux qui ne sont plus nouvelles mais qu’un ensemble de technologies avancées a permis de transformer en « eaux de qualité potable». Elle couvre ainsi 35 % de ses besoins avec pour objectif d’atteindre 80 % en 2060 (pour mieux négocier avec la Malaisie qui lui fournit une bonne partie de son eau dans le cadre d’un accord qui expire en 2061) explique George Madhavan de la Public Utility Boards (PUB).

Répétée à l’envi sur bien des sites et de multiples présentations, la formule en Israël est plutôt : « eau de qualité buvable » (drinkable quality water), ce qui ne donne pas l’impression d’être exactement la même chose qu’« eau potable ». La technologie, celle de Shafdan en tout cas, est impressionnante. Le résultat semble convaincant et nous serons sans doute un jour contraints de boire de cette eau. Mais reconnaissons que l’employer pour l’agriculture tout en disant qu’elle est buvable invite au doute. Ceci dit, nous ferions bien, en France, de tirer parti de ces expériences dans l’agriculture… en attendant qu’elles gagnent les villes. »

Auteur Francis Pisani, pour Le Monde, 25 février 2016[:en]Mekorot views the promotion of wastewater treatment and effluents reuse for agricultural and industrial purposes, a national mission.
Water reclamation for agricultural purposes have three main targets:
1. Diverting more fresh water to households as a solution to the water crisis in Israel.
2. Increasing the quantity of water for agriculture while ensuring economic viability for farmers.
3. Protecting the environment by reducing the ecological damage that untreated wastewater may cause.

It is important to note:
• In Israel every year, 630 million cubic meters of effluents are reused for agriculture, constituting 75 percent of the total wastewater.
• Mekorot treats some 190 million cubic meters of wastewater per year, which constitute 35 percent of Israel’s wastewater.
• Mekorot reuses about 60 percent of the treated effluents in Israel for agricultural purposes. The effluents are of high quality and they meet all the required guidelines for unlimited irrigation of agricultural crops or any public area, without any sanitary restrictions.
• In addition to the maximum utilization of water resources for the benefit of the water sector, Mekorot’s wastewater treatment is of great importance in the field of environmental protection. This activity has positive impact on the ecological balance and reduces groundwater contamination.

 

Thanks to its extensive professional activities in the field, Mekorot is considered a world record in terms of volume and quality of water reuse. Mekorot’s high capabilities in the field, place Israel at the forefront of the western countries in managing technologies for streamlining the water sector. An important example for this accomplishment is the unique “Third Pipeline to the NEGEV”, which delivers the “Shafdan” reclaimed water to the south of the country. This special system was set up by Mekorot already in the late 1980s, for the purpose of transporting wastewater treated in the Shafdan, as reclaimed water to the Negev. The effluent is recharged to the aquifer using a special technology (SAT). Mekorot pumps the reclaimed water and supplies it for agriculture in the NEGEV desert, according to the demand, enabling farmers to enjoy economic benefit as well. Another important example is the  Yarkon River Rehabilitation project, initiated by the Yarkon River Authority. In this framework, Mekorot treats the Yarkon waters and reuses them for regional gardening and agricultural purposes, cleverly using the same drop of water three times: once at home, the second time at the Yarkon and the third time in urban gardening and agriculture.
Looking ahead towards the next decade, Mekorot aims at resing all the effluent in Israel and stop the discharge of an annual amount of 100 million cubic meters of unused effluents to the environment. In order to meet this target, as well as to ensure the highest effluent quality, Mekorot Group invests considerable effort in the research and development, carried out in collaboration with leading organizations around the world.

Source mekorot[:]