Nouvelle étude : les eaux territoriales israéliennes présentent l’un des niveaux de déchets plastiques les plus élevés au monde, une part importante provient d’Egypte, de Gaza, du Liban

Zavit. Une nouvelle étude inquiétante : les eaux territoriales israéliennes présentent l’un des niveaux de déchets plastiques les plus élevés au monde ! Chaque année, des millions de tonnes de plastique finissent dans les océans du monde entier, causant des dommages écologiques durables. Idem en Méditerranée. Les sacs plastiques échoués sur les plages atteignent la mer et ils coulent au fond, engendrant des dommages écologiques et sanitaires.

Une nouvelle étude menée par l’Institut israélien de recherche marine et lacustre (IML), en collaboration avec l’Université de Haïfa, révèle des résultats alarmants : les eaux économiques d’Israël en Méditerranée sont devenues un immense réservoir de déchets plastiques, l’un des plus importants au monde. Comment Israël est-il devenu la « capitale du plastique marin » ? 

5 000 sacs par km2

L’étude a été initiée par le Dr Yael Segal, responsable de la surveillance de la mer Méditerranée à l’IML, avec la participation de l’étudiant Xing-Yu Li, qui a mené l’enquête dans le cadre de son mémoire de master sous la direction du Pr Revital Bookman, directeur du département des sciences géo-marines de l’École des sciences marines Leon Czerny de l’Université de Haïfa. « Les dommages causés par l’accumulation de plastique sur les fonds marins sont divers et vont de la contamination bactérienne à la toxicité. Le plastique favorise la colonisation de bactéries qui s’y développent et qui n’existent pas naturellement dans la mer. De plus, les colorants et autres additifs contenus dans le plastique peuvent, à terme, libérer des substances toxiques dans la mer », explique le Dr Yael Segal.

L’étude a permis de quantifier les sacs plastiques présents sur les fonds marins de la mer Méditerranée, à différentes profondeurs, de 80 à 1 300 mètres, et à des distances de 19 à 49 km des côtes israéliennes.

D’après les données recueillies, des concentrations de plastique très inhabituelles ont été constatées dans les eaux israéliennes. « Dans la plupart des endroits, on a mesuré des densités de plusieurs centaines, voire de plusieurs milliers de déchets par km2 », explique-t-elle. « À la limite du plateau continental, à environ 17 km de profondeur, on a dénombré 5 354 déchets par km2, soit l’une des densités les plus élevées jamais enregistrées en Méditerranée, et probablement dans le monde entier. À titre de comparaison, la plupart des mesures effectuées ces dernières années au large des côtes espagnoles, italiennes, grecques et turques n’ont indiqué que quelques dizaines, voire quelques centaines de déchets par kilomètre carré », précise-t-elle.

Plastiques provenant de Gaza et d’Égypte

« Plus de 90 % des déchets marins collectés dans la zone israélienne sont des sacs et emballages en plastique fin, et non de vieux engins de pêche comme on en trouve ailleurs en Méditerranée », souligne Yael Segal.

Malgré l’hypothèse selon laquelle les sacs flottent beaucoup, l’étude a révélé qu’ils s’accumulent principalement sur le fond marin, à des profondeurs de 200 à 1 000 mètres. Yael Segal explique que les vagues exercent une force qui fait rouler les sacs jusqu’au fond marin, où des grains de sable s’y infiltrent et les alourdissent. « De plus, les déchets s’accumulent sur le fond marin dans les zones plus profondes, où les courants sont plus faibles », explique-t-elle.

La flottabilité des sacs dépend également de leur composition.

« Nous avons constaté la présence d’un additif appelé carbonate de calcium, qui les fait couler », précise Yael Segal. À l’échelle nationale, ces résultats sont alarmants quant à l’utilisation des sacs plastiques à usage unique en Israël. Il convient toutefois de rappeler que les courants régionaux, notamment le courant libyo-égyptien, transportent également des déchets plastiques de Gaza et des pays voisins comme l’Égypte et le Liban vers les côtes et les eaux territoriales israéliennes. « Bien qu’Israël applique une politique relativement stricte en matière de pêche et de gestion des déchets locaux, le pays absorbe une quantité considérable de plastique provenant de ses voisins », conclut Segal.

Parmi les principaux responsables de l’accumulation de sacs plastiques en mer : les navires.

L’étude a révélé que le type de sac détermine la distance et la profondeur à laquelle il s’enfonce. « À 1 400 mètres de profondeur, nous avons constaté que les sacs proviennent des navires, ce qui signifie qu’il s’agit d’un type spécifique de sac jeté à la mer depuis les bateaux. Cette étude contribue donc à mieux comprendre qui jette des déchets en mer et peut permettre une application plus efficace et plus précise de la réglementation », explique Revital Bookman.

Le nettoyage des fonds marins est complexe, mais celui des plages et des cours d’eau est tout à fait possible.

Le Dr Segal explique que le nettoyage des plages et des cours d’eau réduit les dégâts, car les sacs ne sont pas emportés par les vagues. Revital Bookman souligne que la quantité de sacs rejetés par la mer depuis les plages démontre que la solution consistant à faire payer les sacs à usage unique au supermarché est insuffisante. L’utilisation de sacs réutilisables est nécessaire, et une réglementation plus stricte pourrait s’avérer indispensable.

« Il en va de même pour la composition des sacs plastiques : cette question doit être abordée sous l’angle de la production », conclut-elle. L’étude souligne l’importance de comprendre les mécanismes d’accumulation du plastique au fond des océans, non seulement en Israël, mais dans le monde entier. Si la majeure partie du plastique finit par couler au fond de la mer, elle devient une source de pollution continue qui menace des écosystèmes uniques, la pêche et notre propre santé.

Traduction adaptation Esther Amar pour Israël Science Info

Source Agence Zavit