Tortues de mer : l'action de la Société Protectrice de la Nature en Israël (SPNI) pour les protéger
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Si vous étiez une créature vivant en mer, choisiriez-vous de vous couvrir d’une lourde armure, de devoir remonter à la surface toutes les quelques minutes pour respirer, et de déposer vos œufs dans un nid que vous construiriez sur le rivage ? Probablement pas, mais c’est ainsi que vivent les tortues de mer.
Ces créatures merveilleuses ont naturellement des vies difficiles, mais l’impact des activités humaines sur leur écosystème et leur habitat diminue fortement leurs chances de survie et de se développer.
Il est de notoriété publique que les reptiles ont évolué à partir des amphibiens, qui eux-mêmes, avaient évolué à partir de poissons. A un moment de l’évolution des tortues de mer, qui sont des reptiles, elles ont « régressé » et sont revenues à la mer, tout en conservant leurs attributs de reptiles, ce qui rend difficile leur vie marine. Elles doivent respirer de l’air, sont enfermées dans une lourde armure et leurs œufs doivent compléter leur cycle reproducteur au contact de l’air.
Les tortues de mer passent leur vie entière dans la mer. Les mâles y restent en permanence, alors que les femelles retournent à terre quand elles deviennent matures sexuellement (vers 10 ans), pour y pondre leurs œufs, à proximité de là où elles mêmes sont écloses.
Durant la saison de reproduction, au printemps pour celles qui vivent en Méditerranée, les mâles s’approchent des eaux peu profondes pour s’accoupler, et les femelles viennent pondre sur le rivage la nuit. C’est un processus très délicat pour elles et il leur est impossible de pondre sur la plage si elles sont gênées par des constructions, par le bruit, la lumière où des activités humaines. Il est donc important pour la survie de l’espèce de garder les plages de ponte accessibles, propres et sombres.
Durant le processus de ponte, les femelles creusent un puits dans le sable, y déposent des douzaines d’œufs, les recouvrent de sable et retournent en mer. Environ deux mois plus tard, les œufs éclosent, usuellement la nuit, et les nouveau-nés se dépêchent vers la mer par un chemin parsemé d’embuches, cherchant à éviter aussi bien les prédateurs comme les renards, corbeaux et crabes, ou les gens pratiquant une activité de loisir.
Ces nouveau-nés sont “programmés” pour se diriger vers la zone la plus lumineuse de l’horizon, qui est normalement la réflexion de la lune et des étoiles sur la mer. Mais, dans les zones côtières éclairées, comme celles qui sont longées par des promenades, routes ou immeubles, ils sont trompés par les multiples sources de lumière et se tournent vers l’est, vers la terre, et meurent souvent sans jamais atteindre la mer.
Même si ces jeunes tortues réussissent à atteindre l’eau en sécurité, de nouveaux dangers les menacent
• Elles deviennent des proies (pour les oiseaux marins ou des poissons).
• Elles courent le risque d’être blessées par des bateaux lorsqu’elles remontent respirer en surface.
• C’est une espèce protégée et leur pêche est strictement interdite, mais elles peuvent être blessées par des équipements de pêche. On estime que 3000 d’entre elles environ sont ainsi prises dans des filets ou par les hameçons de pêche chaque année au large des côtes d’Israël.
• Certaines sont blessées par les activités d’exploration pétrolière et gazière en mer qui se servent souvent de sonars à haute fréquence émettant des ondes de choc vers le fond de la mer, blessant bien des tortues. Les activités militaires au large de Gaza requièrent parfois l’usage d’explosifs qui provoquent les mêmes ondes de choc.
• Le rejet en mer d’ordures les met aussi en danger, en particulier les sacs plastiques qu’elles mangent, les prenant pour des méduses qui font partie de leur régime alimentaire normal.
Le résultat de tout cela est que le taux de survie des tortues de mer à l’âge de la maturité sexuelle est à peine de 1 sur 1000.
Que fait la SPNI pour protéger les tortues de mer ?
1. La SPNI mène une forte campagne de lobbying pour faire inclure dans les réserves naturelles marines protégées tout l’écosystème marin, y compris les zones de vie et de reproduction des tortues de mer.
2. L’ application Sea Watch pour smartphone a été développée par la SPNI pour permettre au public de participer directement à l’amélioration de l’état écologique de toute la côte méditerranéenne en envoyant des comptes-rendus en temps réel aux spécialistes de la SPNI sur toute une série d’incidents et de dangers environnementaux marins.
3. Un des résultats obtenus par la campagne de la SPNI est un nouveau règlement de la pêche qui devrait réduire la mortalité des tortues de mer en interdisant l’usage de chaluts de fond dans les eaux peu profondes, et celui des chaluts dans la zone nord de la Méditerranée et en interdisant toute pêche pendant la période de printemps, période de reproduction et de ponte des tortues de mer.
Nous continuons à demander la mise en œuvre complète de toutes les mesures recommandées par le rapport d’étude, à savoir :
• Désarmement de toute la flotte de chalutiers de fond, en indemnisant correctement les pêcheurs.
• Remplacement des hameçons habituellement utilisés par des hameçons arrondis qui ne pénètrent pas dans l’estomac des tortues.
• Adoption de nouvelles normes pour les activités militaires et d’exploration gazière ou pétrolière off-shore afin de réduire leur impact négatif sur les tortues de mer.
4. La SPNI exerce une pression afin de protéger les plages et les rendre accueillantes pour les tortues avec les mesures suivantes :
• Laisser sombres les côtes, le long des plages de sable, et utiliser des sources de lumière ne causant pas de pollution lumineuse.
• Maintenir des activités de loisirs respectueuses des tortues, en interdisant tout véhicule sur la plage, en localisant les activités de loisir bruyantes sur certaines plages publiques et en protégeant d’autres plages contre le bruit et la lumière.
5. La SPNI travaille sur plusieurs fronts afin d’éduquer le public et l’inciter à maintenir propre l’environnement marin, et elle conduit divers projets pour le protéger en collaboration avec Tsahal et l’INPA (l’Office national des parcs nationaux et réserves naturelles) dans le cadre de l’initiative pour la Nature des Forces de Défense d’Israël.
Auteur : Alon Rothschild, Directeur de la SPNI pour la Biodiversité
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