Médecine de précision en oncologie : Sheba et l’Université Ben Gourion très actifs dans l’essai clinique WINTHER (WIN Consortium)
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La communauté scientifique les attendait avec impatience. Le consortium WIN vient de publier les résultats de WINTHER, première étude initiée par le consortium WIN. Le profilage génomique et transcriptomique* étend la médecine anticancéreuse de précision : l’essai WINTHER montre que le profilage de l’ARN associé aux tests d’ADN correspond à davantage de patients atteints d’un cancer avancé aux thérapies personnalisées que le profilage de l’ADN pour les mutations tumorales seules.
Le projet WINTHER (NCT01856296) avait pour objectif d’étendre l’oncologie de précision aux patients atteints de tumeurs solides avancées qui ont progressé après un traitement par des thérapies standard.
Deux équipes de recherche israéliennes ont participé à cette étude dirigées par le Dr Raanan Berger, du centre médical Sheba et le Dr Eitan Rubin, de l’université Ben Gourion du Néguev.
« Pour la première fois, l’essai clinique WINTHER a appliqué la transcriptomique (test d’expression de l’ARN) pour adapter la médecine de précision en oncologie à un plus grand nombre de patients en fonction de l’expression accrue de l’ARN dans les tumeurs par rapport aux tissus normaux », précise Vladimir Lazar, Chief Scientific and Operating Officer du WIN Consortium.
303 patients ont été inclus dans WINTHER. Parmi eux, 107 ont finalement été traités conformément aux recommandations d’un comité d’experts du cancer de cinq pays. Un quart des patients avait suivi au moins cinq protocoles de traitement. Sur les 107 patients traités, 69 ont reçu un traitement basé sur le profilage de la mutation de l’ADN et 38 sur le profilage de l’ARN. Dans l’ensemble, l’essai WINTHER a permis d’assortir un traitement personnalisé à 35% des patients atteints d’un cancer avancé.
«La stratégie utilisée dans WINTHER a abouti à une proportion plus élevée de patients traités que dans de nombreux essais de médecine de précision. Des études antérieures ont identifié des traitements potentiels pour 5% à 25% des patients sur la base du seul profil ADN. Nos résultats représentent une étape importante vers la concrétisation de la véritable promesse de la médecine de précision en oncologie», ont déclaré Richard L. Schilsky, président du consortium WIN et Médecin en chef de l’ASCO.
Dans cet essai, les patients ont d’abord été évalués pour déterminer les altérations susceptibles d’être induites dans les gènes du facteur cancérogène. Ceux qui n’étaient pas appariés à des médicaments à base d’altérations de l’ADN ont reçu un traitement adapté aux différences d’expression génique entre les tumeurs des patients et les tissus normaux, évalué à l’aide d’un algorithme breveté développé par le consortium WIN. Les comparaisons avec les tissus normaux se sont révélées essentielles en raison de l’expression très variable de l’ARN entre les patients et entre les types de tissus normaux. Les chercheurs de WINTHER ont montré que l’expression de l’ARN peut être utilisée pour élargir les options de traitement personnalisé pour les patients et que la biopsie tissulaire normale est sûre et acceptée par les patients.
Les patients qui ont reçu un traitement adapté de manière optimale à leurs altérations respectives de l’ADN ou conformes aux recommandations de l’algorithme pour un traitement guidé par ARN ont mieux répondu. Les patients avec un bon indice de performance et un degré élevé d’appariement avaient une survie globale médiane significativement plus longue de 25,8 mois par rapport à 4,5 mois pour les autres. Il existait également une corrélation entre le degré d’appariement et la survie sans progression, indépendamment du nombre de thérapies antérieures. « Ce qui est important, c’est que nos résultats montrent que les patients traités avec un médicament ou un schéma thérapeutique correspondant mieux au profil moléculaire de leur tumeur font mieux », a observé Razelle Kurzrock, co-responsable de l’essai WINTHER et directrice du Centre de traitement personnalisé du cancer UCSD Moores.
«L’évaluation de l’ARN est un complément important au profilage de l’ADN pour déterminer les traitements de précision. WINTHER marque le début d’une nouvelle ère pour la médecine personnalisée en oncologie », a conclu Josep Tabernero, vice-président du consortium WIN, directeur de VHIO et président de l’ESMO.
Winther rérunit les chercheurs de l’Institut d’oncologie du Vall de Hebron – VHIO (Espagne), du Centre médical Chaim Sheba (Israël) (Raanan Berger), de l’institut Gustave Roussy (France) (Jean-Charles Soria), Centre Léon Bérard (France) (Pierre Saintigny), du Centre du cancer Segal, Université McGill (Canada) (Wilson H. Miller), du Centre du cancer UT MD Anderson (États-Unis) (Jordi Rodon et Apostolia-Maria Tsimberidou), de l’Université de Californie à San Diego, et du Moores Cancer Center (États-Unis) (Razelle Kurzrock).
* La transcriptomique est l’étude de l’ensemble des ARN messagers produits lors du processus de transcription d’un génome. Elle repose sur la quantification systématique de ces ARNm, ce qui permet d’avoir une indication relative du taux de transcription de différents gènes dans des conditions données. Plusieurs techniques permettent d’avoir accès à cette information, en particulier celle des puces à ADN, celle de la PCR quantitative ou encore celle du séquençage systématique d’ADN complémentaires (wikipedia).
Publication dans Nature Medicine,
Traduction/adaptation : Esther Amar pour Israël Science Info
Le WIN Consortium est une organisation à but non lucratif basée à Paris, en France. Ce réseau mondial réunit des acteurs du cancer des quatre continents pour développer des concepts de pointe et des essais cliniques permettant d’améliorer la survie des patients atteints de cancer : 28 centres de cancérologie de premier plan, 8 autres sociétés pharmaceutiques et high tech et des organisations de défense des droits des patients représentent les parties prenantes de la médecine anticancéreuse de précision.
L’étude WINTHER a reçu un financement du septième programme-cadre de l’Union européenne (FP7/2007-2013 au titre de l’accord de subvention n°306125), de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer (France), de Pfizer Oncology, de Lilly France et de Novartis.
Contact : Vladimir Lazar – vladimir.lazar@winconsortium.org – +33661091522
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