La révolution de l’énergie en Israël (article 2), par Ezra Banoun, expert en énergies renouvelables
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Ezra Banoun, expert en énergies renouvelables et membre du comité scientifique de Israël Science Info, retrace ici l’histoire de l’énergie en Israël et montre les perspectives qu’apporte l’innovation.
A la fin du XXème siècle, la Compagnie Electrique d’Israël (CIE) disposait du monopole de la production de l’électricité, ce qui constituait un frein à l’innovation, à l’adaptation à des énergies renouvelables et à la réduction du prix du KW facturé (0.12 € hors TVA ).
La révolution réalisée dans le domaine de l’eau au début du XXIème siècle avec le lancement de concours internationaux pour construire et exploiter des centrales gigantesques de dessalement d’eau a permis de remettre en cause le monopole de deux sociétés publiques Mekorot pour la production d’eau douce et de la CIE pour la production de l’électricité de ces centrales.
La production d’électricité en Israël est concentrée dans de très grandes centrales avec des capacités de plusieurs centaines de MW (un mégawatt =1 million de watt= 1000 KW) chacune.
Ces unités sont localisées sur la côte méditerranéenne. Cette concentration impose une infrastructure de transport longue, coûteuse tant au niveau de sa réalisation que de son exploitation entraînant des gaspillages d’énergie et un manque de souplesse au développement. Le transport de l’électricité se fait à haute tension pour limiter les pertes d’énergie alors que son exploitation par la plus grande partie des consommateurs à basse tension d’où la nécessité d’installations de transformation. On sait que les ‘’pertes en ligne’’ par suite du transport peuvent atteindre de 8 à 15%.
Beaucoup de pays en Afrique et en Asie ne parviennent pas supporter le coût du raccordement d’une partie relativement importante de la population condamnée à l’éclairage aux bougies.
Israël a entrepris à partir du XXIème ‘’une révolution de l’énergie’’ avec pour objectifs :
1. Retrait du monopole de la production à la CIE
2. Transition massive au gaz naturel de toute l’économie
3. Production des centrales nouvelles à proximité des consommateurs
4. Réduction progressive du prix du KW à 0.10 € (hors TVA).
5. Transition au gaz naturel et à l’électricité des véhicules
6. Tests des solutions éprouvées d’énergies renouvelables.
A noter que l’obtention du 5èmeobjectif ne dépend pas exclusivement des décisions des Autorités mais suppose des développements technologiques.
Où en sommes-nous en 2018 ?
1-Monopole de la CIE : ce monopole a été supprimé progressivement grâce à des pressions continuelles exercées sur la CIE durant 22 ans. Déjà, 27,5% de la production d’électricité est effectuée par d’autres sociétés que la CIE (source wikipedia).
2-Transition massive au gaz naturel :à fin février 2018, 54% de la production d’électricité était produite à partir du gaz naturel. Jusqu’ à 2022,100% de la production d’électricité en Israël se fera au gaz (source calcalist). Toutes les entreprises utilisant du charbon ou des dérivés du pétrole pour leur énergie passeront aussi au gaz jusqu’à cette date. Pour atteindre cet objectif une infrastructure de distribution du gaz naturel sur tout le territoire est en cours de réalisation.
3- Production des centrales nouvelles à proximité des consommateurs : les 38 centrales au gaz naturel avaient déjà en 2015 une capacité moyenne de 182 MW et étaient dispersées dans tout le territoire (source Israel Valley).
4. Réduction progressive du prix du KW à 0.10 € (hors TVA) : le prix de l’électricité baissera au cours de l’année 2018 de 15% puis de 20% en 2020 (source Israel Valley) il devrait atteindre 0.08€ hors TVA).
5-«Le transport en Israël sera basé sur le gaz naturel ou l’électricité », a déclaré le ministre de l’Energie Yuval Steinitz à Tel Aviv le 27/02/18 (source thetimesofisrael). A partir de 2030, Israël n’autorisera plus l’importation de voitures fonctionnant à l’essence et au diesel.
Le ‘’gaz naturel véhicule’’ (GNV) permet de réduire de façon sensible la pollution de l’air des villes provoquée par l’utilisation des moteurs à essence :93% des particules fines, 52% des oxydes d’azote et 23% de gaz carbonique. Cette réduction aura une influence positive sur la santé.
En 2015, les Autorités d’ Israël ont signé un accord avec 3 constructeurs Fiat-Chrysler, Iveco (camions et autobus) et Magnetti Marelli (équipements de sécurité pour véhicules) ; cet ’accord prévoit une coopération élargie impliquant des entreprises israéliennes dans le domaine de la R&D.
IVECO vient de livrer son premier véhicule GNV au groupe israélien Fridenson qui exploite une flotte de quelques 140 camions.
Israël aide à l’investissement pour les stations de carburant GNV et subventionne le remplacement des bus diesel existants par des bus GNV.
En parallèle Israël souhaite développer l’utilisation de véhicules électriques. La compagnie israélienne ElectReon a développé une technique permettant aux véhicules électriques de se recharger en roulant (source The Times of Israel).
Un câble de cuivre posé dans l’asphalte et relié à un transformateur au bord de la chaussée permet le rechargement des véhicules en train de rouler via un dispositif sans fil. Les autobus, par exemple, seraient encore en mesure de rouler sur cinq kilomètres après avoir quitté la chaussée électrique. La nouvelle technique a été testée avec succès dans le nord de Tel-Aviv.
ElectReon achève actuellement la construction d’un nouveau tronçon d’essai au nord de Netanya. Dans les mois à venir l’entreprise prévoit des tests de sa technologie sur un véhicule électrique sans batterie et des essais de recharge d’un véhicule équipé d’une petite batterie.
L’objectif n’est en effet pas d’éliminer complètement la batterie des véhicules électriques, mais bien de réduire leur capacité et leur poids tout en augmentant l’autonomie des véhicules et d’éviter les arrêts pour recharge sur les longues distances.
Ainsi, il ne serait pas nécessaire d’équiper toutes les routes avec le système d’induction, mais seulement certains tronçons, sur lesquels les véhicules pourraient recharger leur batterie tout en roulant.
L’alliance Renault–Nissan-Mitsubishi s’intéresse à la technologie de charge par induction dynamique. En 2017 elle avait déjà annoncé une expérimentation menée sur des Kangoo électriques en partenariat avec Qualcomm et Vedecom. Maintenant elle confirme cet intérêt par la signature d’un accord de collaboration avec ElectReon. L’alliance fournira un de ses véhicules dans lequel les Israéliens installeront leur technologie et qu’ils testeront sur la route « inductive ».
Par ailleurs le constructeur automobile allemand Audi a fait équipe avec le fournisseur de plate-forme de simulation de véhicule autonome israélien Cognata Ltd pour accélérer le développement de véhicules autonomes (source hitechglitz).
En parallèle à la transition actuelle au gaz naturel , Israel se donne les moyens pour préparer en parallèle une nouvelle transition au solaire.
A ce stade Israël a deux objectifs :
- tirer le meilleur parti des technologies éprouvées de la première génération du solaire et les tester
- multiplier les start-ups pour préparer les technologies révolutionnaires des 2éme et 3éme générations
Dans ce domaine les 4 centrales d’ASHALIM réalisées récemment dans le plateau du Néguev permettront de disposer des services suivants :
1- capacité de production électrique de 312 MW avec la possibilité de comparer concrètement 3 technologies et 4 Contractors.
2- autonomie complète 24h/24 si nécessaire
3- fonctionnement du système de stockage d’énergie en utilisant des solutions de sels dissous
4- une installation de traitement d’eau,
5- une installation de traitement des eaux usées,
6- une installation de traitement de gaz d’échappement
7- le contrôle de bassins d’évaporation.
Auteur : Ezra Banoun, expert en énergies renouvelables
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